UTOPIA : LE TRÉSOR DU ROI ➹ minsung

➹ chapitre 31

Le soleil flamboyait au zénith et baignait de sa lumière éclatante les vastes jardins du palais d'Écrin. L'hiver s'éclipsait doucement, permettant aux bourgeons de revenir timidement, porteurs de l'espoir d'éclore en de magnifiques fleurs épanouies. Le printemps se profilait à l'horizon, prêt à redonner un souffle nouveau à l'ensemble du royaume. Depuis l'attaque, Minho et Jisung se retrouvaient encore régulièrement la nuit. Malgré les investigations, aucune conclusion n'avait été tirée, mais le forgeron engagé par le souverain avait pu examiner la dague, et son verdict était tombé : cette arme n'était pas originaire d'Askaria, mais provenait d'un de leurs voisins les plus proches, Kredal. Il s'agissait d'un modèle rare, peu répandu, et pouvant valoir une fortune. Toutefois, Minho préférait garder le silence pour l'instant, faute d'informations supplémentaires. Il était possible que cette arme ait été dérobée puis revendue, ou qu'elle ait appartenu à un collectionneur. Il ne pouvait pas accuser Park Sungjin d'avoir engagé un mercenaire pour le tuer. Une telle accusation risquerait de compromettre une alliance d'une importance capitale, et ces dernières semaines, Minho préférait se faire discret.

Jihyo ne disait rien, mais il était persuadé qu'elle était au courant des détails de l'attaque. Elle se montrait souriante chaque jour qui passait mais, derrière son expression enjouée, il décelait une agitation inquiétante. Il attendait le jour où elle viendrait lui demander de rendre des comptes.

Aujourd'hui, il se promenait seul dans le jardin des roses, cherchant un peu de répit et de repos. Il regretta une fois de plus l'absence de sa mère, l'absence de ses bras réconfortants et apaisants, de ses mots empreints de bienveillance et d'amour. Il avait Jisung à ses côtés, puis il avait aussi Yoko, mais l'amour d'une mère était irremplaçable. Plongé dans ses réflexions, il entendit soudain des pas pressés derrière lui. Il se retourna et déglutit. Jihyo, son épouse, se précipitait vers lui. Elle était seule, Tzuyu n'était pas présente, elle qui s'obstinait à rester à proximité en toutes circonstances. Elle avait le visage fermé, mais marqué d'une colère impossible à ignorer. Minho sentit son cœur se soulever à chaque pas de plus dans sa direction. Elle se planta devant lui, le souffle court, et les mains fermement agrippées à sa robe.

— Minho, nous devons discuter.

Il fit un bref mouvement de tête pour acquiescer. Il savait que ce moment arriverait un jour, il ne pouvait pas y échapper. Jihyo n'était pas le genre de femme à se laisser marcher sur les pieds, après tout elle avait été élevée par le roi de Kredal, et ce dernier n'avait pas peur de se montrer franc.

— Je vous écoute.

— Comment avez-vous osé ? demanda-t-elle, les dents serrées et les yeux remplis d'une lueur de rancœur. Comment avez-vous pu me trahir et trahir la confiance de mon père ?

Minho déglutit. La conversation qui s'annonçait n'allait pas lui plaire, mais elle était nécessaire. Il s'était préparé à la vivre, et il savait qu'il tenterait de tout faire pour que la situation ne se dégrade pas davantage. Il devait se préserver, préserver Jisung, mais aussi préserver ses relations avec Kredal. Il était prêt à faire des concessions, mais pas à totalement s'annihiler pour une histoire d'alliance.

— Jihyo, puis-je savoir de quoi parlez-vous ? demanda-t-il d'une voix calme. De quoi m'accusez-vous ?

Elle eut un mouvement de recul et pouffa de rire.

— Ne vous moquez pas de moi ! J'ai absolument tout découvert, et je ne peux plus me taire. J'ai pourtant essayé. J'avais décidé de ne pas vous en parler pour le bien de nos relations et de celles que vous entretenez avec mon père, mais on m'a conseillé de vous en faire part.

Minho pencha légèrement la tête sur le côté. Qui donc avait bien pu l'influencer et l'inciter à oser le confronter à ses actes ? Il était on ne peut plus clair que Jihyo n'était pas venue de son propre chef. Une tierce personne était à l'origine de sa décision.