UTOPIA : LE TRÉSOR DU ROI ➹ minsung

➹ chapitre 18

Minho avait passé la matinée à s'occuper des préparatifs pour le festival des roses bleues. Plusieurs artisans renommés étaient venus au palais d'Écrin afin de lui proposer leurs services, les rendez-vous s'étaient enchaînés et l'événement allait sans aucun doute être encore plus mémorable que les années précédentes. Depuis que l'ancien roi était mort et que Minho avait pris place sur le trône, il avait instauré cette coutume pour rendre le plus beau des hommages à sa mère. Auparavant, il se contentait d'aller se recueillir sur sa tombe pour son anniversaire, il y déposait quelques roses et y restait une bonne partie de la journée. Il pleurait énormément devant la sépulture, le chagrin qui le submergeait était toujours aussi intense.

Aujourd'hui, il avait réussi à atténuer cette peine. Organiser un festival pour sa mère l'avait libéré d'un poids. Il avait fait de ce jour un instant jovial, où il honorait sa mémoire et montrait à tous ô combien elle avait été une personne importante. Il voulait que jamais personne ne l'oublie, pas comme son père qui n'avait jamais pleuré sa mort, qui n'avait plus jamais parlé d'elle après sa disparition. Minho s'était chargé de la faire vivre, et il souhaitait qu'elle traverse les âges. Il apprendrait à tous qui avait été la reine Hyesoo d'Askaria, une femme qui avait sacrifié sa vie pour sauver son royaume natal, pour éviter une guerre sanglante et barbare. Elle s'était donnée à un homme qui ne l'avait jamais aimée, qui l'avait traitée comme si elle n'était qu'une pauvre femme sans intérêt. Il avait été odieux avec elle, comme il avait été odieux avec son fils.

Minho n'avait jamais eu une vie de famille normale, avec deux parents soudés et qui l'aimaient plus que tout au monde. Sa mère l'avait choyé tandis que son père l'avait seulement entraîné à devenir roi. Parfois, il avait eu envie de disparaître, ou de ne jamais naître. Il ne comprenait d'ailleurs pas comment il était arrivé sur cette terre après toutes les épreuves que sa mère avait endurées pour mener une grossesse jusqu'au bout. Il avait appris qu'avant sa naissance ses parents avaient tenté d'avoir des enfants, en vain. On disait que la reine n'était pas capable d'accoucher d'autre chose que de monstres, des bébés difformes qui n'étaient pas viables, qui mourraient dans les minutes qui suivaient leur rencontre avec le monde. Il ignorait combien étaient nés avant lui, mais il savait qu'un seul avait été conçu après, et qu'il avait été celui de trop. Celui qui avait emporté sa mère dans l'au-delà.

Lui, il était un miraculé, le seul et unique enfant du roi, et il se demandait pourquoi ce dernier ne l'avait pas davantage aimé.

— Tout va bien, Majesté ?

Allongé sur son lit, il tourna la tête vers la droite. Après avoir laissé un soupir quitter sa bouche, il acquiesça. Il tendit une main pour rejoindre celle de Jisung, le contact les fit frémir aussitôt. Ils échangèrent un sourire, puis pivotèrent l'un vers l'autre pour se faire face. Une main soutenant sa tête, Minho ferma les yeux lorsque les doigts de son Trésor vinrent caresser sa joue.

— Comment ne pourrais-je pas aller bien ? murmura-t-il.

— Vous avez l'air préoccupé.

Il secoua la tête de gauche à droite.

— Ne t'en fais pas, j'ai énormément de choses à penser en ce moment. Mais je vais bien, parce que tu es avec moi.

Jisung gloussa, les pommettes rougies par la timidité qui le rattrapait encore parfois. Il se sentait bien aux côtés de Minho. Il s'était très vite habitué à lui et à leurs moments tous les deux, mais il ne parvenait pas toujours à réfréner cet embarras qui s'éprenait de lui lorsqu'il lui faisait des compliments. Il était flatté de savoir qu'il était important pour lui, qu'il appréciait sa présence, et il lui arrivait aussi de ressentir une certaine gêne. Il réalisait sans réaliser. Il était encore dans une sorte de rêve agréable, persuadé qu'il prendrait fin tôt ou tard. Mais il s'efforçait de ne rien laisser paraître devant le roi pour ne pas l'inquiéter plus que de raison. Minho n'avait pas que ça à gérer.