Chapitre 9

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| Vendredi 14 Mai |


Sa voix grave et singulière me donne des bouffées de chaleur pendant que j'attrape mon verre en pivotant sur mes talons pour lui faire face.

– Bonsoir boss, gazouillé-je en insistant sur le mot « boss ».

– Arrête de m'appeler comme ça, en dehors du cabinet je ne suis pas ton supérieur Anna, me glisse-t-il, narquois.

La paille greffée aux lèvres, je glousse de rire en inspirant malicieusement le liquide transparent alors qu'il reste imperturbable en humant mon verre.

– Ne bois pas ça, m'ordonne-t-il en m'ôtant le verre des mains. Tu mérites mieux que ça pour ton anniversaire.

Aussi surprise que désarçonnée, je le laisse faire en l'observant reposer mon verre sur le comptoir.

Faisant signe au serveur, il lui adresse plusieurs gestes de la main et l'homme de l'autre côté du bar s'active immédiatement à préparer un nouveau verre.

– Alors c'est ici que tu ramènes toutes tes conquêtes avant de les dévorer toutes crues ? raillé-je.

Un petit rictus perplexe s'installe sur ses lèvres.

– Pas du tout.

– Pourtant quand tu as fait signe au barman, il avait l'air de savoir exactement ce qu'il devait te servir.


Le regard rivé au mien, j'ai l'impression qu'il n'aime pas tellement mon petit côté inquisitrice.

– Anna, je suis né ici, je connais la moitié des vrais Monégasques. L'homme qui se tient derrière le bar s'appelle Matteo, j'ai fait tout mon lycée avec lui et donc oui, il connait mes goûts.


Son histoire tient debut pensé-je en acquiesçant.

– Je ne suis pas le genre d'homme à être romantique mais je ne suis pas non plus le genre à être un queutard, me déclare-t-il. Et je te rassure, je ne ramène pas mes plans culs ici non plus.

– Ça a le mérite d'être clair, pouffé-je.

– Tout ça, c'est futile non ? me dit-il en désignant l'endroit de la main. Pourquoi faire des manières à se regarder dans le blanc des yeux quand la seule chose que l'on veut c'est baiser.

– Qu'est-ce que tu fais ici alors ?

– Je travaille à torpiller ta chaste promesse de résister à la gente masculine.

– Et tu penses réussir à me mettre à l'horizontale en m'offrant un cocktail ? persifflé-je.


Un large sourire carnassier sur les lèvres, je viens de réveiller le chasseur qui sommeillait en lui.

– Non, le verre c'est seulement pour le plaisir. Je te mettrai à l'horizontale, à la verticale ou ce que tu veux seulement quand tu me supplieras d'éteindre le feu que j'ai déclenché.


Béat par la promesse qui luit son regard, effectivement j'ai bien du feu qui coule dans mes veines et la simple idée de l'imaginer me faire jouir me fait trembler de plaisir.

Ce mec est un appel à la luxure, bordel.

Le corps tendu dans sa direction, je pourrais bien envoyer chier ma conscience et me jeter à son cou pour goûter ses lèvres.

Prête à passer outre mes convictions, je suis tirée de ma quatrième dimension quand le barman dépose nos deux verres sur le comptoir.

De nouveau sur Terre pendant qu'Enzo tend sa carte à son ami, je suis curieuse de découvrir ce qu'il a bien pu me choisir pendant que j'inhale tous les arômes du cocktail.

Don't Look Down IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant