Don't Look Down II

Chapitre 20

| Mercredi 19 Mai |

– Je le savais ! me hurle ma mère.

Elle est à peine sortie du train, que son trop-plein d'énergie et son enthousiasme à la pelle m'épuise déjà. C'est le summum quand elle me jette son magazine people au visage avant de se jeter, elle-même, sur moi.

– Ce que tu m'as manqué ma petite Snegourka ! s'exclame-t-elle en me serrant contre elle.

– Je ne peux pas en dire autant pour moi, réponds-je la respiration coupée par son étreinte.

Un sourire narquois sur les traits, elle me fait les gros yeux avant de me laisser reprendre mon souffle.

Ces deux prochains jours s'annoncent plus sportifs que prévu. Au départ, c'était toute ma petite famille qui devait venir me rendre visite pour le Grand Prix. Puis ma mère à appris que j'étais libérée de mes obligations envers le cabinet Spencer et elle s'est décidée à venir ici plus tôt que prévu, sur un coup de tête.

Moi qui pensais pouvoir passer mes journées à me détendre et à réviser tranquillement avant mes grands examens, c'est totalement loupé. Et connaissant ma matriarche, elle va vouloir visiter la principauté, en long, en large et en travers.

– Alors, tu t'es bien amusé pendant ton petit séjour à Monaco ?

Je n'aime pas son malicieux regard et je n'aime pas non plus sa voix qui trébuche sur le dernier mot. Les sourcils haussés, je secoue négligemment les épaules en attendant mon heure tandis qu'elle tapote le morceau de papier coincé sous mon bras.

– Tu sais que j'ai un nouvel hobby* ! En ce moment mon passe-temps favori c'est d'apprendre par les journaux la vie de ma fille.

– Je vois ça et je crains le pire, dis-je en empoignant le magazine de mauvaise grâce.

Il ne faut pas plus de deux secondes pour que mon cœur fasse du saut à l'élastique en voyant ma tête en une de ce malheureux tabloïd du coin. Je ne suis pas la seule à en avoir pris pour mon grade puisque Charles et sa fameuse Lola ont droit au même traitement de faveur. Je grince des dents quand je remarque que comme d'habitude, Charles passe pour un héros tandis que les femmes sont prises pour des harpies qui se battent pour une proie commune. Il s'agirait de ne surtout pas casser les codes du machisme.

Brune ou blonde, pourquoi choisir ?

Charles Leclerc prend du bon temps avant son grand prix à domicile.

Un titre putaclic. Il faut au moins ça pour attirer l'attention du lecteur. La mâchoire tendue d'agacement, je lis l'article sous le regard de ma mère qui m'analyse.

La taupe qui a vendu ses informations et ses photos n'a pas menti. Il a parfaitement retranscrit le déroulement de la soirée. Arrivé au bras d'une jeune femme brune au mythique gala du Sporting Club de Monaco ; Charles a quitté l'assemblée tout juste une heure après, au bras d'une autre jeune femme blonde .

Oui, dans l'idée c'est à peu près ça. Ce qui me dérange, c'est que je passe pour la maîtresse qui brise un gentil et mignon petit couple et je déteste déjà les suppositions que les gens feront à mon sujet.

Ce ne sont pas les photos qui accompagnent le récit qui vont jouer en ma faveur puisque là où Charles affiche un air maussade et un teint blafard avec Lola, il affiche avec un teint rayonnant et un sourire espiègle avec moi. À croire que ce n'est pas le même homme qui est arrivé au gala et qui est ressorti de chez moi.

– Dis, tu habites loin du centre-ville ? m'interrompt ma mère dans ma lecture.

– Non, j'en suis à une dizaine de minutes.