Chapitre 27

145 10 5
                                    

| Vendredi 21 Mai |


Nous nous saluons comme deux inconnus et tous les regards curieux se tournent vers nous tandis que je me sens désappointée et même un peu vexée par son attitude. Hier encore, il me dévorait du regard en jurant de me vouloir et aujourd'hui, il m'adresse une simple bise en prenant son air détaché.

Après tant d'années, je devrais être habituée à le sentir souffler le chaud comme le froid.


– Je ne pensais pas te voir supporter la concurrence ce week-end... me dit-il en tirant sur le pass aux couleurs de l'écurie Alpha Tauri qui pendouille à mon cou.

– Il me semblait que tu savais que Camilla m'avait déjà invitée et puis... comme Ilia n'avait pas de pass pour entrer... soufflé-je en jubilant intérieurement car mon indifférence ne l'aura finalement pas laissé de pierre.

– Tu t'es sacrifiée en lui donnant celui que je te destinait... finit-il ma phrase en se moquant clairement de ma mine faussement contrite.


Les bras croisés sur la poitrine, j'acquiesce en fronçant les sourcils et en sentant que l'air que je respire devient anormalement lourd. Il me jauge du regard en prenant tout son temps pour me détailler du regard et je sais qu'il sait que son comportement me contrarie.


– J'ai mes chances selon toi ? me dit-il en désignant du doigt, l'écran qui l'annonce comme étant le futur vainqueur.

– Tout le monde à l'air de dire que oui, répliqué-je sans même détourner mon regard du sien.


Je n'ai pas besoin de regarder l'écran pour savoir qu'il est le grand favori de ce grand prix à domicile, car le pays est quasiment recouvert de banderoles à son effigie.


– J'espère qu'on pourra dignement fêter ça ensemble, me dit-il en se déridant avec son air espiègle qu'il accompagne d'un clin d'œil entendu.

– Non, le coupé-je en repoussant son torse avec ma paume. Hier tu voulais m'embrasser, aujourd'hui tu me lâches une bise, sérieusement qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez toi ?


J'ai beau avoir déblatéré ma petite colère à voix basse, les regards se tournent à nouveau vers nous pendant que Charles prend un malin plaisir à me voir mes joues rougirent.

Ses yeux pétillent et ma conscience me laisse lâchement tomber quand je l'observe se mordiller la lèvre et que moi aussi, je lui mordillerais bien les lèvres.


– Tu préfèrerais que je t'attrape par le bras et qu'on s'enferme ensemble dans ma loge ?

– Tu dois avoir un égo encore plus gros que ce que je pensais pour croire que tu peux claquer des doigts pour que je tombe dans tes bras !


Ma petite attaque n'a aucun effet sur le grand sourire qui étire ses traits.


– Ok, alors faisons un petit jeu, me suggère-t-il.

– Je t'écoute, accepté-je.

– Si je gagne, je te veux toute entière.

– Rien que ça ? Et si je refuse ? pouffé-je en pinçant les lèvres.

– Si tu refuses, je respecterais ton choix.


Bonne réponse, pensé-je en lui faisant un signe de la tête.


– Et si tu perds ?

– Je ferais tout ce que tu veux pendant... une heure.

– Pendant une journée, enchéris-je.

– Une demi-journée, tranche-t-il.


Ses iris bleus me transpercent, mon imagination se met à dériver et la fine peau de son cou devient subitement très alléchante. Il sait comment manipuler mon désir et je déteste autant que j'aime cette sensation d'être sa captive.

Mes yeux vont de sa bouche qu'il continue à mordiller à son regard incendiaire en d'incessants allers-retours et il n'a presque pas d'effort à faire pour ouvrir les vannes de mon désir.


– L'accord est conclu, dis-je.

– Parfois, alors j'ai le droit de réclamer un avant-goût de tes lèvres pour me porter chance pour les qualifications ? m'annonce-t-il malicieux en tirant un coup sec sur le cordon du badge accroché à mon cou.

– Non, mais et puis quoi encore ! Pas ici et pas maintenant ! le menacé-je pour l'empêcher d'approcher plus près.


Il se met à ricaner dans sa barbe que je vois que nous sommes dans le viseur de nos deux matriarches qui doivent déjà nous imaginer mariés et entourés d'une ribambelle de marmots.


– Si je remporte les qualifs' et que je me place premier sur la grille de départ, j'estime que j'aurais largement mérité la première partie de ma récompense, me chuchote-t-il mesquin.


Prête à lui répondre que je ne répondrais pas à ses caprices, je suis coupée dans mon élan quand un homme annonce dans les haut-parleurs du motorhome qu'il est attendu dans le garage.

Le message étant passé, sa mère et ses frères s'empressent de nous rejoindre pour l'embrasser tandis qu'il me lance un dernier regard complice. Plusieurs applaudissements accompagnent son départ et dans son dos, je peux le voir croiser ses doigts en signe de porte-bonheur.

Les doigts serrés sur le rectangle en plastique de mon badge, il disparaît et je prends une grande inspiration en pivotant sur mes talons. Je croise les regards entendus et complices de nos familles en leur disant que je m'en vais rejoindre Camilla.



– – 


Dites-moi ce que vous avez pensé de ces deux derniers chapitres 🥰

Je suis désolée que le temps entre deux publications soit aussi long, mais je travaille en parallèle sur un autre projet de Noël que j'aime beaucoup et... qui me prend pas mal de temps en plus de mon travail dans la vraie vie !

 En tout cas, j'espère que l'histoire vous plait toujours, belle lecture à vous ❤️

Don't Look Down IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant