Chapitre 17

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| Samedi 15 Mai |


– Figure-toi qu'elle est convaincue que vous vous connaissez ! m'apprend Léa, elle-même stupéfaite.


Les sourcils froncés, je pouffe de rire incrédule.

Et puis quoi encore ?


– Qu'est-ce qui lui fait dire que l'on se connaît ?

– J'en sais rien, tu crois que j'allais lui demander pour lui faire la causette ?


Je glousse de rire devant l'air dégoûté de Léa tandis que Cyrielle part à la recherche de quoi se mettre quelque chose sous la dent en farfouillant dans la cuisine.


– Quelqu'un a faim ? nous demande-t-elle, le nez de mes placards.

– Quelqu'un a soif ? répliqué-je, un sourire narquois aux lèvres.


D'un commun accord, l'une s'affaire à nous remplir le ventre, l'autre continue à déblatérer sur la soirée et moi je m'occupe de régaler nos papilles d'un bon London Mule.

Toujours du gin, mais cette fois je l'adoucis avec du citron vert et une rondelle de concombre.

– Donc, reprenons. Quand tu es partie avec Charles, sa greluche a tout de suite remarqué son absence, relance Léa pour mon plus grand plaisir.

– Tu m'étonnes, elle était pendue à son bras comme une sangsue !

– Exactement. Et devine qui c'est qu'elle est venue voir ? m'interroge Léa en ricanant.

– Vous.


Je n'ai pas le temps de finir la prononciation de la monosyllabe qu'elle acquiesce.

– Comme si c'était à nous que son mec avait des comptes à rendre, ironise Léa.

– Je peux la comprendre, soufflé-je. Qui se réjouirait d'être laissé en plan par son mec ?

– Tu sais que t'es mal placée pour donner des leçons ? me menace Cyrielle en gloussant.

– Ouais parce qu'il y en a un autre qui n'a pas beaucoup aimé ta petite fugue, ajoute Léa.


Forcée d'admettre que j'ai joué mon rôle dans le merdier de ce soir, j'acquiesce en leur faveur en buvant la moitié de mon verre d'un trait tandis que mes amies dégustent mes cocktails.

– En fait, tout est parti en couille quand ton boss a commencé à te réclamer, s'exclame Léa en tapant sur le pauvre comptoir.

– Elle s'est décomposée au moment où Enzo a prononcé ton prénom, raille Cyrielle en exagérant une moue de torpeur.

– Mais comment c'est possible qu'elle me connaisse ?


Deux paires d'épaules haussées, je ne reçois en guise de réponse que des regards aussi interrogateurs que le mien.

– Tout ce que je sais, c'est qu'elle a littéralement pété un plomb en apprenant que Charles s'était barré avec toi en particulier, m'informe Léa.

– Et tu as pris cher ma pauvre ! enchérit Cyrielle.

– C'est plutôt à son mec qu'elle devrait en vouloir, me défends-je.


Les lèvres pincées, j'observe mes deux amies se lancer un regard empli d'incertitude.


– Je sais, me confirme Cyrielle.

– Alors, pourquoi c'est à moi qu'elle en veut ?

– Parce qu'elle pense que tu es une salope et une opportuniste qui en veut à son mec, me déclare Léa.


Je ne suis pas certaine de mériter autant de haine de la part d'une personne qui ne sait rien de moi et rien de mon histoire avec Charles.

– Forcément, tu nous connais... soupire Léa.

– Le ton est monté, elle a commencé à nous menacer, à nous dire qu'elle allait te retrouver et te le faire payer, débute Cyrielle.

– Puis je lui ai jeté mon verre de champagne au visage et au moment où Pierre a voulu nous séparer, elle lui a flanqué une gifle, poursuit Léa en mimant chacune de ses descriptions gestuelles.


Les yeux exorbités de surprise, c'est malgré moi que je me mets à ricasser en imaginant la scène.

J'imagine le pauvre Pierre, subissant la colère d'une nana qui n'est pas la sienne, le tout au milieu d'un combat de poulettes.


– Cette nana est vraiment timbrée, persiflé-je.

– Clairement. Du coup après ça elle s'est fait foutre à la porte par la sécu, conclut Léa en sirotant son gin.

– Et devine qui s'est porté volontaire pour reconduire la mégère ? minaude Cyrielle, malicieuse.

– Qui ?

– Enzo ! me répond-elle, exaltée.

– Non ! lâché-je totalement stupéfaite.

– Mais si ! me confirme-t-elles de chœur.


Un éclat de rire général retentit dans mon petit appartement et plus je continue de m'imaginer le sketch et plus mon rire s'emballe en me donnant de vilaines crampes aux abdominaux et aux zygomatiques.

Je n'ose pas m'imaginer à quel point Enzo a dû me maudire ce soir.

Déjà qu'il m'a rendu une fière chandelle en faisant passer Léa et Cyrielle à l'œil, ma raillerie devient nerveuse en pensant qu'il a dû finir sa soirée avec une espèce de folle dingue hystérique.


– Cette soirée restera dans les annales ! s'extasie Cyrielle.

– J'espère au moins que ce cirque aura servi tes intérêts, me daube Léa avec un regard entendu.


Exaspérée d'être toujours dans le viseur de mes deux fouines d'amies, je termine d'un trait la moitié restante de mon verre en dressant mon majeur dans leur direction.




C'était le dernier chapitre d'une longue série avant de revenir en arrière et de découvrir la suite des flashbacks entre Anne et Charles.

Bonne lecture à vous 💕
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