Chapitre 30

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| Vendredi 21 Mai |


J'ai tout juste le temps de taper le code de la porte d'entrée de mon immeuble qu'une fine pluie se met à tomber pour refroidir cette  journée.

Je grimpe les trois étages qui me séparent de mon appartement en rêvant de me laisser tomber en arrière dans le petit canapé. C'est une fois chose faite, que mon regard se perd en direction de ma fenêtre qui est grande ouverte, mes paupières se ferment et je laisse mes muscles se détendre après mes montagnes russes d'émotions.

Un coup de soleil puis une douche froide.

C'est ce que j'ai eu la sensation de vivre aujourd'hui en gravitant autour de Charles, d'Enzo et la reine des pestes, Lola.

L'un est accessible sans l'être vraiment et même s'il me laisse penser qu'il pourrait bien me vouloir, je le connais trop bien pour savoir qu'avec Charles, rien n'est jamais définitif. Avec lui, tout est toujours relatif et des désillusions, il m'en a assez donné pour savoir qu'il peut vite changer d'avis.

Puis, il y a l'autre partie. Enzo qui vient d'un monde radicalement différent du mien et qui m'inquiète, car je sens que mes sentiments à son égard grandissent de jour en jour et un de mes plus gros problèmes c'est que j'aime de plus en plus la force tranquille qu'il dégage.

Je me sens comme en équilibre sur une corde raide avec le grand vide sous mes pieds. J'ai aussi peur de me brûler les ailes avec Enzo que j'ai peur que Charles m'abandonne à nouveau et je me retrouve déchirée entre la raison, la passion, la peur et l'excitation.

Un sacré cocktail molotov.

Même si cette pensée me laisse perplexe, je n'ai pas assez d'énergie pour y réfléchir davantage.

Mon attention dévie sur mon téléphone qui se met à vibrer lorsqu'une vague de messages déferlent sur mon écran. Il y a d'un côté, ma mère qui m'informe qu'elle et papa passent la soirée avec Pascale, la mère de Charles. Il y a mon frère qui me propose de le rejoindre au bar, lui et ses nouveaux meilleurs amis, les frères Leclerc. Et puis il y a Léa et Cyrielle qui cherchent de la compagnie pour fêter leur arrivée à Monaco.

Et moi dans tout ça ? il n'y a rien qui me donne envie de quitter mon nid.

Épuisée par cette journée, mes amies s'impatientent de ne pas me voir répondre. Je débute des ébauches de messages que je ne termine pas. Les seuls messages auxquels je voudrais répondre sont ceux d'Enzo ou Charles et à mon grand malheur, aucun des deux ne s'est manifesté.

Je me sens seule et cette solitude fait naître dans mon for intérieur un sentiment contradictoire. Un étrange mélange d'appréhension et d'impatience. Une partie de moi voudrait de l'action, sentir la passion couler dans mes veines alors qu'une autre partie apprécie la sécurité de ne pas m'autoriser à perdre le contrôle.

Mon téléphone se remet à vibrer et je ne me donne pas la peine de répondre aux messages d'Ilia qui m'ordonnent de le rejoindre au lieu de rester seule à déprimer.

 Petit con, grincé-je tandis que mon ventre sonne creux. Il faut dire que la vodka, ça coupe la faim, mais ça ne nourrit pas des masses. C'est avec toute la nonchalance du monde que je quitte mon canapé avec l'intention d'assouvir ma faim.

Repas de chef ce soir.

Des pâtes.

Avec de la sauce tomate.

De la sauce tomate en boîte.

Une grande casserole remplie d'eau, je me mets à trifouiller mes placards pour partir à la recherche d'un paquet de pâtes. Tagliatelles, pennes, spaghettis, une vraie cuisine d'étudiante, j'ai l'embarras du choix.

Don't Look Down IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant