Chapitre 11

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| Samedi 15 Mai |

Apprêtée comme je ne l'ai jamais été auparavant, je m'époustoufle moi-même d'être capable d'être aussi élégante pour me rendre à ce fameux gala donné en l'honneur de l'univers de la F1.

Suivant les instructions d'Enzo à la lettre, nous sommes prêtes à 19h pile.

Ponctuel, il est dans ma rue à 19h01. À 19h03, c'est perchée sur une paire de talons que j'arrive en bas de mon petit immeuble en découvrant la Porsche rutilante contre laquelle mon cavalier est appuyé.

Dire que je suis étonnée qu'il conduise ce type de véhicule serait un euphémisme.

Suivi d'une berline, il nous explique brièvement que Léa et Cyrielle prendront cette voiture là tandis que je l'accompagnerai dans sa petite sportive.

Mes amies ne sourcillent pas pour se glisser dans la seconde voiture tandis que je m'étonne lorsque mon hôte se donne la peine de m'ouvrir la porte sous son regard qui prend tout son temps pour me détailler de la tête aux pieds.

– Tu es somptueuse Anna.

Je me retiens d'afficher un trop grand sourire.


– Tu n'es pas mal non plus, minaudé-je.


Il a beau rester de marbre, ses yeux trahissent le sourire qu'il tente de dissimuler.

Installé derrière le volant de sa sportive, je reste silencieuse pendant qu'il conduit un peu trop vite à mon goût dans les rues de sa ville natale.

– Tu es une étrange créature Anna Barrière, finit-il par me lâcher, narquois.

– Une étrange créature ? m'étonné-je.


Il acquiesce en affichant un sourire satisfait.


– Et pourquoi donc ? éludé-je.

– Parce que je pensais vraiment que tu finirais par craquer et par te pointer chez moi.


Rien que ça... pensé-je.

– Je suis une grande fille, capable de se contenter, lâché-je avec un brin d'insolente.

– C'est dommage que tu veuilles jouer la partie seule.


Bordel. Il n'a pas tort.

Le timbre de sa voix est si lascive que j'ai la sensation de me liquéfier sur le siège de sa petite Porsche pendant qu'il quitte la route des yeux pour me scruter avec une intensité de tous les diables.

Moi qui pensais être capable de jouer le rôle du prédateur et de le rendre fou, je me rends compte que je ne possède ni son magnétisme ni son charisme et à choisir, je préfère encore être sa proie quitte à être au centre de ses préoccupations.

Arrivés au Sporting Club avec un léger retard, je m'étonne en découvrant que l'endroit est un impressionnant et exubérant palace. Une fois l'immense portail en fer forgé dépassé, nous sommes réceptionnés par plusieurs élégants voituriers.

Deux d'entre eux s'occupent des voitures tandis que les deux autres s'assurent qu'Enzo montre bien patte blanche. Légèrement à l'écart, j'ai l'impression que les hommes parlementent entre eux et ce n'est qu'après plusieurs minutes d'attente qu'ils finissent par nous concéder l'entrée.

Une entrée à quatre.

Autorisés à pénétrer dans l'antre du palace, j'ai bien du mal à dissimuler ma joie en adressant une œillade complice à mes deux amies qui se retiennent de trépigner. Néanmoins, mon euphorie est de courte durée lorsque je me rappelle que je suis ici pour le travail.

Don't Look Down IIOù les histoires vivent. Découvrez maintenant