Chapitre 43 : La Rose et le Prédateur.

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- BIANCA -

Je me levai aux aurores, vacillant à causes de légers vertiges. Malgré mon mal de tête, le premier instinct qui guida mon réveil fut cette envie impérieuse de prendre une douche. Hier, accablée par la fatigue physique et émotionnelle, je m'étais endormie sale dans les draps propres que j'avais souillé de sang de crasse et de sueur. La plaie à mon bras me piquait, ma tête était douloureuse. Le sang avait séché, s'agglomérant en une croute collé à mon cuir chevelu. Dans la salle de bain, mon premier réflexe fut de me regarder le miroir. Dire que ce fut un véritable choc serait un euphémisme. Ma peau autrefois blanche et laiteuse était brunie et tachés de noir. Mes yeux hagards étaient rouges et boursouflés d'avoir tant pleurés. Je ressemblais à une folle échappée d'un asile avec mes cheveux en bataille, et l'imposante tache de sang en haut de mon crâne. J'avais l'air affaiblie : les épaules en dedans, le dos courbé : ça trahissait une réelle fatigue émotionnelle et physique, et s'opposait drastiquement avec le maintient fier et noble que j'arborais d'habitude. J'avais l'air dépossédé de moi même, abattu. J'ai vécu tellement de choses en quelques heures, que j'ai l'impression d'avoir vécu une vie entière. Mais une vie horrible, faite de souffrance.

En quelques heures, j'avais affronté : l'échec de mon évasion avec une balle dans le bras, une opération, j'ai assisté à la torture et au meurtre de sang froid d'hommse valeureux, la trahison de l'un d'eux, un dilemme moral imposé par Angelo, un coup de cross sur la tête. Et pour finir en beauté la capture de ma tante pendant que je croupissais dans une armoire à l'obscurité terrifiante. Alors pour toutes ces raisons, j'ai bien le droit d'être épuisé. Mais au grand jamais je n'arrêterais de me battre, pas tant qu'il y aura de l'espoir. Et j'attends de pied ferme la venue d'Angelo qui est censé m'annoncer sa décision. Je dois m'y préparer. Je ne dois pas me laisser abattre, je dois me relever. La première étape c'est de faire disparaître de mon corps tout ce qui témoigne de mon traumatisme : le sang, la saleté, la puanteur. Je me glisse dans la douche, et tremble sur mes jambes qui m'ont l'air d'être en coton. L'eau bouillante, salvatrice, coule abondamment sur ma peau et semble la purifier. Elle semble venir à bout de toute cette peur, cette peine, ce chagrin.

Avec précaution, je nettoie la plaie sur ma tête avec un peu d'eau que je recueille au creux de mes mains. Je frotte doucement le long filet de sang qui a coulé sur mon front, avant de m'attaquer à mon bras gauche. Contournant les points de suture, je m'occupe uniquement du contour, où ma peau est recouverte d'un mélange de sang et de pue séché. Avec une éponge imbibé sa savon, ma peau retrouve son éclat et sa texture originelle. Pour mes cheveux emmêlés, c'est plus délicat. Mon crâne est sensible, mais je parviens à les démêler. Mais à force de produits et de patience, ma chevelure retrouve elle aussi sa brillance naturelle, cette couleur châtain chocolat que j'aime tant. Propre, Je m'assoie sous le jet d'eau brulant, les yeux perdus dans le vague qui regardent à travers la vitre de la douche. Je me prélasse encore quelques minutes sous la douche, pour échapper à la dure réalité qui m'attend dehors et qui me rattrape, plus vite que je le voudrais. Deux coups frappés à la porte. Et je sais que ce n'est pas Francesca.

- BIANCA ? La voix rauque et puissante d'Angelo traverse la porte résonne jusque dans mes os.

La porte, je ne l'ai pas fermée à clef. Je n'ai pas le temps de répondre qu'il abaisse doucement la poignet. Les jambes collés contre mon torse, les bras entourant, je suis recroquevillée par terre, cachant dans cette position ma nudité. A travers la vitre légèrement embuée de la douche, Angelo, debout devant la porte qu'il referme vivement derrière lui, me fixe. Nos regards sont incapables de se détacher l'un de l'autre. C'est indescriptible, le temps semble s'arrêter, il n'appartient qu'à nous. À ce moment là, nous sommes loin d'ici : je ne suis pas la fille du parrain Genovese, il ne travaille pas pour le parrain Castellano.

Amour et VendettaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant