Chapitre 46 : Prendre le taureau par les cornes.

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- BIANCA -


Quelques minutes plus tard à peine, Angelo ouvre à une dame aux traits doux que je ne connais pas. Grande mince, une silhouette élancée qui s'avance gracieusement vers moi, et me regarde de ses yeux marrons rassurants. Son visage féminin porte toute fois un menton volontaire plus viril, ce qui lui donne du caractère. Sa peau dorée est lumineuse, et son front, dégagé par un chignon sévère, porte une légère ride d'expression. Sans aucune cérémonie, elle pose le plateau sur le bureau et repart sans un bruit. De toute mes forces, je dissimule tout mouvement précipité, qui pourrait me trahir. Doucement, je me penche pour voir le contenu de l'assiette, une salade de pâte. Bingo.

- Angelo, je me sens faible.

- C'est normal Bianca, souffle-t-il d'un air exaspéré. Le médecin nous l'avait dit.

- Justement, je crois savoir pourquoi... Je mange peu de protéines ici, majoritairement des légumes des fruits et des féculents. Mon corps n'est pas habitué à ce régime alimentaire, donc je pense faire des carences en fer.

- Et...?

- Peut-être que manger de la viande rouge me ferait du bien ?

- Tu te crois au restaurant ou quoi ?

- Désolée, je pensais que ça pourrait m'aider à me remettre sur pied plus vite...

- Bon bah, tant qu'on y est c'est à la carte hein ! Alors tu veux manger quoi exactement ? demande-t-il l'air rieur.

- Je pensais à de l'entrecôte.

- Je te demande pas la cuisson, parce que c'est criminel de la manger autrement que saignant. Bon, la femme de ménage t'apportera ton plat. Je laisse la porte ouverte parce que vu ton état tu ne peux pas aller bien loin, mais n'oublies pas que la porte en face de la tienne, c'est ma chambre, et que je serais dedans, me rappelle-t-il avec sarcasme.

- D'accord, merci beaucoup.

Il donne les consignes en italien à cette nouvelle dame de chambre et les deux quittent la pièce le pas pressé. Quelques minutes plus tard, en suivant à la lettre le protocole précédent, la femme s'avance pour poser le plateau sur le bureau. Avant qu'elle n'ait le temps de le poser, je l'interpelle doucement en remarquant que l'objet tant désiré n'y est pas :

- Madame, avec mon bras, ce serait très dur d'essayer de manger la viande sans couteau. Pourriez vous m'en apporter qui coupe bien un s'il vous plaît ? Je ne voudrais pas trop m'acharner dessus, dis-je en rigolant légèrement pour détendre l'atmosphère.

Comme je l'imaginais, elle viendrait surement sans couteau. Mais avec mon bras et mes yeux de chiens battus, j'espérais la faire plier. Au départ, à son expression méfiante, je pense que ce n'est pas gagné. Mais à coup de sourires sincères et d'une posture qui met en valeur mon bras et qui inspire la pitié, elle cède.

- Oui, bien sûr.

Le plateau toujours dans les mains, elle part pour revenir quelques minutes plus tard, et mon assiette à l'aspect succulent est bien encadrée de deux couverts : une fourchette et un couteau aiguisé. Parfait. Sans rien laisser paraître, je lui accorde un sourire reconnaissant et me met à mon bureau, regardant discrètement par dessus mon épaule lorsqu'elle sort de la pièce. Un couteau, un vrai couteau de boucher, enfin ! Et bien-sûr je ne compte pas le rendre. Je mange mon plat, malgré la cuisson particulière de la viande auquel je n'ai pas l'habitude mais qui est plus que délicieuse. Puis j'attends.

J'attends qu'elle repasse, sagement l'attendant devant la porte. Le plateau est désordonné, rempli de déchets et de mouchoir que j'ai dispersé exprès pour lui donner cette aspect de fouillis. Lorsqu'elle se présente enfin à la porte, je m'y précipite et ne la laisse pas entrer. Je lui jette le plateau dans les mains, sans lui laisser le temps de l'inspecter et d'y réfléchir deux fois. Sous le coup de la surprise, elle l'attrape puis je lui ferme la porte au nez, sans qu'elle puisse demander son reste. Et lorsque j'entends directement ses pas dans le couloirs, je sais que mon plan a fonctionné. Miracle. Le couteau, quant à lui, est bien cachée sous mon matelas, et n'y bougera, jusqu'à la dernière phase de mon plan, où il jouera un rôle majeur. Au dernier moment, je le cacherais sous la couette au bout du lit pour m'en saisir. D'ici là, je jubile.

Amour et VendettaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant