Chapitre 70 : Les dernières heures

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J'espère que vous allez aimer ce chapitre, j'ai hâte d'avoir votre avis. N'oubliez pas de voter et de commenter <3 on se retrouve en fin de chapitre !

-- BIANCA --

Derrière la commande en bois, près de ma fenêtre. Je me penche pour récupérer le carnet que je terre dans ma cachette. Du tiroir du meuble, je prends la stylo qui a versé autant d'encre que j'ai versé de larmes.
J'y élabore mon plan. J'écris avec rage, la bille du stylo s'enfonce si fort dans le papier qu'elle y laisse des rides. Incertaine, je m'y reprends à plusieurs fois, en fonction des scénari que j'imagine.

Je rature. Je souligne. j'entoure les mots importants. Je raye les idées que je trouve stupides ou improbables. Je tapote le stylo sur la feuille tandis que mes pensées vont et viennent. Je réfléchis, regarde le plafond, tourne en rond, pose le carnet puis le reprends. J'essaie d'écrire mon destin, d'écrire de mes dernières heures avec une certitude : je connais déjà la fin. Tant bien que mal, j'essaie de prendre le contrôle de ma vie, ou bien de ce qu'il en reste, sans pour autant changer le cours des choses. Tentative désespérée ? Idiote ? J'appellerais ça de la survie. Je n'ai jamais pu prendre de décisions par moi même. J'ai été soit ballotée d'un endroit à un autre par ma mère, soit menée à la baguette par Angelo qui a tout choisi pour moi : qu'il en soit du contenu de mes assiettes, à mon temps d'exposition journalier au soleil, jusqu'au jour où ma vie devait prendre fin. C'est sûrement illusoire, mais peut-être que par mes actes je peux maîtriser le cours des prochaines heures

A l'approche de ma fatale destinée, je prends de plus en plus conscience de ce qu'il m'attend. Naturellement, cette prise de conscience progressive, cette maladie, s'accompagne de symptômes : inquiétude, anxiété, questions existentielles sur une vie après la mort, sur le jugement divin, sur la douleur de la mort en elle même, l'incidence de ma mort sur mes proches et leur deuil de ma vie. Symptômes donc, qui se manifestent par des cauchemars, des soudaines crises de paniques, des arythmies cardiaques, des larmes chaudes et amères, des tremblements, des frissons d'effroi.

Et tout ça, tout ce que j'évoque est reporté dans mon carnet pour que tout un chacun qui pourra lire ce livre, puisse comprendre ce que je vis, ce par quoi je passe, ce à cause de quoi -et de qui- je souffre. J'ai la douloureuse pensée que si ce livre parvient à atterrir entre de bonnes mains, ces mots seront lus par les gens qui m'aiment -ou qui m'aimaient quand je ne serai plus là- et qu'il souffriront atrocement quand ils liront comment moi j'ai souffert. Ce n'est pas dans ce but, nullement, que j'écris ces lignes. Je les écris pour moi d'une part, pour extérioriser cette douleur me ronge et qui me brûle et d'autre part, pour laisser une trace de moi sur cette terre, moi qui n'ai presque pas vécu, moi qui n'ai rien accompli.

Évidemment, je souhaiterais que cette trace soit laissée à mes proches, pour qu'ils fassent vivre mon souvenir, en souhaitant que la tâche ne leur soit pas trop lourde à porter. Furtivement, la serrure se déverrouille et Stephano se faufile dans ma chambre sur la pointe des pieds. Il colle son dos contre la porte et soupire même doucement lorsque la porte est bien refermée derrière lui. La discrétion dont il a fait preuve pour entrer ne m'échappe pas, et coïncide avec l'heure plus que tardive de sa visite. On est en plein milieu de la nuit. D'autant plus qu'il n'a sûrement pas le droit de venir me voir quelques heures avant "la cérémonie du sacrifice". Et la nervosité que je lis sur son visage ne fait qu'affirmer cette supposition.

- Bianca... soupire-t-il.

Mal à l'aise j'imagine, il avale sa salive avec difficulté avant de s'avancer vers moi pour me prendre dans ses bras. Surprise, j'ai un mouvement de recul avant de lui rendre son étreinte. Il murmure près des mon oreille :

- Je suis désolé Bianca, tellement desolé...

Sa voix tremblote. Je crois même qu'il va finir par pleurer mais lorsque nous nous détachons, ses yeux sont simplement humides.

Amour et VendettaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant