Ça résiste.
Il ne le supporte pas.
Il en reste éveillé la nuit.
A réfléchir.
Il arrive au bout du protocole, sans résultat.
Il doit tenter autre chose. Une autre approche.
Alors, il réfléchit.
- D'où ça vient?
Le scribe, paniqué, tourne rapidement les feuilles épaisses reliées par le coin gauche à un anneau.
La sueur lui dégouline sur le front et les tempes, et le temps qu'il retrouve enfin ce que Gros lui demande, elle coule du bout de son nez.
Son bureau, situé au troisième sous-sol, celui où l'on marque et enregistre les esclaves, n'est en fait qu'une alcôve dans le mur de pierre du hall.
Un réduit de quelques mètres qui paraît étouffant, maintenant que Gros et Bourreau s'y tiennent debout, côte à côte.
Ils ont débarqué au milieu de la mâtinée, le guerrier roux précédant le Maître, pour se diriger directement vers le scribe.
Ce dernier lève les yeux, les découvre et se met à trembler.
Gros, violent, imposant, il a l'habitude.
Mais le Maître...
Le scribe n'ose même pas le regarder en face. Si ce n'est la peau rouge, les dents pointues et la paire de cornes sur le haut du front, qu'il partage avec Gros; mais il y ces yeux gris translucides qui vous déchirent en deux pour vous examiner de l'intérieur; ces scarifirations noires de maggie sur tout un côté du visage anguleux, comme taillé à la serpe. Et dans son dos...
La Maître ne dit rien, Gros le fait pour lui.
Bourreau veut savoir où a été raflée Numéro treize.
Quel village, quel clan, fait-elle partie des nomades? Ou d'une congrégation particulière? Ses tatouages s'expliqueraient. Il cherche n'importe quel indice qui formerait un début d'explication à la résistance, agaçante et stimulante, de son projet personnel.
Il décide donc de remonter à la source.
Il faut reprendre la correspondance des numéros, mais le scribe retrouve l'information, malgré ses mains qui tremblent et sa vision qui se trouble.
Sa voix chevrotante lit la mention :
- "...cent treizième jour du cinquante-septième cycle du Pouvoir Noir : lot de douze femelles et trente-cinq mâles..." heu, heu...
- Donne-nous le nom du sergent responsable, le presse Gros.
- Heu...il bafouille en triturant la page.
Bourreau soupire et le cœur du scribe s'emballe.
- Sergent Gris-vert! lâche le petit homme, soulagé et terrifié à la fois.
Gros se tourne vers le Maître :
- Parfait, c'est lui qui est en poste en bas aujourd'hui.
Et sans plus un regard pour le scribe, Gros se dirige vers l'escalier.
Avant de se détourner, Bourreau lance un coup d'œil au scribe.
Il quitte finalement les lieux, s'engage dans l'escalier à la suite de Gros.
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Le Bastion
FantasyUn lieu terrible, une prison sinistre : on y brise les corps et les âmes. Un système totalitaire qui fonde son pouvoir sur la magie. Une prisonnière qui ne cède pas. Un face-à-face dont l'issue est toute tracée.... Attention : cette fiction comport...