21 . Bourreau.

3 1 0
                                    



Il s'approche du but. Il le sait, il le sent.

Le moindre contact fait sursauter le corps de la prisonnière, la peau hyper sensible réagissant instinctivement.

Il a oublié le cours du temps, ne sait plus depuis quand il la travaille, fouettant et caressant son corps.

Attentif à la moindre réaction, tous les sens ouverts, à l'écoute.

La tunique gît au sol, roulée en boule. Toute sa peau offerte à Bourreau. Il aime les marques rouge vif, certaines perlées de sang, qui parsèment le corps de Numéro treize.

Il aime la sueur qui fait briller sa peau, s'accumule entre ses seins maigres, au creux de son cou palpitant de peur.

Il connaît son attente du soulagement, du moment où les coups laissent la place aux caresses, où la douleur, enfin, n'augmente plus.

Il boit le tressaillement de sa peau, quand le cuir effleure ses seins, s'attarde sur ses tétons.

Il sait qu'elle est sensible au niveau des flancs, il peut la faire se cambrer juste en promenant les franges de cuir le long de ses côtes, jusqu'à l'aisselle.

Il sait distinguer le gémissement de douleur de celui du soulagement.

Il reprend la cravache, la fait glisser le long de ses cuisses ouvertes.

Elle repose sur une table, allongée sur le dos. Les poignets liés ensemble au-dessus de sa tête.

Ses cuisses sont relevées, maintenues sous les genoux par des collets. La moindre traction resserre les liens, provoquant des grognements de douleur.

Son sexe est ouvert, offert.

La claquette suit le chemin de ses lèvres et marque une pause sur le clitoris.

Tout son corps se tend, dans l'attente du coup vicieux, sur la partie la plus sensible de sa chair.

Mais Bourreau ne frappe pas. Il caresse, frotte avec une douceur étonnante, une lenteur insupportable; puis plus vite, plus fort.

Elle se tord et tire sur ses poignets, les fers tintent contre le bois.

Elle essaie de bouger ses hanches, pour se soustraire au contact répugnant, inquisiteur, humiliant.

Le coup part, cingle le bourgeon de chair, la femme se cambre brusquement, les orteils recourbés sur la douleur, son corps rebondit contre la table.

Elle halète à travers la cagoule, sa poitrine se soulève rapidement.

Il recommence la boucle, de nombreuses fois.

Et puis, enfin, il sent son odeur. Celle de son sexe qui se lubrifie.

Il connaît le phénomène, la réaction du corps qui met tout en œuvre pour survivre, minimiser les risques. Bourreau l'a souvent observé durant les sessions de ramonage.

Au-delà des plaisanteries obscènes des Ravageurs, se vantant de faire mouiller les femelles.

Bourreau ne connaît pas le désir, juste le besoin. Mais il sait qu'il ne s'agit pas de désir, lorsque les femelles sont entre les mains des Ravageurs.

Instinct de conservation, ça, il connaît.

Et c'est là qu'il a conduit sa prisonnière. C'est là que l'a menée toutes les séances des dernières semaines.

Il s'emplit de l'odeur musquée de son humidité. Un frisson le parcourt, il sait exactement ce qu'il a à faire.

Il la masturbe lentement, la claquette allant de sa vulve à son clitoris, s'attardant, insistant, puis reprenant son va et vient, plus fluide, imprégnée de son fluide.

Elle ne fait plus aucun son. Tendue comme un arc, elle bouge la tête de gauche à droite, retenant son souffle.

- Ah!

Lâché dans un souffle, honteusement.

Son sexe veut conclure, jouir, son corps veut le plaisir pour masquer la douleur. Et son esprit, que veut-il? Jusqu'où est-elle prête à aller?

Elle se retient, de toutes ses forces. De gémir, de laisser les frissons de plaisir remonter, de son entrejambe à ses seins, dégoûtée, honteuse de ce qu'elle ressent. Honteuse d'avoir été dressée à coup de cravache et de martinet, honteuse de ce corps qui ne lui appartient plus et prend du plaisir dans la douleur.

Les sanglots montent en même temps que la jouissance.

Il voit le chemin, la peau hérissée de frissons, les seins dressés, leur pointe dure et foncée, il voit les vagues qui partent de son bassin.

Alors il ramasse un seau et lui jette l'eau glacée sur le corps.

Elle sursaute brutalement, écartelée par ses liens, avec un grognement de surprise, un son caverneux fait de colère, de frustration, de déception.

Après plusieurs essais, il a ce qu'il voulait.

Il la mène chaque fois au bord de l'orgasme, les caresses plus nombreuses que les coups, son corps secoué de tremblements qui deviennent des secousses, lui arrachant des cris de frustration, si proches de la douleur, si proches du plaisir.

Lui aussi est couvert de sueur, son esprit saturé d'odeurs et de gémissements.

Il connaît le corps de sa victime aussi bien que le sien, anticipe chaque réaction, s'en délecte.

Il bande.

Et son cœur résonne dans ses oreilles, pulse d'excitation.

Ce n'était pas le résultat qu'il attendait, il se surprend.

Il prend un plaisir assumé à l'avoir dans sa main, il a enfin trouvé un levier à actionner pour la faire plier.

Il jette sur son bassin le cinquième et dernier seau d'eau.

Elle sanglote, secouée de spasmes, son corps criant son besoin de finir, de conclure, de libérer cette tension sexuelle provoquée puis étouffée; ses membres tremblants, à bout de nerfs, à moitié folle de frustration.

Il reste un moment à l'observer, le silence seulement brisé par les râles et les halètements.

Une masse informe de sentiments et d'émotions le traverse.

Satisfaction du défi relevé.

Déception de l'issue à venir.

Excitation à poursuivre, pour voir jusqu'où...

Il pose la claquette sur son pubis, prêt pour une nouvelle manche.

- Par pitié...

Le son, faible et étouffé, s'échappe de la cagoule.

Bourreau se fige, son geste suspendu.

"Oh si, ça réagit. Ça gueule tout son soûl de douleur, ça pleure, ça crache, ça se chie dessus, ça nous insulte même. Mais ça ne cède pas. "

Le BastionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant