25. Numéro treize.

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La première chose qu'elle comprend, c'est qu'elle n'est pas dans sa cage.

Elle est en position allongée, mais pas sur le sol.

Une paillasse la protège des dalles de pierre. Elle est nue, recouverte d'une couverture épaisse, à la toile rugueuse.

Elle croit rêver, ou délirer.

Un tel confort, elle n'a jamais connu rien d'autre que la cage.

Il fait nuit, l'air est différent, moins humide, chargé de nouvelles odeurs.

Elle veut se relever, mais une douleur vive, à la base de la nuque, la paralyse.

Elle roule doucement sur le côté, tâte la zone sensible du bras opposé.

Un pansement recouvre la plaie, imbibé d'un onguent gras dont elle reconnaît l'odeur.

La morsure.

Un sentiment de désespoir profond, irrémédiable, l'envahit.

Elle serre les paupières, les larmes débordent de ses yeux.

Ses sanglots se calment peu à peu quand elle sombre à nouveau dans le sommeil.


Elle se réveille le corps endolori, chaque muscle perclus de courbatures.

Sa mâchoire la lance, et sa gorge pique, irritée.

Il y a la douleur, à l'intérieur.

Elle glisse une main entre ses jambes, se palpe doucement. C'est douloureux, sensible. Elle remonte sa main pour l'examiner : à peine humide, pas de trace de sang, une vague odeur de sexe et de savon.

Il l'a lavée, là aussi.

Un frisson la traverse des pieds à la tête.

Elle revoit son visage si proche, ses iris gris pâle, presque blancs, et la pupille noire comme l'ombre, dilatée à l'extrême pendant qu'il la...

Un nouveau frisson glacé, suivi d'un gargouillis dans son bas-ventre.

Elle sent le battement de son cœur résonner dans chaque recoin douloureux de son corps. Son clitoris pulse, elle a l'impression que la griffe est encore en action, entre ses cuisses.

Elle a joui, entre ses mains.

Un haut-le-cœur la soulève de sa couche, elle se penche sur les pierres pour vomir mais rien ne sort.

Elle s'effondre sur sa paillasse, terrassée de fatigue.

Elle s'endort.

Pour se réveiller assoiffée, le visage bouffi des larmes versées pendant son sommeil.

Elle se redresse lentement, s'appuie au mur contre lequel est rangée la paillasse.

La lumière est diffuse, grise.

Elle en cherche la source, et distingue une tache plus claire, en haut du mur qui lui fait face.

Une fenêtre!

Le dos calé contre le mur, enroulée dans sa couverture, elle fixe le léger halo. Progressivement, les contours se dessinent comme la luminosité augmente.

Elle vient d'assister au lever du jour. Ses yeux restent fixés sur la meurtrière, trop haute mais qui lui offre pourtant une mince bande verticale de ciel gris.

Elle glisse hors du lit, à quatre pattes. Elle se déplace lentement vers le mur, s'assied au pied de l'ouverture. Elle lève la tête, hume le filet d'air qui s'infiltre...

Le BastionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant