Appuyé contre le mur, il surveille sa prisonnière.
Accroupie, elle tient la grosse brosse de crin à deux mains, et frotte le sol de sa cage.
Sa jambe le fait souffrir depuis le début des pluies, il reporte le poids de son corps sur l'autre pied.
Elle met moins d'énergie que d'habitude à exécuter sa corvée. Chaque geste lui arrache un grognement, elle tremble à cause de sa tunique mouillée et de l'eau glacée dans laquelle elle doit tremper ses mains.
Il entend un bruit de pas lourds, venant du couloir à clapiers et une ombre s'allonge sur le sol.
Cogneur s'avance dans le renfoncement et s'appuie au mur, les bras nonchalamment croisés. Il ignore Demi et se contente de regarder Numéro treize travailler. Elle frémit quand elle remarque sa présence, sans jamais lever le visage vers lui; elle poursuit sa corvée.
Le bossu est tétanisé. Il ne sait pas quoi faire. Rien, sans doute, il n'est rien face à un Nettoyeur. Il ne dit rien, mal à l'aise, l'estomac noué.
Il repense aux consignes que son Maître lui a donné...
Personne ne touche, personne ne regarde...
Il a hâte d'en finir, d'enfermer la femme et de remonter dans les quartiers du Maître.
Cogneur se redresse et bloque l'accès à la sortie, de ses larges épaules.
- Regarde-moi cette merde, ça devrait déjà être en train de pourrir dans les sables. Ou peut-être que ça en a pas eu assez, hein? C'est pour ça que ça s'accroche? Putain mais sa minable existence vaut pas tout le mal qu'on se donne avec ça!
Il s'avance d'un pas, si rapide que Demi ne le voit faire qu'au dernier moment.
- Faut qu'ça apprenne, y'a que ça à faire, faut qu'ça comprenne...
Il attrappe Numéro treize par l'épaule et la redresse brutalement.
Le cœur de Demi explose mais il ne recule pas. Par un obscur réflexe d'obéissance, il s'accroche au bras de Cogneur.
- Non! Tu n'as pas le droit! C'est au Maître, tu ne peux pas toucher ça, c'est au Maître!
Cogneur baisse les yeux sur lui, une expression mauvaise déforme son visage.
Sans lâcher sa victime, il saisit Demi par la gorge et le jette violemment contre le mur.
La tête du bossu cogne contre la pierre, sa joue fendue se met à saigner pendant qu'une douleur sourde lui coupe le souffle.
A moitié assommé, il psalmodie.
- Pas le droit... C'est au Maître...
- Ta gueule sale rat!
Cogneur le bourre de coups de pied jusqu'à ce qu'il se taise enfin, recroquevillé contre le mur, allongé sur la pierre, les mains tentant de protéger son ventre.
Cogneur se détourne de lui et regarde la prisonnière, aveugle sous sa cagoule, terrifiée, qu'il tient toujours par l'épaule. Ses doigts s'enfoncent cruellement dans sa chair maigre.
Il lui tord un bras dans le dos et la pousse à genoux. Elle crie de douleur et heurte durement les dalles.
Il se place derrière elle, et la tenant d'une main, il remonte brusquement sa tunique de l'autre.
Il farfouille les lacets de ses chausses et sort son sexe, à demi dressé. Il malaxe brutalement les fesses de la femme, jusqu'à la faire gémir de douleur, se masturbe trois fois puis se positionne contre l'anus de la prisonnière.
Elle se met à crier et Demi reprend sa psalmodie.
Des pas précipités raisonnent sur le sol et Cogneur lâche la femme qui s'écroule.
Il a tout juste le temps de ranger son sexe, que Gros déboule.
- Qu'est-ce que c'est que ce bordel? Cogneur, qu'est-ce que tu fous là?
- Ça va, Chef, je vérifie juste que le nabot fait bien son boulot.
Gros embrasse du regard Demi, qui se relève douloureusement, les mains crispées sur son estomac, le sang sur sa joue; Numéro treize est accroupie, pelotonnée contre sa cage, le visage toujours couvert.
Il attend quelques secondes que Demi s'exprime, mais le domestique reste coi, les yeux baissés, comme d'habitude.
Gros hoche la tête.
- Dehors, maintenant, on a tous du boulot à finir.
- Oui, Chef!
Gros s'éloigne rapidement. Il n'est pas dupe, il sait aussi que tout finit par se payer.
Avant de suivre Gros, Cogneur prend juste une minute pour s'adresser à Demi.
- Si tu en parles à qui que ce soit, je t'arrache la bite et je t'étouffe avec.
Un dernier regard noir et il part, enfin.
Demi tremble de tout son corps.
Le Maître étant chez le Consul, Demi a du temps pour se rendre présentable, laver son visage, troquer sa chemise tachée de sang pour la seconde, propre. Il tâte de ses doigts précautionneux son abdomen, violacé.
La douleur des coups a réveillé en lui le souvenir de ses tortures passées, il a dû s'arrêter dans l'escalier pour vomir, la tête en feu, secoué de frissons.
Les Rats s'occuperont du nettoyage.
Quand le Maître rentre, le dîner est prêt à être servi.
Demi fait tout son possible pour se montrer discret, mais chaque geste est douloureux, et malgré le faible éclairage, le Maître n'est pas aveugle.
Alors que le bossu fouille dans le coffre à la recherche d'un bol, la voix sèche du Maître le fait sursauter.
- Qui t'a fait ça?
Demi se tourne lentement, la gorge nouée. La menace proférée par Cogneur flotte dans sa tête, mais c'est le Maître, il est né pour lui obéir, et sa plus grande peur reste encore de le décevoir.
- Cogneur.
D'une voix hachée, Demi raconte à son Maître l'épisode arrivé plus tôt.
Bourreau ne l'interrompt pas, ses pupilles gris clair posées sur lui, le visage impassible.
Demi est comme la proie hypnotisée par son prédateur, il s'ouvre totalement, livre tout au Maître, soulagé.
A la fin de son récit, les yeux du Maître s'étrécissent, et le serviteur sent ses poils se hérisser sur tout son corps.
Le guerrier rouge se lève avec souplesse et se tourne vers la porte.
- Viens.
Les dents de Demi se mettent à claquer sans qu'il puisse les contrôler, il suit le Maître.
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Le Bastion
FantasyUn lieu terrible, une prison sinistre : on y brise les corps et les âmes. Un système totalitaire qui fonde son pouvoir sur la magie. Une prisonnière qui ne cède pas. Un face-à-face dont l'issue est toute tracée.... Attention : cette fiction comport...