16 . Bourreau.

2 1 0
                                    



Il est très calme. Il a réfléchi.

Il doit s'y prendre autrement.

A présent, c'est devenu personnel. Même s'il ne le formule pas.

Il ne s'agit plus des Cohortes, ni même du Protocole.

La prisonnière est attachée sur deux planches qui se croisent, formant un X. Le tout est incliné, retenu par un chevalet.

Elle y est liée par les poignets et les chevilles, bras et jambes écartées.

Il prend son temps, l'observe.

Elle tremble de tout son corps, le cliquetis des bracelets de métal contre le bois est le seul bruit dans la pièce.

Au bout d'un long moment, il s'approche d'elle.

Elle tremble de peur, sachant ce qui l'attend. Il décide de la surprendre.

Si la douleur et l'humiliation ne l'ont pas brisée, il doit trouver ce qui la fera céder.

Il garde son bâton à la ceinture, opte pour sa cravache.

Un cuir souple, tressé, ferme.

Il tourne autour d'elle, se repaît de son souffle paniqué.

Il pose l'extrémité de la cravache sur son cou. Elle sursaute au contact de la claquette.

Il tapote son cou, puis fait descendre la cravache le long de son plexus, entre ses seins maigres qui soulèvent l'étoffe de sa tunique, jusqu'à son ventre.

Il descend encore, jusqu'à la cuisse gauche, s'arrête.

Il tapote la chair tendre, puis retire brusquement la cravache.

Le corps de la prisonnière se tend, dans l'attente du coup, mais il ne frappe pas.

Il attend encore un moment, celui où elle finit par se relâcher, très légèrement.

Puis il fouette ses doigts, sa paume, où demeure la cicatrice des clous; ses poignets, l'intérieur de ses bras.

Elle pousse un petit cri de surprise, se tortille sous la morsure du cuir.

Il suspend son geste, elle halète, retient ses gémissements.

La cravache se promène à nouveau le long du corps de la prisonnière.

C'est un petit jeu nouveau, qui la déstabilise.

La douleur est cuisante, mais moins que d'habitude.

Il caresse l'intérieur de ses cuisses, le cuir rugueux irritant la peau particulièrement fine à cet endroit.

Il lève soudainement le bras.

Elle retient son souffle.

Le temps semble comme suspendu.

Il attend qu'elle reprenne son souffle.

Et il cingle ses cuisses.

Les coups sont secs mais retenus, ils ne sont pas là pour blesser, mais pour punir, préparer.

Il commence un nouveau type de dressage.

Quand Demi pénètre la pièce, le soir venu, il est surpris par l'état de Numéro treize.

Il la libère de la croix et réalise, soulagé, que malgré les zébrures rouges qui marquent ses jambes et ses bras, elle n'a pas de blessure ouverte.

Quand elle glisse au sol, elle reste un genou à terre.

Demi va chercher le seau. Il se retourne et le tableau qu'il a sous les yeux vient le frapper. Il le hantera longtemps.

Le BastionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant