Chapitre 1 : Au détour des blocs

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Dix-sept heures. Presque dix-huit. Le soleil était encore haut dans le ciel et tapait lourdement sur la nuque d'Eren, alors qu'il rentrait chez lui. La journée avait été longue et il rêvait de s'affaler sur son lit, ses écouteurs profondément installés dans ses oreilles et d'oublier un peu.
Oublier les cours, le lycée et tous ses soucis.

Ses pas s'allongèrent à cette idée réconfortante et il traversa rapidement les blocs d'immeubles qui menaient chez lui. Des groupes de jeunes étaient installés par terre, à traîner et s'alpaguer bruyamment. D'aussi loin qu'Eren s'en souvienne, ces petits groupuscules avaient toujours été là, poussant comme des champignons entre les tours de béton.

Le jeune homme se grandit légèrement, par habitude, bien qu'il n'en ait plus besoin depuis longtemps. Il avait quasiment sa taille d'adulte maintenant et il dépassait d'une tête la plupart des autres jeunes des blocs alentours. Le sport aidant, il avait développé une belle musculature, somme toute raisonnable, mais suffisante pour maintenir les autres à distance.
Sa mère, docteur, avait également rendu service à bon nombre de familles et était respectée pour sa gentillesse et sa discrétion quant au motif de ses consultations.

Perdu dans ses pensées, Eren chercha mécaniquement ses clés au fond de son sac à dos et ouvrit la serrure.
« Maman ? »
Pas de réponse. Ce n'était pas étonnant. Carla travaillait à longueur de temps et il était rare qu'elle soit à la maison. Le jeune homme ne sut pas s'il en était déçu ou rassuré. Il adorait sa mère mais la perspective de devoir parler avec un autre être humain lui semblait présentement intolérable. Il enleva ses baskets à l'aide de ses pieds et les poussa nonchalamment le long du mur de l'entrée.

Un petit tour par la cuisine et Eren se dirigea vers sa chambre, un morceau de brioche au chocolat coincé entre les dents. Son portable vibra dans sa poche et le garçon grommela.
Un whatsapp de Jean.

« Yo, tu fais quoi Eren-des-neiges ? »

Eren leva les yeux au ciel mais un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Quel blaireau.

« Je viens d'arriver, je me pose avec de la bouffe et de la musique et toi ? »

« Ya le vieux, je peux venir ? »

Eren savait que l'ambiance n'était pas au beau fixe entre Jean et son beau-père, bien que son ami ne lui donne jamais de détails. Il était comme ça, Jean. Fort en gueule et le sang chaud, mais tout en réserve sur les sujets qui comptent vraiment.

Eren surprenait parfois des bleus ou des marques sur son corps mais lorsque ses yeux remontaient vers le visage de Jean, il se heurtait alors à un regard noir, le défiant de lui poser la moindre question. Alors, Eren souriait gentiment et passait à autre chose. C'était un accord tacite entre eux, de ceux qui scellent une amitié.

« Je t'attends, tête de cheval ».

/

Une dizaine de minutes plus tard, Eren, un seul écouteur dans les oreilles, entendit des coups à la porte.

« C'est ouvert ! »

La flemme de se lever du lit... Il était toujours étendu les bras en croix et les yeux fermés lorsque Jean entra dans la chambre.

« Hey » lança ce dernier.

Sa voix n'augurait rien de bon et Eren ouvrit les yeux, inquiet, pour apprécier l'étendue des dégâts. Le grand brun arborait un hématome à la pommette - qui bleuissait déjà à vue d'œil - et une coupure à l'arcade. Il agît toutefois comme si de rien n'était et retira son sweat à capuche par la tête - qu'il lança sur le dossier de la chaise de bureau -, dévoilant d'impressionnants tatouages sur les bras et le ventre.

« Hey. » répondit Eren avec douceur, en lui tendant son écouteur libre.

Jean eut un petit sourire et s'installa à côté de lui. Le contact avec le matelas lui arracha une grimace silencieuse et il enfonça l'écouteur dans son oreille gauche. Alors seulement, il se détendit et ferma les yeux.

Quoiqu'il se passe, Eren était là. Il ne lui posait aucune question, n'émettait aucun jugement. Il l'accueillait avec un sourire, une vanne douteuse et un peu de brioche aux pépites de chocolat. Eren, c'était un peu sa maison. Celle qu'on retrouve après les grandes vacances ou les journées difficiles, celle qui sent bon la lessive de notre enfance et qui nous protège du monde extérieur.

« Eren, t'es ma maison »

« Putain, t'es entrain de saigner sur mes draps ».




Voilà pour le 1er chapitre les ptits poulpes ! J'espère que cette entrée en matière vous plaît, n'hésitez pas à me laisser un petit commentaire pour me donner votre avis ;)

Personne (Ereri / Riren)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant