Chapitre 2 : Visiteur nocturne

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Eren fronça les sourcils et lança un poing vengeur en direction de son portable. La journée n'avait pas commencé qu'il était déjà exténué. Il mit fin à la sonnerie criarde et enfonça sa tête dans l'oreiller.

« Allez, lève-toi, on va être à la bourre ».

Le jeune homme releva la tête d'un coup sec et porta la main à son cœur.

« Putain de merde, j'avais oublié que t'étais là, j'ai flippé ».

Jean éclata d'un rire chaud et lui balança son jean troué en pleine face. Grommelant, Eren s'exécuta et se dirigea vers la salle de bains.

Il avait proposé à Jean de rester dormir chez lui hier soir et son ami, secrètement soulagé, avait fait mine d'hésiter quelques secondes avant d'accepter. Ils savaient tous les deux qu'il le ferait, comme à son habitude..

Le pas trainant, les garçons prirent la direction du lycée. Cette année - et pour la première fois - ils n'étaient pas dans la même classe. Cette première allait définitivement être d'une longueur abominable...

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La sonnerie de midi résonna dans les couloirs du bâtiment, ramenant à la vie les élèves les plus abattus. Un joyeux brouhaha s'éleva dans les salles de classe et les lycéens affluèrent dans les couloirs, en direction de la cour et de la cantine.

Eren attrapa paresseusement son sac à dos et le fit glisser sur une de ses épaules. Il alluma son portable d'un doigt passé sur l'écran et vit un sms de sa mère, qui s'excusait de ne pas avoir pu rentrer cette nuit à cause d'une urgence à l'hôpital. Eren lui répondit rapidement pour la rassurer et lui dire que Jean était resté dormir avec lui. Il savait qu'elle culpabilisait toujours de le laisser seul, même à son âge et que ça la consolerait un peu.

Eren attendit que la majorité des élèves soit sortie et prit leur suite. Ce n'était pas vraiment qu'il était associable ou qu'il n'aimait pas les gens. Non, il était même plutôt du genre gentil et avait la blague facile, mais côtoyer d'autres êtres humains semblait aspirer toute son énergie et il avait constamment besoin de temps de calme et de réflexion. Et ça pour réfléchir, il réfléchissait. Cela semblait ne jamais vouloir s'arrêter. Le seul moment où ce brouhaha incessant semblait enfin se mettre en pause était quand il allait courir.
Il adorait ça, tant pour l'effet que ça produisait sur sa carcasse trop maigre, que sur son cerveau infatigable. C'était devenu sa bouée de sauvetage.
Il se promis mentalement d'aller courir ce soir, à la fraîche, après le dîner.

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Les pieds d'Eren foulaient le bitume avec régularité, au rythme de la chanson qui résonnait dans ses écouteurs. Le jeune homme courait depuis une trentaine de minutes et il ne semblait pas encore rassasié. Il avait besoin de plus ce soir.
L'air frais du soir de septembre collait à sa peau moite et achevait de lui donner un sentiment de liberté totale. Il ne pourrait jamais se lasser de courir la nuit, voltigeant entre les lampadaires et les passages piétons. Ombre anonyme et véloce, dont le regard errait de fenêtres en fenêtres, imaginant la vie des gens.
Ce couple qui s'enlaçait devant la baie vitrée, ou cette maman qui terminait de donner le petit pot à son bébé. Ces gens semblaient avoir une vraie vie, savoir où ils allaient, être des gens responsables.

Eren, lui, ne savait rien du tout. Ni où il était, ni où il allait.

Quand enfin son corps et son esprit furent rassasiés d'endorphine, le jeune homme passa la porte de chez lui. A nouveau, sa mère n'était pas rentrée. Il regarda son portable d'un œil distrait et constata qu'il avait reçu un nouveau sms débordant de culpabilité, envoyé une vingtaine de minutes auparavant. Il eut un sourire triste. La connaissant, elle devait être dans un état pas possible. Il tapa un message rapide pour la réconforter.

« Pas de soucis maman, je rentre de mon run, tout va bien, je vais prendre ma douche et faire mes devoirs de toute façon. J'espère que tu tiens le coup. On se voit demain. Je t'aime. Eren »

Le message fut aussitôt réceptionné et lu par sa mère et il devina en souriant qu'elle attendait une réponse, fébrile, a côté de son téléphone depuis tout à l'heure. Son cœur se pinça. Il avait hâte de la retrouver le lendemain.

L'eau chaude décontracta les muscles du jeune homme et il poussa un petit soupir de soulagement. La sensation post-run était véritablement indescriptible. Lorsqu'il sortit de l'espace embué de la salle de bains, un frisson délicieux chatouilla son épiderme.
C'était une bonne soirée.

Après avoir buché deux heures sur son devoir de maths, Eren décida qu'il était temps de mettre fin à la torture et s'enfouit confortablement dans sa couette. Haaaa bonheur.
Il mit sa playlist, intitulée de façon très mature « dodo » et ferma les yeux, un petit sourire aux lèvres.

Il lui semblait n'avoir dormi que 2 minutes lorsqu'un boucan pas possible le sortit du sommeil. Eren s'assit dans un sursaut et jeta un regard hébété à son portable. 2h57. 

What. The. Hell.

Son cerveau fusa. Est-ce que c'était sa mère ? Est-ce que tout allait bien ? D'habitude, quand elle rentrait de nuit, il ne l'entendait pas. Est-ce qu'ils étaient entrain de se faire cambrioler ?
Son regard parcouru la pièce sombre à la recherche d'une arme de fortune. Il se leva le plus discrètement possible et jeta son dévolu sur un ouvrage d'histoire sur la première guerre mondiale, qu'il devait lire pour son cours - et qu'il n'avait évidemment jamais ouvert.

Armé du pavé qu'il tenait à deux mains, il se faufila en direction du salon, plongé dans la pénombre. L'hypothèse du retour nocturne de sa mère - la plus rassurante - ne tenait donc plus la route. Eren sentit son cœur marteler sa cage thoracique comme une timbale possédée et s'exhorta silencieusement au calme.

Une ombre semblait gésir sur le sol du salon et Eren plissait les yeux dans l'espoir vain de voir de quoi il s'agissait quand un râle animal s'en échappa.


Bordel de merde. 





Et voilà pour le deuxième chapitre ! J'espère que ça vous plaît ! N'hésitez pas à me donner votre avis dans les commentaires les petits chats ! 
A très vite ! :) 

Personne (Ereri / Riren)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant