Chapitre 13 : la valda

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Une fois l'ensemble des matchs joués, Eren prit le chemin de son bloc, en compagnie de Levi, Hanji et Erwin. Pendant que Hanji parlait avec animation de leur journée, il jeta un regard en coin au garçon, afin de jauger son humeur. Il semblait toujours sur les nerfs, mais son comportement habituel ne relevant pas de la franche camaraderie, Eren n'était sûr de rien.

Eren ajusta son pas pour marcher à son niveau. Il avait envie de lui demander ce qui n'allait pas, s'il avait fait quelque chose de mal. Leur échange complice du matin - lorsqu'ils s'étaient retrouvés uniquement tous les deux - lui semblait si loin désormais. Il se demanda même s'il ne l'avait pas rêvé.

Eren regarda sa main et des images de la journée lui revinrent en mémoire. Leur échange de sourire, Levi torse nu dans les vestiaires, son undercut et son t-shirt aux manches relevées, laissant apparaître des épaules fines et taillées. Leur poignée de main aussi et la froideur de la paume de Levi contre la sienne, bouillante. Il sentit ses joues chauffer légèrement et se passa une main dans les cheveux en fronçant le nez. Une mimique habituelle quand il se sentait mal à l'aise. Jean se moquait de lui à chaque fois qu'il faisait ça.

- Crache la ta valda, l'interrompit brusquement Levi. Je sens bien que tu as quelque chose à me dire.

- Je... Heu, enfin ça n'avait pas l'air d'aller tout à l'heure. C'est parce que vous avez perdu le match ? Je pensais pas que ça comptait autant pour toi.

- Non, je m'en fous, pourquoi ?

- Je sais pas, ça avait l'air d'aller heu... entre nous au début du match et ensuite tu as eu l'air de te crisper au fur et à mesure. Et à la fin, tu semblais carrément fâché après moi, essaya d'expliquer Eren.

Levi lui jeta un regard en coin, tout en continuant de marcher.

- T'as joué ou t'as passé ton temps à m'analyser ?

Eren rougit violemment et soupira.

- Okai, laisse tomber.

Levi sentait bien qu'il l'avait un peu vexé mais il ne savait pas quoi dire de rationnel pour expliquer son comportement. Alors, il le laissa leur dire aurevoir de la main et se diriger vers son bloc sans un mot.

Il ne vit pas les larmes perler au coin des yeux de Eren, de colère et de frustration, alors qu'il rejoignait son bâtiment. Comment avait-il pu seulement penser que sa présence pouvait influer sur l'humeur de Levi ? Il avait eu l'impression de percer sa carapace pour la toute première fois mais en réalité, il n'existait même pas pour lui. Il n'était qu'une ombre qui dansait autour de lui, comme des centaines d'autres. Rien ne les reliait l'un à l'autre, si ce n'est quelques points de suture et un match de volley lycéen.

Ce soir-là, ni Eren ni Levi n'écrivirent sur la conversation WhatsApp du groupe.


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Les jours défilaient et la perspective de la fête d'halloweeniversaire de Sasha allégeait le cœur d'Eren. En attendant, il décida de se concentrer sur ce qui importait vraiment : ses amis, sa mère et son sport. Il s'efforça de ne pas penser aux yeux gris de Levi et à sa présence à la dite fête. Pourtant, chaque fois qu'il y songeait, son cœur se serrait d'espoir. Il espérait qu'il ne changerait pas d'avis d'ici là.

Ils s'étaient revus bien sûr, durant les repas au self et à la sortie des cours, mais aucun des deux n'avait fait l'effort de s'adresser un mot et un silence étrange et inconfortable s'était installé entre eux.

Ce soir-là, comme pratiquement tous les soirs depuis le jour du match, Eren enfila ses baskets et attrapa ses écouteurs pour partir courir. C'était son exutoire le plus efficace. Il avait envoyé un message sur la conversation commune pour proposer aux autres de le rejoindre, mais ils semblaient moins conquis que lui par le running et il y allait généralement seul.

Son téléphone émis un bip faiblard. Eren le sortit de sa poche ventrale de sweat et consulta ses messages WhattsApp. Son cœur manqua un battement.

[Heichou]

OK. Dans 5 mn en bas de ton bloc.


Putain de merde.

Eren se regarda dans le miroir de l'entrée pour voir à quoi il ressemblait, mais il ne vit que deux yeux d'enfant effrayé. Ses mains tremblaient légèrement - de peur, d'excitation aussi - quand il répondit sur la conversation. Il respira un grand coup.

Était-ce une façon pour Levi de renouer le contact ? Eren n'en avait aucune idée et il appréhendait de le voir seul à seul, mais rester ici à cogiter ne l'aiderait pas à en savoir plus. Alors il descendit les marches de la cage d'escalier et sortit dans la nuit.

Levi arriva quelques minutes plus tard, avec sa décontraction habituelle. Il était en bas de jogging et sweat à capuche. Eren sentit son cœur s'accélérer en le voyant approcher. Il lui sourit timidement.

- Salut.

- Hey.

Ils se dévisagèrent une seconde et Eren passa une main dans ses cheveux, gêné.

- On y va ? lança-t-il, pour couper court à son supplice.

Levi hocha la tête et s'élança doucement. Leurs pas foulaient le sol humide et les feuilles mortes crissaient sous leurs baskets. Ils ne parlaient pas et seuls leurs souffles brisaient le silence. Deux ombres dans la nuit. Eren eut envie de mettre ses écouteurs, mais ça aurait été comme rompre le lien qui les liait, aussi ténu soit-il. Il ne s'y résolu pas.

Levi avait une bonne condition physique et Eren s'aperçut qu'il pouvait courir à son rythme habituel, sans risquer de le semer. C'était agréable.

N'y tenant plus, il finit par poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis des jours.

- Tu viens toujours samedi ?

- Je sais pas trop, j'imagine. Pourquoi ?

- Je serais content que tu sois là, lâcha Eren, dans un élan de sincérité qu'il regretta aussitôt.

Mais après tout, à quoi bon mentir ? Levi lui jeta un regard en coin, en continuant de courir, mais il ne répondit rien. Eren ne s'en formalisa pas. Personne n'avait forcé Levi à venir courir avec lui, il avait choisi d'être là et de partager ce moment avec lui. Ça lui suffisait pour l'instant et son cœur lui sembla bien plus léger.

Les températures dégringolaient doucement et Eren sentit un frisson lui chatouiller l'épiderme.


- On rentre ? proposa Levi.

Eren hocha la tête et ils rebroussèrent chemin. Il était partagé entre la perspective alléchante d'une douche brûlante et l'envie de rester avec Levi encore un peu. Inconsciemment, son pas ralentit et le garçon sembla le remarquer.

- Tu fatigues ?

- Non, ça va pardon, balbutia Eren, en reprenant un rythme plus soutenu.

Il surprit alors un léger sourire sur le visage de Levi. Un vrai sourire, sans raillerie ni méchanceté. Ça lui allait bien, cette douceur.

- Eren, commença Levi.

- Ouais.

- Je serai là samedi.

Personne (Ereri / Riren)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant