Octopus Skull: Tome 1: Owen

09. Marc

En se réveillant ce matin, le père d'Owen décida de lui faire un cadeau pour la passation de son permis de conduire. C'était déjà prévu, car lui et les autres allaient lui offrir son cuir et ses écussons de prospect, mais son père voulait lui faire un cadeau plus personnel. Plus paternel que son cuir qui n'était pas du père, mais du président du Club.

Sachant que son fils ne roulait pas sur l'or avec son travail d'interne en chirurgie, il avait décidé de lui offrir sa première moto. Après tout, à quoi bon avoir son cuir d'un club de motards s'il n'avait pas la moto qui allait avec ?

Il resta alors longuement dans son bureau pendant la matinée, regardant les catalogues de chez Harley pour arriver à se décider. Quel modèle ? Quelles améliorations ? Il n'en savait rien, parce qu'il ne connaissait rien de son fils. Au niveau de ses goûts en tout les cas. Il continua à réfléchir puis se dit finalement qu'un petit modèle lui irait. L'homme n'était pas très grand non plus, ni même très imposant, alors un gros modèle était à bannir. Encore fallait-il qu'il arrive à soulever la moto, quoi. Finalement, il se décida pour une 883. C'était un petit modèle pratique pour la ville et pas trop encombrante. Parfaite pour son fils.

Regardant sur le site du fabriquant, il se décida pour une full black. C'était discret, ça faisait passe-partout, l'idéal pour ne pas se la faire voler à la première occasion. Voilà, il s'était enfin décidé. Alors il descendit dans le Club House pour chercher son bras droit et ainsi aller avec Aaron à la concession.

- Faites gaffe Prés'... Le directeur n'avait pas l'air de vouloir en démordre...
- Ça suffit Aaron. Je suis sûr que la raclée qu'il s'est prit de ta part lui a remis le cerveau en place.

Référence à la dernière fois ou Aaron était venu à l'atelier de la concession et avait rencontré le fameux Tom. Nouveau directeur de celle-ci. Marc ne prenait pas cette menace au sérieux. Après tout, pourquoi un vendeur de motos se mettrait en barrière de la route de leur meilleur client ? C'était complètement absurde.

Marc prenait son temps. Après tout, à chaque fois qu'il se rendait à la concession, il y avait toujours des habitués sur le parking, sous une bâche de protection, assit à des tables autour de café et de gâteau fait par les régulières de certains motards. Les régulières étant les femmes légitimes d'un motard dans un MC. Les brebis elles, étaient les coups d'un soir. Il s'approcha de la tente pour faire l'accolade à des amis à lui appartenant à d'autres clubs bien plus petits en ville ou alentour. C'était toujours appréciable de rencontrer des fans de motos comme lui. Des passionnés qui se réunissaient ensemble pour faire de longues balades sur les routes. Tout ça lui rappelait le début des Octopus Skull, ça lui donnait la larme à l'oeil. Surtout en voyant à quel point le Club était devenu affluent et sérieux dans l'illégalité.

Pendant qu'il dégustait un café sur le parking, accompagné d'une part de cake, Marc fini par remarquer un homme à l'étage de la concession qui regardait dans sa direction. Il était brun et avait les cheveux plaqué en arrière sans doute par du gel ou de la pâte gominée. Qui était-il, il ne l'avait jamais vu par ici. Et puis surtout, il n'avait pas le style d'un motard. Tiré à quatre épingles, il portait un costume trois pièces presque ostentatoire. Blanc avec une chemise léopard...

- Eh Aaron, c'est qui lui là-haut ? demanda-t-il en lui faisant un coup de coude pour attirer son attention. Aaron aussi penché sur son café remonta le regard vers les vitres de la concession.
- C'est ce Tom là. Le nouveau directeur d'Harley dont je t'ai parlé...
- Ah... D'accord... Bah putain, il a plus l'air d'un mac' plutôt qu'un directeur d'agence et encore moins d'un motard, hahaha !

Le rire de Marc était sonore et gras, tellement communicatif que les autres autours de lui se mirent à rire.

- Ouais... J'sais... répondit Aaron sans rire, l'air surtout dépité par l'attitude de son président qui ne semblait pas faire attention à la réelle menace de cet homme.