𝑳𝒂 𝑫𝒆𝒓𝒏𝒊𝒆̀𝒓𝒆 𝑻𝒐𝒅𝒐𝒓𝒐𝒌𝒊 (𝑯𝒂𝒘𝒌𝒔 𝑿 𝑶𝒄)

Chapitre 4

Il était relativement compliqué pour moi de bouger ne serait-ce que mon bras. Hawks prenait déjà beaucoup de place et ses ailes rouges sang n'arrangeaient rien du tout. Ma joue collée contre la vitre du bus, je regardai le paysage défiler sous mes yeux.

Le soleil venait de disparaitre derrière les hauts buildings qui touchaient le ciel de leurs bouts en brique, en verre, ou en métal. Les lampadaires étaient maintenant allumés, éclairant les rues environnantes d'une lumière aveuglante.

Une multitude de passants se pressaient vers les bouches de métro. Tenant un enfant habillé de la tête au pied en rose ou en noir d'une main, et une malette de travail dans l'autre, ils jouaient tous des coudes pour passer dans la foule de monde.

Je réprimai un bâillement au fond de ma gorge. Ce spectacle me faisait presque oublier que je me trouvais à côté d'un héro, de l'odeur putride de sueur et de cuire, de la vitre qui collait à ma joue, et des pneus usés grinçants sur le béton.

Même la radio qui laissait passer une musique fort désagréable dans tout le bus ne pouvait arrêter la sensation de fatigue qui se répandait dans mon corps engourdit.

Très vite, mes yeux se fermèrent et je ne fis rien pour les rouvrir. Ma tête se balançant mollement contre la vitre, je laissai mes pensées divaguer, non pas sur le meurtre, ni sur le héro, mais sur des sujets sans queue ni tête qui annonçaient que j'allais bientôt sombrer dans le sommeil le plus profond.

Je sentis quelque chose de chaud me recouvrir le corps, et je serrai mes bras dessus pour garder cette chaleur près de moi. Les secousses du bus, et le ronronnement du moteur étaient les seuls choses qui m'importaient en cet instant de somnolence. Cette pause était si agréable.

Le bus finit par s'arrêter, et le chauffeur cria au terminus.

J'ouvris péniblement les yeux, et constatai immédiatement que la chose qui me tenait chaud était la lourde veste de Hawks. Dans un mouvement de panique je la repoussai brusquement et me redressai sur mon siège en cuire en le fusillant du regard.

Hawks restait assit, les mains sur ses genoux à me regarder avec calme.

- J-je n'en avais pas besoin.

Mes yeux s'attardèrent sur son cou maintenant découvert. Sa veste cachait un beau corps.

- Merci. Dis-je avec rage avant de sortir non sans un certain effort du bus.

Il me suivit en mettant sa veste sur son épaule. Elle se balança paresseusement dans son dos alors que l'on passait la porte du commissariat.

Rentrant dans la grande pièce circulaire que je partageais avec Yoko en guise de bureau, je pus constater que malgré l'heure tardive, elle était toujours assise à travailler.

Sa main caressant son ventre rond, elle épluchait des dossiers sur une autre enquête en cours.

- Tu devrais rentrer chez toi. Criais-je avec colère. Tu te fatigues, le petit va bientôt naître.

Elle ria un court instant avant de voir que je ne plaisantais pas.

- Ne t'inquiètes pas Hanae, je t'assure que je vais bien.

Je souris avec tendresse. Ma collègue ne pouvait me mettre en colère que quelques secondes, ce qui, en me connaissant, est déjà un véritable exploit.

- Incroyable .... Murmura Hawks d'un ton moqueur, dans un coin de la pièce. (J'avais presque oublié son existence.) Hanae qui sourit.

- La ferme toi !

Yoko fronça les sourcils.
- Vous ne vous entendez pas ? Dit elle avec déception.

La voir comme cela me fit me figer sur place et je fus immédiatement rongée par la culpabilité. Voyant ma détresse le héro décida enfin de servir à quelque chose, et prit la parole.

- Si, on se tolère, c'est juste compliqué on ne se connait pas suffisamment.

Elle retrouva immédiatement son sourire, et je lâchai un regard reconnaissant à Hawks.

Soudainement la porte du bureau de Aïko s'ouvrit à la volée, et le jeune homme sortit en trombe de la pièce qui semblait plongée dans l'obscurité.

Aïko était arrivé depuis un mois maintenant, et il était si efficace qu'il paraissait être un vétéran. Il replaça ses cheveux noir en arrière avec un air fière et posa un dossier sur mon bureau.

- Les caméras de surveillance du quartier ont filmé quelque chose au moment du meurtre : on voit un deuxième homme à l'entrée de la ruelle regarder le meurtre avant de s'enfuir en courant.

Je mis mes lunettes à montures dorées sur mon nez, et regardai la photo.

- Un témoin potentiel ?

- Sûrement. Il haussa les épaules et repartit dans son bureau en claquant la porte derrière lui.

J'examinai la photo d'un œil calculateur. La silhouette était frêle, presque squelettique. Sa capuche rabattue sur sa tête.

- On dirait un adolescent ... Fit remarquer Yoko timidement.

Dans sa main une batte de base-ball.

- C'est plus qu'un adolescent... Murmurai-je
- C'est un délinquant. Continua Hawks, comme la mère de famille nous l'avait indiqué.

Yoko se leva dans un effort surhumain.
- Il faut retrouver cet enfant, c'est le témoin le plus important de l'enquête. Il a sûrement vu le tueur, il enlève toujours son masque quand il torture sa victime.

Je me massai la tempe pour réfléchir.

- On va faire des rondes jusqu'à en trouver un. Les adolescents de ce quartier se connaissent tous d'une manière ou d'une autre.

Hawks leva la main en signe de protestation.

- Il est mineur, la procédure est bien plus complexe.

Je claquai la langue avec agacement.

- On s'en moque de la procédure dans une affaire comme celle ci. Il faut retrouver le tueur rapidement avant qu'il ne fasse d'autre victime.

- J'en parlerai à ta supérieur.

- C'est une menace ? Je frappai du poing sur la table et le dossier tomba sur le sol.
Il me regarda avec un air froid.

- Oui peut-être bien.

Je l'ignorais, et c'est avec dédain que je sortis du bureau en ramassant le pauvre dossier sur le sol.

Derrière moi j'entendis les pas de mon coéquipier de fortune me suivre, mais je n'avais plus la force de l'envoyer balader.

Je rentrais chez moi en soupirant, et Hawks m'emboîta le pas.

- Je dors chez toi ce soir il faut qu'on parle du dossier et qu'on mette au point des .... détails.