Chapitre 11 : L'amour, c'est comme le poker !

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     Dans la cours de la maison, monsieur Gueye, toujours, arme à la main et le pointant sur Thierno. Immobile comme un statut, ce dernier avait les mains hautes, bien en l’air. Il ne s’attendait pas à ça, ses yeux écarquillés en disaient long.

― Espèce d’imbécile, tu penses que je t’ai donné la main de ma fille pour que tu la traite comme une ânesse ? aboya monsieur Gueye.

Stagne et mains toujours en l’air, Thierno essaya de nier les faits :

― Monsieur attendez, je vais tout vous expliquer. Cela ne s’est pas passé comme …

― Tais-toi espèce de voyou cria monsieur Gueye.

Les cris de la bonne alertèrent Ana qui sortit, avec célérité, de sa chambre. Elle s’accourut et vit son père revolver à la main et pointé sur Thierno. Le choc faillit lui ôter l’usage de ses jambes et celui de sa langue avec. En venant dans cette maison, Thierno s’était jeté dans gueule du loup.

Toujours sous le choc, Ana tenta de dissuader son père de ne commettre l’irréparable :

— Papa baisses cet arme ! dit-elle.

— Non ma fille laisses moi régler son compte à ce malfrat.

— Papa ne fais pas cela. Si seulement je compte pour toi baisse ce pistolet et menons cette lutte de manière civilisée. Le sang de ce lâche ne fera que te salir. Il n’en vaut pas la peine.

  La sonnette de la maison fit effet une nouvelle fois. Toute tremblante et se trouvant tout près de la porte, la bonne de la maison l'ouvrit : c’était maître Ly, l’avocat de la famille qui venait d’arriver. Il fut, lui aussi, choqué au vu de la scène.

― Mais qu’est-ce qui se passe ici ? questionna-t-il.

  Ana continuait inlassablement de demander à son père de baisser son arme. L'avocat décida de prêter main forte à Ana. Il fit confiance à ces talents d’orateur et s’invita au processus de dissuasion :

― Monsieur Gueye baissez votre arme. Ne faites pas cela, votre fille à besoin de vous.

— Papa écoute nous s’il te plaît ! supplia Ana.

      Thierno commençait à suer, des gouttelettes qui perlaient sont front ruisselaient déjà sur sa figure. Ces mains en l’air commençaient à trembloter. Il ne pipa mot, il demeura muet. Monsieur Gueye avait l’index gauche sur la gâchette, prête à tirer. Il se bornait à n'écouter personne même la voix douce de sa fille encore moins celle convaincante de maître Ly.
 
   Sachant que son père n’allait obtempérer, Ana s’interposa. En un geste prompt, elle se glissa et s'infiltra entre son père et Thierno s’exposant ainsi à l’arme braquée par son père :

― Baisses cette arme papa supplia-elle.

― Ôtes toi de là ma fille gronda monsieur Gueye.

Engagée, Ana ne bougea d’un iota.

― Baissez votre arme monsieur avant que vous ne blessiez votre fille reprit l’avocat.

  Monsieur Gueye toujours maintenait son arme. Il regretta déjà de n’avoir pu tirer une balle sur Thierno avant que n’arrivèrent sa fille et maitre Ly. Il n’avait le choix maintenant. Avec amertume, il baissa son arme en criant à Thierno :

― Dégage fils de pute ! J’aurai ta peau. Tu ne paies rien pour attendre. Tu verras ma fureur !

Bouche cousue, Thierno ne pipa mot. Il se tourna et partit la queue entre les jambes.   

…Un amour impossible…

  Après le départ de Thierno, la température âpre baissa. Le calme revint. Maître Ly fut convié au salon. Une fois assis, il demanda la raison de sa présence :

― Oui maître, j’ai fait appel à vous parce que ma fille Ana va entamer une procédure de divorce contre son mari, Thierno.

― Mais est-ce que qu’elle a une raison bien précise qui la motive à vouloir divorcer ? demanda l’avocat. Pour une dissolution de mariage, il faut qu’il y ait au moins une faute opposable à l’un des époux.

― Précisément maître, mon mari me trompe avec sa secrétaire dit Ana. Et lorsque je l’ai découvert, je lui ai demandé le divorce. Depuis lors, il commence à me faire du chantage. Et comme si cela ne suffisait pas, il me vaupit des injures quasi quotidiennes. Sans oublier la violence physique qu’il exerce contre ma personne. 

   Maître Ly demeura silencieux pendant un petit moment. Il était toujours confronté à ce genre de cas. Cette histoire de Ana sembla ne point le choquer. Main droite sur le menton, il analysait les dires de Ana. Puis il répondit avec une analyse syllogistique :

― Et bien chère Ana, L’article 166 du code de la famille a énuméré les causes de divorce. Parmi ces causes figurent l’infidélité, les mauvais traitements, les excès, sévices ou injures graves à l’égard de l’un des époux. Or, ton mari Thierno a commis ces fautes que je viens de nommer. Donc, tu a la possibilité de divorcer de ton mari pour fautes commises par celui-ci. 

― Oh que Dieu soit loué ! s’exclama Ana. Je vais pouvoir me séparer de cet homme.

Son père aussi n’en resta pas moins content. Il reposa à l’avocat une nouvelle question :

― Maître quelles sont les procédures à entreprendre pour ce divorce ?

Tel un étudiant qui récitait sa leçon de droit, Maître Ly déballa toutes les informations relatives à la procédure à entreprendre. Après de longues explications, l’avocat réitéra son engagement à la famille Gueye :

― Surtout ne vous inquiétez pas dit-il. Je vais prendre les choses en main et je promets de faire en sorte que, dans les limites de mes possibilités, Ana puisse se séparer de monsieur Thierno.

……Un amour impossible…..

    Plusieurs semaines se succédèrent depuis que Ana avait entamé la procédure de divorce. Après une lutte sans merci entre les deux parties, le juge prononça le divorce aux torts exclusifs de Thierno. Ana avait gagné le combat. Elle avait décidé de ne pas porter plainte contre Thierno pour toutes ces choses immondes qu’il lui avait fait subir. Elle voulait laisser derrière elle toute rancune. Elle voulait mener une nouvelle vie.

  Depuis le divorce de Ana, Papo hésitait encore et encore pour dire à Ana qu’il l’aimait. Tenaillé par ses sentiments, il essayait tant bien que mal, à certains moments, de les ignorer, mais en vain. Ils étaient plus forts que lui. Alors, il décida de tout balancer.

   Maintenant devant la porte du bureau de Ana, le doute et la peur l’envahirent. Le doute parce qu’il s’inquiétait déjà de la réponse de celle-ci ; la peur parce qu’il ne voulait en aucun cas perdre son amitié en dévoilant son amour. Dévoiler ses sentiments à une amie, c’est comme s’adonner au jeu de poker : tu es chanceux, tu gagnes tout ; tu es malchanceux, tu perds tout, l’amitié et l’amour avec.

Confiant, Papo avait décidé de prendre les cartes et de jouer à ce jeu du hasard. Pour lui la récompense valait la peine de prendre le risque. Il prit son courage à deux mains et toqua à la porte. La voix douce de Ana l’invita à entrer. Il ouvrit la porte et entra …

À suivre…

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Un Amour Impossible Où les histoires vivent. Découvrez maintenant