Chapitre 4 - Passé

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-Septembre

J'avais hésité à répondre à ses messages. Ils m'ont fait sourire, mais j'étais dans mon endroit et je voulais juste être tranquille alors pendant quelques minutes, j'ai laissé. Je n'ai rien répondu, pas ouvert. Puis finalement plutôt que de me tracasser avec ça, j'ai ouvert et répondu.

« Salut ! Ça va, et toi, tu te fais à ton nouvel et immense établissement ? »

Puis cette fois, afin de ne pas être dérangé par une quelconque notification, j'ai mis mon téléphone en mode « ne pas déranger » et je l'ai rangé. Je suis resté un moment là, assis sur le pont, à observer les gens, les arbres et leurs feuilles resplendissantes sous le soleil de septembre qui m'éblouit toujours autant.

J'ai attendu dix-sept heures bien passées pour envisager de rentrer à l'appartement. Même après m'être dit que je devais rentrer, je suis encore resté une bonne dizaine de minutes sur ce pont, à observer les gens venir sur l'herbe et s'en aller. Puis finalement, après la dernière chanson qui passe dans mes oreilles, je rassemble des forces dans mes jambes que je repasse au dessus du bord en pierre du pont puis saute pour atterrir sur le pont. J'enlève rapidement la poussière qui peut se trouver sur mon jean, remets mon sac sur mon dos et entame le chemin inverse pour rentrer. J'avance presque à reculons. Il fut un temps où j'aimais rentrer chez moi. En partie parce que c'est chez moi, que j'ai mes affaires, enfin, c'est ma maison. C'est l'endroit où je pourrai toujours rentrer. Mais toujours pouvoir y aller ne veut pas dire toujours s'y sentir bien. Alors malgré la fatigue, les jambes qui commencent à être lourdes, les pieds qui deviennent douloureux, je fais le maximum de détour pour rentrer dans cet endroit qui sera vide à mon arrivée.

Le soleil est encore haut dans le ciel, malgré l'heure qui avance progressivement. Nous ne sommes que début septembre, donc ce n'est pas très étonnant. Lorsque enfin j'arrive devant chez moi, je prends quelques secondes pour observer le ciel d'en bas. Les étoiles ne sont pas encore visibles. De temps en temps, l'étoile du Berger apparaît tôt mais ce n'est apparemment pas le cas aujourd'hui. En entrant dans l'immeuble, je ne croise pas de voisins, mais à l'heure qu'il est, s'ils ne sont pas encore de retour chez eux, ils ne vont pas tarder, alors je grimpe rapidement les escaliers. L'épuisement se ressent dans mes jambes lorsque je monte les dernières marches. J'entre les clés dans la serrure et pousse la porte. Le silence s'abat sur moi tout comme la noirceur de l'entrée.

J'avance jusque ma chambre, je pose mes affaires et laisse mon regard deviner ce qui traîne au sol dans la pénombre. Mes volets sont entrouverts, projetant l'ombre de mes affaires vers moi, me donnant comme une impression d'être bientôt ensevelie par cette noirceur. Si physiquement ce n'est pas possible, mes pensées, elles, s'assombrissent rapidement. La solitude qui me donne pourtant l'impression de me tenir compagnie, me pèse plus qu'elle ne m'aide. Je sors de ma chambre après avoir posé mon manteau sur ma chaise et retiré mes chaussures. Je rejoins le salon, m'assois sur le canapé et allume la télé. J'écoute seulement les informations. Pas grand chose de nouveau. Toujours les mêmes thématiques qui tournent en boucle, une boucle infernale qui m'encercle, m'empêchant de sortir de cette routine. Chaque jours c'est la même chose. Je cherche du positif dans ma journée. Je retourne dans ma chambre pour chercher un petit carnet que ma mère m'a offert quelques années auparavant dans laquelle j'ai commencé à faire une liste des choses positives le jour de la rentrée.

1. J'ai rencontré une nouvelle personne qui a l'air gentille.

2. Cette même personne m'a contacté sur les réseaux.

Il faut d'ailleurs que je regarde s'il m'a répondu. Enfin, je crois avoir vu une notification, mais je voulais attendre d'être rentré pour l'ouvrir.

Avec un titre [L.S]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant