Chapitre 11 - Présent

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    Contrairement aux jours qui ont suivi notre première... rencontre, appelons ça ainsi, cette fois, les messages ont fusé des deux côtés malgré le fait que notre seconde sortie ne date que d'hier. Avec souvent un temps entre chaque échange – on ne change pas ses habitudes aussi facilement–, puisque comme d'habitude, lorsque me prend le besoin de me couper du monde, je supprime les notifications et ne répond que lorsque l'envie me prend. Ce qui peut potentiellement n'arriver que le jour suivant celui durant lequel j'ai reçu le message. Pas très clair tout ça, mais si j'ai évolué sur beaucoup de points, être clair dans ma façon de m'exprimer n'en fait absolument pas partie.

    J'ai dû aller faire des courses, mon frigo étant maintenant quasiment vide depuis deux jours, et je suis en train de rajouter le montant de mon panier à ma liste de dépenses de ce mois. Je me fais violence pour être rigoureux sur mon budget et le tenir correctement, noter chacune de mes dépenses... C'est bien le seul côté de l'argent qui n'est pas tabou chez moi, lorsqu'il s'agit de mes propres dépenses. J'ai besoin de savoir ce que je fais de mon argent, de savoir combien il me reste, comment je vais le gérer... C'est presque une obsession chez moi. Pourtant, je ne supporte pas d'en parler autrement. Dès que c'est un sujet qui est amené sur la table par n'importe qui, je coupe la conversation et change de sujet. Pas que j'ai un réel problème avec ça. Juste que je veux être certain qu'on ne me répétera pas une fois de plus que je dois faire attention, que l'argent ne tombe pas du ciel, que je ne dois pas dépenser en tout et n'importe quoi, etc... On m'a si souvent répété que je n'avais pas la notion de l'argent, que je ne me rendais pas compte que je ne supporte plus d'en entendre parler. J'ai tellement entendu qu'il fallait faire attention avec l'argent que justement, c'est devenu une obsession de savoir le gérer, de savoir où passe le moindre centime. Alors non, je ne supporte plus qu'on m'en parle aujourd'hui.

    Nous n'avons pas parlé de sujets particulièrement sérieux avec Harry, c'était plus des blagues, des sujets légers, et ça fait du bien aussi, de voir qu'on est encore capable de bien nous marrer ensemble. On sonne chez moi, je dis en élevant la voix que c'est ouvert et éteins le four pour laisser le petit plat de lasagnes que j'ai préparé au chaud. Ma sœur s'annonce en retirant ses chaussures après avoir claqué la porte.


« Cher frère, comment vas-tu aujourd'hui ? Ta petite sœur chérie ne t'a pas trop manqué ? » m'interroge Charlotte d'un air dramatique.

« Tu sais que je t'ai vue il y a trois jours ? » je demande, un sourire amusé au coin des lèvres alors que je la serre brièvement dans mes bras avant qu'elle ne pose son manteau sur le dossier d'une des chaises qui entoure la grande table.

« Alors, que me proposes-tu à manger en ce jour grandiose ? » demande ma sœur en se jetant presque dans mon canapé.


    Je réponds rapidement que j'ai préparé des lasagnes, mais l'interroge sur la raison de ce jour « grandiose ». Ma sœur commence à me raconter sa journée, m'explique qu'elle a eu la meilleure note de son groupe à l'un de ses partiels et je suis ravi pour elle. Le début des études supérieures est toujours compliqué mais elle a su ne pas perdre espoir et ne pas abandonner face à ses déceptions et aujourd'hui, elle est en deuxième année de licence de lettres. Je suis fier d'elle.

    Je lui demande si elle veut boire une bière en attendant de manger, mais elle décline et me demande plutôt du jus de fruit.


« Tu sais, pour lundi soir, je suis désolée que ça se soit passé comme ça... » m'explique Charlotte.


    Mais elle n'a pas à s'excuser. Elle n'y est pour rien.


« Tu sais aussi bien que moi que tu n'y es pour rien.

Avec un titre [L.S]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant