Chapitre 19 - Présent

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    Le lendemain, j'étais parti au travail en laissant un mot à Harry. Je lui avais redonné mon numéro, donc il pouvait me joindre si besoin. Je doutais qu'ille fasse, mais dans tous les cas, le fait qu'il n'ait pas eu envie de rentrer chez lui hier me tracassait. Je ne comprenais pas pourquoi il avait préféré rester chez moi. Pas que ça m'ait dérangé. Au contraire. Mais j'ai tellement eu l'habitude de ne pas vouloir rentrer chez moi parce que je n'avais pas envie de rentrer dans un foyer dans lequel je ne me sentais pas à ma place, que je m'interroge lorsque les gens ne souhaitent pas rentrer chez eux.

    Aux alentours de neuf heures, j'ai reçu un message.


From Harry :


« Tu dois commencer tôt pour être parti avant huit heures. Je n'ai pas vu ton mot tout de suite. Merci de m'avoir laissé rester cette nuit. Je veux juste que tu saches que je suis content que tu m'aies parlé hier. J'espère qu'on se reverra vite. Je t'embrasse. »


    Je ne savais pas quoi répondre. Devais-je lui dire pour mes insomnies ? Non, pas d'intérêt. Je repose mon téléphone, décidant que je lui répondrai plus tard. Le temps de réfléchir à quoi répondre. Je me replonge dans mon travail, sans parvenir à virer Harry de mes pensées. Il n'a rien à y faire tant que je suis au bureau, mais je ne parviens pas à l'en sortir.

    Quand je réussis enfin à penser à autre chose, ce n'est pas pour me concentrer sur mon travail. Ma mère et ma sœur s'infiltrent à leur tour et de fil en aiguille, je finis par penser à mon père que je ne vois pas souvent. Il a déménagé dans une autre région avec sa femme après que ma sœur a terminé le lycée. Je devrais sûrement me prendre des vacances pour aller leur rendre visite. Je ne les ai pas vu depuis deux mois.

    En début d'après-midi, mon boss m'annonce que je peux y aller, je ne vérifie pas l'heure et range mes affaires. Il m'a fait une fois le coup de me le dire alors qu'il me restait une heure avant de terminer, mais il a vite compris que j'avais besoin de travailler et n'a jamais réessayé de me faire partir en avance sans m'en laisser le choix. Donc je lui fais confiance sur l'heure. En sortant, je prends le temps d'observer ce qui m'entoure. Les bâtiments qui commencent à faire leur âge, le crépit qui s'écaille, le goudron qui s'affaisse. Ma ville vieillit. Elle a déjà fait son temps, mais est encore là pour un long moment. Je monte dans ma voiture et lance la radio. J'ai envie de faire un tour. Ce n'est pas bon pour la planète, mais pour une fois que j'ai envie de conduire...

    Avant de me mettre en route, je déverrouille mon téléphone pour le brancher sur ma voiture et pouvoir lancer ma playlist. Un morceau de Linkin Park résonne vite autour de moi alors que je surveille la circulation pour pouvoir sortir de ma place. Habitant dans une ville entourée de campagne et de forêt, j'ai le choix sur les routes hors des rues citadines. Je baisse légèrement mes fenêtres pour respirer et me concentre sur la route. J'arrive enfin à me concentrer pleinement sur quelque chose.





    Le temps a filé et il doit être bien seize heures passées lorsque je me gare en bas de chez moi. Je pose mes clés dans l'entrée après avoir fermé ma porte et me laisse tomber sur mon canapé. Mon téléphone s'échappe de mes mains et je me souviens du message de Harry que j'ai reçu plus tôt dans la journée.


From Louis :


« Je commence toujours tôt, mais j'ai aussi l'avantage de terminer mes journées plus tôt. J'espère ne pas t'avoir réveillé en partant. Comment vas-tu ? On se revoit quand tu le souhaites. Je t'embrasse. »


    J'éteins mon téléphone et me relève pour me diriger vers ma chambre. Je me dévêts pour me retrouver en boxer et me laisse tomber dans mes draps. La fatigue m'emporte au moment où je m'aperçois que le semblant de parfum reposant sur mon lit m'apaise et pour cause. C'est celui de Harry.

Avec un titre [L.S]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant