-Novembre
En entendant la sonnette de mon appartement retentir puis des clés s'insérer dans le serrure, je souris. J'avais oublié que ma grand-mère venait me voir aujourd'hui. Elle arrive dans le salon, encombrée de son sac à main et d'un second sac. Elle pose ses affaires sur le canapé et vient m'embrasser la joue.
« Alors, comment tu vas ? » m'interroge-t-elle, un grand sourire sur les lèvres.
Ma grand-mère commence à sortir quelques courses qu'elle a fait pour nous en venant et me dit ce qu'elle a prévu pour nous deux ce midi. Une chance que jen'ai pas encore mangé et que je vienne d'arriver. J'ai deux heures pour déjeuner le mercredi midi, donc je ne me presse pas autant que les autres jours. Je m'assois au sol dans la cuisine – je passe un peu trop de temps assis par terre, que ce soit dans ma chambre, dans le salon parfois, ou dans la cuisine, je m'assois souvent au sol alors qu'il y a des sièges – alors que ma grand-mère me parle de mes cours, me demandant si tout va comme je veux.
« J'ai eu quelques notes, des bonnes et des mauvaises, mais bon, je suis toujours au-dessus de dix de moyenne donc ça va. » j'explique.
Elle commence à me parler un peu de mes cousins et de ma tante, me dit qu'il faudrait qu'on aille à Paris un de ces jours, si ça me dit. Je pense alors aux vacances de Noël qui me rappellent que petit, elle m'emmenait souvent voir les devantures des magasins de la capitale. Alors qu'un blanc s'installe doucement, j'hésite à prendre la parole. La consommation d'alcool de ma mère m'interpelle depuis quelques temps et j'aimerais pouvoir partager mes inquiétudes avec quelqu'un. Finalement, je me lance.
« Au fait... Je me demandais... Pour toi, c'est grave de boire quelques verres d'alcool tous les jours ? »
Pour commencer, je n'explique pas mes inquiétudes. De la même façon que j'ai questionné mon père un soir où j'étais chez lui, je me contente de poser cette question.
« Eh bien, il ne faut en principe pas boire tous les jours. Généralement, on dit un ou deux verre par jour, mais pas tous les jours. Pourquoi ?
- Tu sais... » Je commence sans savoir comment aborder le sujet. « Maman boit tous les jours et ne s'arrête pas à deux verres... Quand elle vide son verre, elle le remplit. Et c'est comme ça jusqu'à ce qu'elle s'endorme. »
Ma grand-mère n'ajoute rien pendant quelques secondes. Je garde mon regard posé sur elle, mais n'ajoute rien.
« J'avais bien remarqué qu'elle abusait un peu sur la quantité.
- Je le remarque, quand elle a vraiment trop bu. C'est pas tous les jours, mais il arrive qu'elle ait tellement bu qu'elle soit complètement avachie dans le canapé quand on mange, qu'elle fasse tomber ses couverts, elle est lente dans ses réactions, et... J'ai cru remarquer qu'avec de l'alcool dans le sang, la voix change un peu.
- Je vais essayer de lui parler. Mais tu devrais essayer aussi. » Me dit ma grand-mère.
Mais si seulement c'était si facile. Je donnerais tout pour que ce soit aussi simple. Pourtant, ce n'est pas le cas.
Dès que j'essaye d'aborder un sujet avec ma mère, elle reste sur ses positions et est incapable d'entendre des reproches. Sauf que ça devient pesant de ne rien pouvoir dire. De tout enfermer en moi. J'en arrive à un point où les rares fois où j'ai tenté d'aborder un quelconque sujet avec ma mère, on se prend la tête, je m'en prends plein la figure, je ne comprends jamais rien comme il le faut, j'ai tord, je me souviens mal. À force d'entendre tout ça, j'en ris nerveusement chaque fois qu'on s'embrouille. Pour la simple raison que je trouve ses propos ridicules. Il arrive qu'elle me dise que j'ai les mêmes arguments que ma sœur quelques années plus tôt, pour autant, même si c'est à mon tour de les lui répéter, il ne lui ai jamais venu àl'esprit de chercher à comprendre d'où sortent nos reproches. Et si je refuse de parler de sa consommation d'alcool à ma mère, c'est parce que je sais pertinemment qu'elle me dira que j'exagère les choses. Que ce n'est pas si grave.
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Avec un titre [L.S]
ФанфикLes mots sont puissants. Je m'en suis rendu compte où j'ai cessé d'oser les employer. D'en employer certains. Parce que les utiliser, ça revenait à accepter des évidences qui me paraissaient inconcevables. Et que ces vérités, j'ai appris que le temp...