-Décembre
Si j'ai eu un peu de mal à me faire à cette relation nouvelle, après avoir passé des jours voire des semaines à faire comme s'il ne s'était rien passé avec Harry, j'ai eu un peu de mal à me faire à nos regards se cherchant sans cesse et ne se fuyant pas une fois trouvés, les baisers volés au coin d'un couloir vide, les mains qui se frôlent... Nous ne nous sommes pas trop affichés et aujourd'hui encore, nous ne le faisons pas trop, on ne se cache pas trop non plus, mais je crois que même sans en avoir parlé avant, nous avons convenu que nous n'avions pas besoin de nous exposer et que garder nos moments pour nous, c'était bien aussi. Tout le monde avait déjà l'habitude de nous voir nous balader ensemble donc ça n'a choqué personne, d'autant plus que de l'extérieur, je ne crois vraiment pas que qui que ce soit aurait pu faire une remarque. Les moments où il nous arrive d'être plus démonstratifs sont des instants que nous gardons généralement pour nous.
En sortant du lycée, Harry propose que nous fassions quelque chose tous les deux ou que nous planifions quelque chose. Je lui propose d'aller au pont sur lequel j'ai l'habitude d'aller, à peu près certain que nous serons seuls ou presque. À cette période de l'année, peu de gens s'y rendent. La forêt peut être à la fois si belle en plein jour avec la lueur du soleil hivernal filtrée par les arbres, mais si effrayant en fin d'après-midi lorsque le soleil est couché, nous abandonnant aux gigantesques ombres de la vie forestière.
Il n'est pas encore dix-sept heures alors il fait encore jour pour lemoment. Lorsque nous arrivons à la lisière de la forêt, je vois le bras de Harry se tendre vers le mien du coin de l'oeil. Un sourire se dessine sur mon visage alors que j'agis comme si je ne m'en étais pas aperçu. Je me mords la lèvre pour m'empêcher de sourire encore plus lorsque nos doigts s'entremêlent. Ses doigts sont gelés contre les miens toujours chauds.
« Il faudra que tu m'apprennes ton secret pour avoir les mains chaudes même en hiver. Moi, même en été, mes mains restent aussi froides que des glaçons. » me dit-il en se rapprochant un peu de moi.
Je ris alors que nous poursuivons notre chemin. Une fois arrivés à notre destination, nous avons vue sur le soleil qui rejoins l'horizon comme pour nous fuir. À cet instant, nous pourrions nous prendre pour les maîtres du monde face auxquels le soleil s'incline.
« Tu t'es déjà interrogé sur ta place dans l'univers ? » je lance comme une bouteille à la mer alors que mon regard se perd quelque part entre l'astre centrale du système solaire et cette ligne séparant le ciel de la Terre.
« Hm... Sûrement. Oui. C'est même sûr. Mais j'ai arrêté rapidement. Si je suis là, c'est que je dois être là. Parfois, on me dit que c'est choisir la simplicité de croire en le destin. Que c'est une façon de fuir, mais que ce soit le cas ou non, c'est ma façon defaire et cela ne veut pas dire que je remets toute ma vie entre les mains du destin. Si c'était le cas, je ne m'embêterais pas à prendre une décision et je laisserais le hasard décider pour moi à chaque fois. Dans la vie on est forcément amené à faire des choix. Qu'on croit au destin ou pas. À partir de là, je considère qu'on ne peut pas dire que je fuis ma vie, mais c'est vrai que ouais, je considère que si je suis là, c'est que je dois être là. Et je pense que oui, certains sont sûrement là pour des raisons importantes, moi c'est juste parce que je dois vivre et construire ma vie. Qui sait qui je deviendrai le mois prochain ? De toute façon, vu tout ce qui nous entoure, je considère que je suis une personne insignifiante. Je m'égare un peu beaucoup. Mais ce que je veux dire, c'est que je pense que peu importe notre place, on est là, autant vivre comme on le souhaite. »
Cette discussion me rappelle celle que nous avons eu au début de l'année quand je lui avais demandé s'il pensait que les étoiles ressentaient quelque chose.
« Tu sais, tu voulais qu'on se fasses une sortie tous les deux ? Qu'est-ce que tu dirais de la patinoire ? Il y en a une qui va s'installer en ville début janvier. Je sais que ça fait loin, mais après sinon, la seule idée que j'avais c'était la piscine, parce qu'évidemment il y en a une intérieur dans celle de la ville, mais j'avoue je suis moyennement motivé. »
Mes coudes me démangent. Je fais de l'eczéma à cause du stress. J'ai une crème à mettre pour le traiter, en principe. Seulement, après l'avoir fait deux fois pour finalement m'apercevoir que ça revenait chaque fois, j'ai fini par arrêter. Mes démangeaisons se déplacent vers mes avant-bras bien que cela n'ait de lien qu'avec le stress. Mon eczéma ne s'étend pas sur mes bras et reste vraiment localisé au niveau de mes coudes.
« C'est parfait, la patinoire. Par contre, ça fait longtemps que je n'en ai pas fait !
- Chaque année, quand j'y retourne, j'ai oublié comment patiner alors tu sais... » je souris, déjà amusé de cette sortie.
Alors que nos doigts étaient toujours enlacés, Harry se tourne vers moi, s'asseyant à moitié en tailleur sur le pont, une jambe pendant toujours dans le vide. Il embrasse tendrement ma joue avant que ma main ne rejoigne la sienne pour diriger ses lèvres vers les miennes. Je retrouve enfin cette sensation de sa bouche contre la mienne et c'est presque plus enivrant que la première fois où nous nous sommes embrassés avec de l'alcool dans le sang. Je ressens soudain le besoin de m'exprimer sur ce sujet.
« Tu sais, pour le soir de Halloween... J'avais un peu bu, ce soir-là, mais c'est rare. Je n'avais jamais bu et je ne compte pas le refaire. Je n'aime pas boire de l'alcool. Je voulais voir ce que ça faisait... »
D'être ivre. Ivre d'alcool. Je voulais savoir ce que l'on ressentait en ayant de l'alcool dans le sang. Je ne le dis pas parce que les mots refusent de sortir de ma bouche. Quand ça touche à l'alcool, généralement les mots préfèrent s'enfermer à double tour au fond de moi. Ils ne sortent pas.
« Tu n'as pas à te justifier, ne t'inquiète pas. Quand bien même tu voudrais boire à nouveau, ça te regarde. Je n'ai rien à te dire là-dessus. Je suis le premier à avoir tendance à boire en soirée. Mais je crois que je te l'ai déjà dit. » me sourit-il gentiment.
En effet, je me souviens que le sujet ait été abordé lors d'une de nos nombreuses discussions. J'offre un léger sourire en retour à celui du jeune homme aux cheveux bouclés assis en face de moi. J'hésite quelques instants avant de laisser ma tête tomber sur son épaule. Son bras passe autour de mes épaules alors que nous nous enlaçons dans le plus secret des silences gardés par la nuit et la forêt. Les rares témoins possibles pourraient être les habitants de cette forêt. Lorsque mes yeux s'ouvrent à nouveau, le noir nous entoure et mes pieds dans le vide me font paniquer. Je perds facilement l'équilibre dans le noir à cause de la perte de repères. Je sens mon pouls s'accélérer alors que je demande à Harry si nous pouvons rentrer. Comme depuis que nous sommes entrés dans la forêt, nous la quittons toujours les mains liées.
En arrivant en bas de chez moi, j'embrasse chastement les lèvres de Harry avant de me tourner vers mon immeuble. Je lui souris une dernière fois en le saluant avant de rentrer chez moi.
La pote refermée, je file dans ma chambre pour attraper mon carnet sur le coin de mon bureau. J'ai besoin de faire la liste des choses positives qui me sont arrivées aujourd'hui maintenant. J'ai ce besoin irrationnel de le faire là, tout de suite.
Mon sourire ne me quitte pas pour ce soir. Je ne sais pas ce que me réserve demain, mais Harry a la faculté de me faire penser et profiter de l'instant présent. J'espère sincèrement que ça durera. J'ai déjà hâte de le retrouver demain.
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Bonsoir ! Comment allez-vous ?
Voici donc un nouveau chapitre. J'ai pu terminer le chapitre de dimanche hier soir.
Mon opération m'a un peu empêché d'écrire en début de journée parce que je tenais du froid sur ma mâchoire, mais je n'ai presque pas mal ce soir, donc je peux un peu faire comme je veux concernant l'écriture et la lecture donc je vais poursuivre l'écriture du prochain chapitre ce soir.
Une chose positive de votre journée ?
Prenez soin de vous, ayez confiance en vous et n'oubliez pas que vous êtes importants.
S.
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Avec un titre [L.S]
Fiksi PenggemarLes mots sont puissants. Je m'en suis rendu compte où j'ai cessé d'oser les employer. D'en employer certains. Parce que les utiliser, ça revenait à accepter des évidences qui me paraissaient inconcevables. Et que ces vérités, j'ai appris que le temp...