Chapitre 13 - Présent

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Autant je suis quelqu'un qui met du temps à répondre, autant ce n'est généralement pas le cas de Harry. On pourrait me dire que je le connaissais il y a cinq ans, mais plus aujourd'hui. Ce serait vrai. Pourtant, depuis que nous avons repris contact, il ne s'est pas passé plus de vingt-quatre heures sans que nous échangions jusqu'aujourd'hui. Harry mettait parfois quelques heures à répondre pour des raisons qui le regardent, autant, ne pas répondre pendant cinq jours, c'est une première. J'ai laissé passer, me disant qu'il avait peut-être besoin de temps pour lui, qu'il était occupé ou qu'il avait oublié de me répondre. Je sais que ça arrive, j'en suis le parfait exemple. Mais je ne peux pourtant pas m'empêcher de m'inquiéter. J'attends plus ou moins patiemment que vienne l'heure pour moi de partir. J'ai rendez-vous avec Niall et Liam dans notre bar habituel pour une soirée tranquille. Je pense que ça me changera les idées. Enfin, je l'espère. J'enfile ma veste et quitte mon appartement. Je suis en avance, mais je vais y aller à pied. Non seulement ça me fera prendre l'air, mais j'espère que ça me videra également la tête. C'est devenu rare, que j'ai des chutes de moral. Heureusement, je ne sais pas si j'aurais supporté une vie entière avec des chutes de moral chaque jour. Les longues années pendant lesquelles elles occupaient mon quotidien sont bien assez. Je m'inquiète encore de beaucoup de choses mais plus autant qu'à l'époque et plus de manière si violente.

Niall nous a dit qu'il souhaitait nous présenter sa copine. Je suis assez curieux, quand il me parle d'elle, ça a l'air d'être plutôt sérieux, contrairement à ses précédentes relations. Il n'a pas réussi à se poser, il y avait toujours quelque chose qui n'allait pas. De son côté, Liam a toujours eu du mal à se mettre avec quelqu'un. Enfin, il s'est mis avec des personnes depuis Zayn, lorsque nous étions au lycée, je me souviens d'ailleurs l'avoir appris tard. Parce que plus le temps passait plus je m'éloignais de tout le monde, et que Liam n'avait pas eu l'occasion de m'en parler, sans oublier que j'étais très peu au lycée en dehors des cours et que pour diverses raisons je ne sortais pas tant que ça avec eux. Je ne sais toujours pas pourquoi ils se sont séparés d'ailleurs. Peut-être la distance ? Je ne sais pas. Mais je peux comprendre que ce soit un frein. Zayn est le seul à avoir quitté la région. Niall et Liam habitent encore dans le département, mais c'est réellement par manque de temps que nous nous voyons aussi peu. Avec Harry c'était différent puisque c'est lui qui a souhaité couper les ponts avec moi.

« Au moins le temps qu'on avance chacun de notre côté, que nous grandissions. Parfois, on veut se mettre avec quelqu'un trop tôt, quand nous ne sommes pas encore capable de nous aimer nous-même, que nous attendons trop de l'autre. En ce qui nous concerne, ce qui nous dérange, c'est de mettre des mots sur ce qui nous entoure, ce qu'on vit, ce qu'on ressent. C'est sûrement ça qui nous amène aujourd'hui à nous détruire plus qu'à nous en sortir. J'aurais aimé te dire que je serai toujours là, que tu pourras toujours compter sur moi, et j'aurais aimé que la réciproque soit vraie aussi. Pourtant, il faut bien qu'on se rende compte qu'aujourd'hui, on ne va pas bien. On ne va pas bien et on n'arrive pas à voir ce que ressent l'autre, on ne se fait pas confiance, il faut se le dire. Quand il s'agit de nous confier sur certaines choses on le fait. Mais ce n'est pas de cette confiance là que je parle. Oui, évidemment que j'ai confiance en toi et je ne pense pas me tromper en te disant que tu me fais confiance également. Cependant, quand ça concerne nos sentiments, en plus de les refuser – je veux dire, on les accepte, on n'en serait pas là aujourd'hui, sinon, mais... – on refuse d'accepter ceux de l'autre. Si on veut avancer, on doit voir les choses en face. Tu n'es pas capable de me croire lorsque je te dis que dans tous les cas, c'est toi que j'aime, que je ne veux personne d'autre que toi, que je ne t'abandonnerai pas pour quelqu'un d'autre. Et avant que tu me coupes en me disant que c'est ce que je suis en train de faire, laisse-moi terminer. S'il te plaît. J'ai du mal à accepter que je compte pour toi aujourd'hui. Moi aussi, j'ai des insécurités. Et je ne dis pas que le temps les effacera, je n'y crois pas. Je pense juste qu'il peut les endormir ou les diminuer. » m'a-t-il dit avant de prendre une pause puis de reprendre. « C'est sûrement pour nous épargner des blessures plus importantes que celles qui font déjà partie de nous que je veux qu'on arrête aujourd'hui. La seule chose que nous faisons aujourd'hui, c'est de nous renvoyer nos insécurités à la figure. Nos prises de têtes sont souvent liées à ça. J'ai mes torts dans l'histoire, je ne remets pas la faute sur toi. J'ai mes torts. Je les reconnais. Et je suis désolé. Je suis désolé pour tout ce que je t'ai fait endurer jusque là. Tu ne m'as jamais rien dit par peur de me blesser ou d'empirer la situation, sûrement. Mais je me rends compte, maintenant, du nombre de fois où je t'ai fait culpabiliser, et je n'aurais pas dû le faire. J'avais l'impression d'être légitime, de ne faire qu'énoncer des faits, mais je me rends maintenant compte que ça ne servait à rien à part te faire culpabiliser. La culpabilisation vient très vite. Je le sais, je la connais. Chaque mot qui sortait de ma bouche dans ces moments-là m'enfonçaient un peu plus dans la culpabilisation et le regret. Parfois, j'en parlais, mais je parlais de ce que je ressentais, j'étais pas objectif, et on légitimait mes paroles. Pourtant je suis bien conscient qu'elles n'auraient jamais dû l'être. Enfin. Je suis désolé, j'ai un peu dévié. Mais sache que je suis désolé. Je tiens beaucoup à toi, c'est un fait. Mais je ne suis pas capable de continuer dans cette relation qui devient juste toxique pour nous deux. »

Avec un titre [L.S]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant