Cinq ans. C'est le temps depuis lequel j'ai quitté le lycée. J'aurais pu dire que c'est le temps auquel j'ai tout perdu. Ou tout gagné. Sauf que ce serait mentir. Parce que malheureusement, la vie n'est pas assez généreuse pour nous laisser profiter quelques derniers mois. Si je dois faire comme en dissertation à l'époque du lycée, et situer mon mal-être dans l'espace temporel, il a sûrement démarré quand j'ai eu douze ans et que tous mes camarades n'en avaient eu que dix ou s'apprêtaient à fêter leurs onze ans. Et une date de fin ? Vers mes vingt ans. J'en ai vingt-trois aujourd'hui. Le temps passe petit à petit et si vite à la fois. Je réfléchis souvent au passé. Me demandant si j'aurais pu changer des choses. Faire en sorte que ça se passe mieux. Mais quand j'y pense, je me dis que non. Sûrement pas.
Je suis de ceux qui croient au destin, mais à la fois pas. Je suis de ceux qui peuvent penser que les choses arrivent pour certaines raisons. Pour autant, je ne me permettrai jamais de dire à quelqu'un qui a eu une vie plus dure que la mienne que c'est normal et qu'il a vécu tout ça pour quelque chose. D'ailleurs, je dis « une vie plus dure que la mienne », mais ce n'est pas un concours et je ne compare jamais les épreuves auxquelles la vie nous soumet parce que je ne suis personne pour juger. Qui aurait les compétences de juger quelque chose de plus « grave » qu'une autre ? Nous vivons des choses différentes. Nous ressentons des choses différentes. Et s'il y a une chose dont je suis certain, c'est que jamais, absolument jamais je ne me permettrai de remettre en doute le traumatisme de quelqu'un. Je serais bien incapable également de juger les raisons du mal-être d'un autre puisqu'elles sont toutes différentes.
Et je suis bien placé pour savoir que les mots ne sont pas toujours faciles à poser. Il est toujours plus simple de poser des choses qui ont une consistance, qui sont présentes physiquement, matérielles, que d'appliquer des mots abstraits sur des idées irréelles. Irréelles dans le sens où je ne pense pas qu'on pourra un jour exprimer très clairement nos pensées les plus profondes pour la simple raison que l'abstrait, très souvent, nous nous en faisons notre propre idée. Il en va de même avec les mots. Chacun en fait sa propre interprétation. Parce que rares sont les mots qui n'ont qu'un seul sens si précis qu'ils ne permettent pas le doute. Peut-être une table, me direz-vous. Cependant, qui sait précisément à quoi ressemblerait la table ? Si l'individu qui en parle la voyait en bois, blanche, ronde, d'un mètre de rayon, d'un mètre dix de hauteur, avec des pieds sculptés d'une façon particulière, et que la personne en face, qui l'écoute, la voyait rectangulaire, noir, pas en plastique, mais vous voyez cette matière dans laquelle sont faits certains meubles, qui n'est pas du bois. Enfin, que vous voyez ou non, dans tous les cas, cela peut montrer que tout le monde voit les choses à sa manière.
En soit, ce n'est pas si mal. Si tout le monde était capable de lire exactement les pensées de l'autre, le monde serait bien ennuyant. Quoi que. Je ne peux pas dire, je ne vis pas dans ce monde.
Toujours est-il qu'aujourd'hui, me voilà donc installé à ma table, réfléchissant à tant de sujets que j'en perds l'esprit, attendant probablement, comme chaque soir, inconsciemment, que mon téléphone ne sonne. Pourtant, comme chaque soir, il ne sonne pas. Comme chaque soir, je l'observe, posé là, devant moi. Je pourrais tout aussi bien composer son numéro. Je le connais encore par cœur. Et puis même si ce n'était pas le cas, il est toujours enregistré dans mon répertoire. Mais je laisse mon téléphone, là, sur le meuble de la cuisine. Désespérant de le revoir un jour. Pourtant, ça fait cinq ans maintenant. Et je peux dire que je suis en partie passé à autre chose. J'ai eu des relations, depuis lui. J'ai cessé de penser aussi souvent à lui qu'auparavant.
Là où je pensais à lui jour et nuit, nuit et jour, sans la moindre heure de répit. Quand la moindre chose me ramenait à lui. Non. Aujourd'hui, je peux agir comme bon me semble, sans me prendre la tête afin de savoir de quelle manière il réagirait en le découvrant.
Je pense pouvoir affirmer que nous nous sommes aimés. Nous nous aimions. Réellement, passionnément. Seulement, dans une relation, la confiance et la communication sont parmi les choses les plus importantes. Ce sont en partie elles qui maintiennent la relation, qui la soutiennent. Comme des piliers. Mais malheureusement, nous n'étions prêts ni à faire confiance, ni à dialoguer. Alors nous avons fini par nous déchirer. Nous nous sommes brisés en tant de morceaux que nous en avons perdu sur le chemin. Comme si le vent les avait emmené avec lui, loin de nous. À moins que, fourbe, il ne se soit séparé en plusieurs chemins et ait laissé une partie de moi à Harry.
Harry.
Ce nom qui représente tant de choses. Il représente tant de premières fois. Il représente tant de sentiments. À lui seul, il englobe tant de choses...
Aujourd'hui, les souvenirs se floutent, ne me laissant que nos photos pour mémoire claire et précise. J'aime me dire qu'un jour il en sera autrement. Parfois j'y pense. À ce que nous serions aujourd'hui. Pourtant, je sais que notre séparation était nécessaire. Pas seulement au sein de nos sentiments amoureux. De son côté, je ne peux pas affirmer qu'il s'agissait de ça, mais il y avait une part d'amour. Mais il était plus que ça. Plus que mon premier amour. Il était devenu mon meilleur ami. Et ce jour-là, j'ai perdu ma moitié, autant amoureuse qu'amicale.
Et peut-être qu'un jour, le destin nous fera nous retrouver. Qui sait ?
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Bonsoir ! Comment allez-vous ?
Je ne voulais pas vous laisser avec juste le prologue donc voici le premier chapitre. J'étais très dubitative par rapport à cette fiction et j'en ai envoyé les 9 premiers chapitres à quelqu'un pour savoir si je la poursuivais ou pas pour dire à quel point j'étais convaincue x)
Prenez soin de vous, ayez confiance en vous et n'oubliez pas que vous êtes importants
S.
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Avec un titre [L.S]
FanfictionLes mots sont puissants. Je m'en suis rendu compte où j'ai cessé d'oser les employer. D'en employer certains. Parce que les utiliser, ça revenait à accepter des évidences qui me paraissaient inconcevables. Et que ces vérités, j'ai appris que le temp...