Chapitre 6 : Le cadeau

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Le lendemain, je fus réveillée par des martèlements à la porte d'entrée. Jackson et ma mère étant absents jusqu'au soir, je dus me lever pour aller voir qui était venu oser couper court à mon sommeil. Aucune personne censée ne s'y risquait.

Je ne fus donc pas étonnée de découvrir qu'il ne s'agissait pas d'une personne censée. Mon père semblait rayonnant dans son t-shirt noir, son jean et ses chaussures noires courtes. Un sourire espiègle se dessinait sur son visage et c'est à ce moment-là que je pensai au mien. Je devais avoir une tête hideuse, des cernes gigantesques, les cheveux ébouriffés et une allure de gamine dans mon pyjama rose à coeurs rouges brodés dessus.

Je refermai la porte d'un coup sec, courut dans ma chambre cherchai des habits et m'enfermai dans la salle de bain pour prendre une douche. Lorsque j'en ressortis, mes cheveux étaient coiffés, j'avais mis une petite dose de rouge à lèvres, je portais mon collier avec le pendentif en forme de croissant de lune et je portais des baskets blanches, un jean et un t-shirt bordeau que je n'avais plus mis depuis longtemps.

Je pris un paquet de biscuits et un sac à dos avant de rouvrir la porte sur mon père qui attendait toujours dehors. Je ne le fis pas entrer, sachant que ma mère me tuerait si je le faisais, et fermai la porte derrière moi. Je n'avais pas pensé un seul instant qu'il pourrait être énervé que je lui ai fermé la porte au nez, mais il ne paraissait pas contrarié.

« Salut », dis-je timidement. Je ne savais pas comment agir en sa présence, ni pourquoi il était venu me voir chez moi de si bonne heure. Il me fit un grand sourire avant d'entamer la conversation.

- As-tu quelque chose de prévu aujourd'hui ? - je secouai négativement la tête - Veux-tu passer la journée avec moi ?, me demanda-t-il.

Pour éviter de me mettre à hurler, j'acquiesçai d'un signe de tête. Il me fit signe de le suivre et nous nous mîmes en route, marchant à travers les bois. Nous déambulâmes ainsi entre les arbres jusqu'à arriver en ville, dans le Vieux Carré.

- Où allons-nous ?, demandai-je.

- Dans une brasserie. Il est presque une heure et tu n'as pas encore dîné, répondit-il. A moins que tu n'aies pas faim ! Je n'ai pas ressenti ça depuis plus d'un millénaire.

- Tu as vraiment plus de mille ans ?

Il acquiesça.

- J'ai le papa le plus vieux de la planète !, dis-je en riant, lui faisant esquisser un sourire.

A peine avions-nous mis un pied dans l'établissement qu'une serveuse vint à notre rencontre. Mon père devait être un habitué, car elle nous conduit à « sa » table. Elle était jeune, avait des cheveux blonds et une jupe trop courte à mon humble avis. Les boutons de sa blouse étaient ouverts, laissant presque apercevoir son soutien-gorge. Le regard qu'elle lança à mon paternel me semblait bien trop intéressé pour ne rien vouloir faire passer comme message.

Je regardais le menu. Je ne savais pas quoi choisir, tout me tentait sur cette carte. Je reposai le menu sur la table, réfléchissant à ce que j'allais prendre. La serveuse réapparut, plusieurs plats sur les bras. Elle les déposa sur la table et demanda s'il nous fallait autre chose avant de repartir.

Je haussai un sourcil, ne comprenant pas ce qu'il venait de se passer. Mon père soupira et répondit :
« Je suis un habitué. Quand ils m'ont vu rentrer, ils ont préparé ce que je prends lorsque je viens et ont simplement doublé les portions. Tu as d'autres questions ou je vais pouvoir manger chaud ? »

Je n'étais pas vraiment convaincue, mais je commençai à engloutir mes frites. Il fallait bien avouer que la cuisine était excellente. Le repas se fit en silence, ce qui installa une certaine gêne entre nous. Après tout, notre relation n'avait pas très bien commencé et nous ne nous étions retrouvés que tard dans la nuit - ou tôt dans la journée.

Quand nous eûmes fini de manger, mon père me guida jusqu'à la sortie. Il resta statique, sur le trottoir, faisant les cent pas sous mon air hébété. Que se passait-il ? Avais-je fait quelque chose de mal ? Aurais-je dû réagir autrement ou meubler la conversation lorsqu'il avait cessé de le faire ? Regrettait-il ces moments partagés avec moi ou se souvenait-il d'un problème à résoudre ?

Je commençai à scruter les horizons d'un air soucieux. Peut-être que quelqu'un nous observait.

- Hope ? Tout va bien ? Tu as l'air anxieuse, dit mon père d'un ton se voulant neutre.

Je fixai le sol sentant le rouge me monter aux joues.

- Tout à l'heure, tu m'as parlée d'un de tes livres. Peter Johnson ? Perry Johansson ?

Il fit un geste désinvolte de la main.

- Tu ne cherchais pas le dernier tome de la saga ?, poursuivit-il.

- Percy Jackson !, m'exclamai-je en riant. Il me manque le tome cinq. J'ai fait le tour de toutes les librairies que je connais, sauf que je ne le trouve pas.

- Je suis sûr que tu n'as pas été là à celle à laquelle je pense à l'instant, dit-il d'un air malicieux.

Je le suivis à travers le méandre des rues de la Nouvelle-Orléans, me perdant dans la contemplation des monuments et de leur architecture. J'entendais les touristes admirer ce qui les entourait.

Je ne faisais plus attention à mes gestes et je ne remarquai pas que mon père s'était arrêté, lui rentrant dedans.

- Je..., balbutiai-je, pardon.

Il ne répondit rien. Je ressentais un malaise en cet instant précis, et je crois que lui aussi. Je ne me sentais pas encore très à l'aise en sa présence, ce qui était normal en soit.

On était arrivés devant la librairie et juste à voir la devanture, je voulais y entrer pour y faire un tour. La boutique n'avait pas l'air spécialement grande, mais elle était chaleureuse. A peine entrée, je repérai immédiatement le coin jeunesse et je m'y précipitai. Il était là. Au milieu de tous les autres. C'était le dernier exemplaire, alors je m'en emparai. Je réalisai ensuite que je n'avais pas de quoi payer sur moi et je doutais que le libraire me le laisse de côté le temps que je retourne au Bayou chercher mon porte-feuille.

- Je te l'offre.

Je me retournai. J'avais complètement oublié la présence de mon père, trop excitée pour m'apercevoir de quoi que ce soit d'autre. D'un côté, j'étais heureuse qu'il propose de me l'acheter et de l'autre, je ne le voulais pas.

- Je te dois au moins ça.

Il me le prit des mains et s'en alla vers la caisse. Je le suivis quelques secondes plus tard, réalisant seulement qu'il me l'avait arraché des mains sans crier gare. Le temps que j'arrive au comptoir, mon père l'avait déjà acheté et me le tendait, un sourire satisfait sur le visage.

Un petit chapitre plein de tendresse ! Profitez-en temps qu'il y en a. Ce chapitre n'était pas très long, mais je ne voulais pas mettre plus dedans. C'est d'ailleurs l'un des derniers chapitres à être plus court avant un long moment.

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Stay happy witch ! 🌈

publié le 6 avril 2022

L'enfant miracle [RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant