Chapitre 12 : Un vieil ami

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J'attendais mon père devant chez moi, comme tous les matins. A la différence près que les autres matins, il était déjà là à m'attendre, prêt à partir. Il pleuvait et, bien que cachée sous un arbre, je commençais à être trempée jusqu'aux os. Mes cheveux mouillés dégoulinaient dans mon dos et je tremblais sous l'effet du froid.

J'allais retourner chez moi pour me sécher et me réchauffer, ayant marre d'attendre que quelqu'un qui ne viendrait pas fasse son apparition à mes côtés. Je me levai de mon tronc d'arbre et trébuchai sur une pierre que je n'avais pas vue.

Je fermai les yeux et, étonnamment, je ne touchai pas le sol. J'attendis quelques secondes de plus avant de rouvrir les yeux et de sursauter, touchant presque le sol dans ma précipitation. Je fus rattrapée une deuxième fois par la même personne.

- Brian ? Je ne savais pas que tu étais dans le coin !

Je connaissais Brian depuis ma plus tendre enfance. Avant que je n'intègre l'Ecole Salvatore, nous jouions tous les week-ends à cache-cache touche-touche dans les bois autour du campement de la meute. Nous faisions des gâteaux de terre et des soirées pyjama tous les samedis soir.

Nous nous étions un peu perdus de vue lorsque j'étais partie étudier en Virginie et lui, dans le Wisconsin quelques années après. J'étais super heureuse de le revoir et je lui sautai au cou. Son rire m'avait tellement manqué que je me laissai bercer par ce son.

- J'interromps quelque chose ?

Je sursautai pour la énième fois de la journée. Mon père était adossé à un arbre. Une lueur que je ne lui connaissais pas traversa ses iris, son regard posé sur mon ami toujours dans mes bras. Je le lâchai et m'éloignai de quelques pas.

- Brian, je te présente mon père.

L'appréhension dans ma voix était aussi claire que de l'eau de roche. Mon ami me regarda avec de grands yeux écarquillés. Il ne savait pas que j'avais retrouvé mon père il y a peu de temps.

- Je te raconterai tout un de ces quatre, Brian.

Il acquiesça d'un signe de tête. Il avait changé depuis la dernière fois que l'on s'était vus. Ses cheveux bruns mi-longs étaient plus épais. Il passa sa main dedans avant de la laisser glisser dans sa nuque, tic qu'il avait lorsqu'il montrait des signes de nervosité.

Ses yeux vert écume rencontrèrent les miens et je me perdis dans leur contemplation. Selon ses émotions, ceux-ci changeaient. A cet instant, il était calme et ça se reflétait dans son regard qui ressemblait fort à l'océan calme et paisible que nous aimons tous.

Son teint bronzé et son odeur marine lui collant à la peau n'avaient pas changé depuis l'époque où nous étions inséparables. Sa taille moyenne trônant aux alentours des un mètre quatre-vingt, un mètre quatre-vingt-cinq était sûrement le plus grand changement physique que je pouvais constater. Il avait toujours fait deux-trois centimètres de plus que moi, mais là il me dépassait largement d'une tête.

- Je suis en retard, pardonne-moi, mais nous avons plein de choses à faire aujourd'hui. Il est temps d'y aller maintenant, déclara mon père.

Je lançai un regard en biais à Brian et il me fit signe d'y aller. Il ouvrit les bras pour me faire un dernier câlin avant de se quitter, mais mon père m'attrapa par la main et on partit.

Il me fallut plusieurs minutes pour comprendre la réaction de mon père. On pouvait d'ailleurs tout résumer en un mot : garçon.

- Brian est juste un ami d'enfance, dis-je.

Je le vis arquer un sourcil, puis il se remit en route.

- Tu joues assez mal le rôle du méchant papa qui faire peur au sexe masculin, continuai-je sur le ton de la rigolade.

L'enfant miracle [RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant