Chapitre 20 : Des visions

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Je me trouvais dans un grand couloir illuminé qui semblait ne pas avoir de fin. De chaque côté de celui-ci se situaient des portes noires, sauf une derrière moi qui était rouge comme le sang. Cette allusion me rappela où était mon corps. Seule ma conscience avait été projetée dans cet endroit imaginaire.

Je me mis à crier, espérant que quelqu'un m'entende. Il y avait peut-être une autre personne qui, comme moi, avait été envoyée ici. Je n'eus pas de réponse, mais du bruit me parvint de derrière la porte noire la plus proche. Je m'approchai et abaissai la poignée. J'eus à peine mis un pied dans la pièce que la sortie disparut, m'enfermant.

Résignée, j'avançai prudemment dans l'obscurité, mais m'arrêtai net lorsque je vis ce qui se déroulait sous mes yeux. J'appelai ma mère, toutefois elle ne semblait pas m'entendre. Je la regardai agir sans comprendre.

Le soleil se couchait sur la Nouvelle-Orléans et ma mère, plus jeune, sortait de la boutique d'un herboriste. En y regardant de plus près, je remarquai que ce n'était pas une boutique ordinaire, mais un commerce tenu par une sorcière. Elle regarda ma mère partir, une lueur triste et inquiète dans ses yeux bleu électrique.

Ma mère s'en alla dans les rues sinueuses de la ville qui ne dort jamais et s'assit sur un banc. Elle prit le petit paquet contenant les plantes qu'elle venait d'acheter entre ses doigts et se perdit dans ses pensées. Elle posa alors sa main sur son ventre de femme enceinte et je compris quel souvenir se jouait devant moi. Il s'agissait du jour où ma mère avait tenté d'avorter.

Deux vampires arrivèrent, mais elle ne remarqua pas leur présence. Il fallut attendre que l'un des deux la touche pour qu'elle passe à l'attaque. Elle se défendit d'une manière hallucinante, évitant tous leurs coups tout en les touchant. Elle leur brisa la nuque et posa inconsciemment sa main sur son ventre. Elle ne s'en était pas rendue compte, cependant elle avait tout fait pour qu'ils ne donnent pas des coups à son ventre arrondi.

Elle resta statique quelques minutes, puis se dirigea d'un pas assuré vers la poubelle la plus proche. Elle hésita plusieurs secondes avant de jeter le sachet dedans, se débarrassant de ce qui aurait pu me tuer avant même ma naissance. Je m'aperçus alors que je pleurais, vivant ce moment qui aurait pu changer le cours de la vie de ma mère, et de celle de mon père.

La porte noire réapparut et je la poussai avec précipitation avant qu'elle ne disparaisse encore. Je revins dans le long couloir, un sentiment de solitude s'étant emparé de mon cœur. Je déambulai, laissant mon esprit vaquer à ses occupations. Je ne voyais pas la fin du couloir, simplement une lumière blanche aveuglante qui s'éloignait lorsque je m'approchais de trop près.

J'entendis des cris provenir de derrière une porte noire, ils ressemblaient à ceux de ma tante Rebekah alors j'accourus pour lui venir en aide. Le scénario se répéta lorsque je pénétrai dans la pièce. La porte disparut et j'eus beau marteler le mur, rien n'apparut. Je compris que le seul moyen de sortir était de visionner un nouveau souvenir.

Cette fois-ci, j'avais quitté le décor de la rue pour me retrouver en sous-sol. Mon père et ma tante se battaient comme si leur vie en dépendait - ce qui était sûrement le cas. Mon père avait le dessus et affichait un visage vidé de tout l'amour qu'il portait à sa famille pour ne transmettre que de la colère. Ma tante le supplia de le pardonner, mais il ne voulut rien savoir. Il mit ma tante hors-jeu et s'apprêta à lui enfoncer un poignard dans le cœur lorsque Marcel intervint. Rebelote, ils se combattirent mais mon père garda l'avantage par son ancienneté qui lui procurait plus de force et de vitesse que le roi de la Nouvelle-Orléans.

Une quatrième personne entra en scène. Mon oncle Elijah prit le relai de Marcel et une bataille sanglante commença entre les deux frères. Mon père perdit peu à peu son avantage, épuisé par les deux précédents combats. Mon oncle trouva une ouverture dans sa garde et lui planta le poignard qu'il tenait dans le cœur. Le temps que mon père réalise, il tomba dans un sommeil mortel pour tous ceux qui ne sont pas de la famille originelle.

L'enfant miracle [RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant