Chapitre 8 : La triste réalité

346 18 4
                                    

J'étais rentrée chez moi, le cœur en miettes. Je ne croyais pas à toutes ces histoires, pensant que c'était de simples rumeurs. Je m'enfermai dans ma chambre et m'endormis en me repassant ce qu'il s'était passé en boucle. Son regard glacial, meurtrier et rempli de plaisir lorsqu'il lui avait retiré le cœur de la poitrine avant d'en croquer un morceau.

- Hope ? Où es-tu, chérie ?, demanda ma mère.

Elle venait de rentrer après une longue nuit passée majoritairement sur la route. Elle avait des cernes immenses, pourtant un sourire chaleureux naissait sur son visage.

- Ton père m'a appelée. Il est inquiet pour toi.

- Je vais bien. Ne vous en faites pas pour moi. Je...

- Hope, m'interrompit-elle. Je ne veux plus que tu vois ton père. Ce qui s'est passé hier n'est qu'un aperçu de sa vie et je ne veux pas que tu sois mêlée à ça. C'est pour cette raison que je ne voulais pas que tu apprennes son identité.

- Quoi ?, m'écriai-je. Tu ne peux pas me faire ça, maman ! C'est mon père que tu le veuilles ou non ! Si tu ne voulais pas avoir d'enfant avec lui, tu sais ce que tu avais à faire !

Je sortis en trombe et claquai la porte derrière moi. J'errai dans la forêt pendant des heures et des heures, seule. Je finis par m'asseoir sur un tronc d'arbre, les jambes en compote. Mon estomac criait famine et mes pieds réclamaient du repos.

Je me sentais seule, terriblement seule.

Je ne savais pas quoi faire. Je décidai de lancer un sort. Je n'avais besoin de rien, à part de quatre pierres. Rien de bien difficile à trouver en plein bois. Je me concentrai et récitai un sortilège de base qu'on m'avait enseigné à l'Ecole Salvatore, école pour jeunes aux pouvoirs surnaturels.

Les nerfs à bout, je me repris à trois fois avant que le sortilège fonctionne et qu'une image apparaisse. Je fus projetée au bon endroit, c'est-à-dire chez mon père. Je voulais lui parler pour qu'il s'explique.

Je voulus hurler, toutefois j'en étais incapable.

Mon père était assis sur son lit, trois cadavres de jeunes filles à ses pieds, vidées de leur sang jusqu'à la dernière goutte. Elles ne devaient pas avoir plus de vingt ans et maintenant, leurs vies étaient arrivées à leur terme. Chacune d'elles se trouvait en petite tenue.

La tête de mon père était collée au cou d'une quatrième jeune femme qui respirait faiblement. Devant cette scène d'horreur, je ne pus retenir le son qui me montait à la gorge. Il tourna la tête vers moi, les yeux teints d'une colère noire.

- Pars !, s'énerva-t-il. Pars tout de suite !

Quelques secondes plus tard, je me trouvais à nouveau dans la forêt, sur le tronc d'arbre. Je croyais en lui. Je me disais qu'il n'était pas ce monstre dont tout le monde parlait, que s'il avait agi comme ça, c'était uniquement par amour. Ça n'excusait pas le fait de l'avoir tué, mais je pouvais comprendre. Alors que là...Il s'était abreuvé de quatre jeunes filles innocentes à peine plus âgées que moi et les avait complètement vidées de leur sang.

Aucune raison ne le poussait à commettre cet acte, sauf le désir de tuer. Voilà la triste réalité à laquelle j'avais à faire : mon père prenait plaisir à ôter la vie. Ma mère n'avait peut-être pas tort finalement. Il valait sûrement mieux que je ne le vois plus. Je n'avais aucune envie de devenir comme lui. J'avais beau refouler cette pensée, mais je ne pouvais m'empêcher de me demander si je deviendrais comme lui un jour. Nous avions le même sang dans les veines.

Je dus m'endormir dans les bois car quand j'ouvris une nouvelle fois les yeux, le soleil se couchait. Je suivis le sentier, mais au lieu de retourner chez moi comme je le souhaitais au départ, je démarquai en ville. Je ne m'en aperçus que lorsque j'arrivai dans le Vieux Carré.

L'enfant miracle [RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant