Chapitre 99 : L A S T S H O W D O W N

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Six mois plus tard, le premier semestre achevé, Alix avait enfin compris qu'il ne s'épanouirait jamais dans un cursus de commerce. Ça avait prit du temps, parce que quand il se mettait en tête de faire quelque chose, il avait bien du mal à changer de cap, même quand il savait se fourvoyer. C'était son côté un peu trop têtu.

Les partiels du premier semestre étaient enfin passés, le bleu y avait répondu tant bien que mal, et maintenant, tout ce qu'il voulait, c'était passer un peu de temps avec son petit ami qui avait lui aussi fini ses partiels, avec bien moins de difficulté cependant. Et ça tombait bien, puisque Élias lui avait envoyé un message le matin même pour lui proposer une sortie en ville, pendant laquelle ils pourraient faire autant de léche-vitrine qu'il en aurait envie, avant de rentrer dormir chez le blond. Quoique, Alix se doutait que dormir n'était pas vraiment le terme qu'il aurait dû employer.

Ils marchaient tous les deux en ville, main de la main, flânant sur le chemin de leur bar préféré, les joues rougies par le froid, quand Élias s'arrêta net. Sur le trottoir d'en face, un homme se tenait, droit comme un i, le visage fermé, son regard dur porté droit devant lui. Il s'agissait de son père. Qu'il n'avait pas eu l'occasion -ou peut-être plutôt la malchance- de recroiser depuis que David et lui avaient été rechercher ses affaires dans son ancienne maison il y avait de cela six mois. Le voir en face de lui remua quelque chose en lui, comme un vieux réflexe de peur et de soumission.

Alix eut d'abord le réflexe de tirer sa main quil tenait toujours dans la sienne pour le faire avancer, mais quand il remarqua que le blond ne suivait toujours pas, il se retourna vers lui et comprit immédiatement quand il vit où -ou plutôt sur qui- se portait son regard. Sen voyant l'homme qu'il n'avait lui non plus pas recroisé depuis six mois, son sang ne fit qu'un tour.

Alix traversa la rue, furibond. Et du haut de son mètre soixante huit, il était à deux doigts d'attraper l'homme par le col pour lui cracher au visage :

« Sachez que vos actions me dégoûtent. Vous n'êtes pas digne d'être père. Un père, ça aime son enfant, inconditionnellement. Vous n'êtes pas même digne d'être un homme si vous voulez que je vous dise tout. A peine un rat qui profite des autres et cherche à détruire ceux qui ne lui ressemblent pas ! »

Élias avait tant bien que mal tenté, en vain évidemment, de retenir son petit ami. Alix était intenable, il faisait toujours ce qu'il voulait. Mais c'était une des facettes de sa personnalité qui lui plaisait en réalité le plus.

Contre toute attente, le voir dire ses quatre vérités à son père lui fit beaucoup de bien. Il y trouva même le courage de sourire et de traverser la rue à son tour. Il se campa devant celui qui avait longtemps été son bourreau et prit Alix par la main.

« Donc ça y est, tu t'affiches fièrement comme une pédale dans la rue ? Avec ce genre d'individus qui ne semblent pas avoir reçu la moindre éducation. Pas étonnant en même temps, vu d'où il vient. Les prostituées n'ont jamais fait de bonnes mères. Je m'étonne déjà qu'il ne soit pas devenu un drogué. Tu me diras, vu sa dégaine, il semble suivre les pas de sa mère, ce ne serait pas une surprise de le retrouver faire le trottoir, il a déjà des antécédents. Et... »

Il parlait de la mère biologique du bleu. Élias ne savait même pas comment son père pouvait savoir qu'Alix avait été adopté, mais une chose était sûre, il n'allait pas le laisser lui dire de telles choses en restant impassible.

« Stop. Stop ! »

Élias lui jeta son regard le plus mauvais, et pour une fois, il n'allait pas redevenir ce petit garçon effrayé qu'il avait toujours été. Pour une fois, il allait être l'homme qu'il aspirait à devenir. Il ne laisserait plus son père le tyranniser, et encore moins être aussi odieux avec Alix. Il resserra sa prise sur la main d'Alix, parce que même s'il ne montrerait rien, Élias savait bien qu'il avait été blessé par les mots horribles que venait de lui cracher son père. Il voulait être là pour le bleu comme lui avait été là pour lui, tant de fois.

Les Derniers Pétales Des FleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant