Chapitre 97 : F U T U R E

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Les épreuves du baccalauréat étaient arrivés bien trop vite au goût de tous. Mais ils savaient que c'était la dernière ligne droite avant des vacances bien méritées, ça rendait le tout un peu moins difficile à supporter.

Néanmoins, pour Alix, la perspective des vacances ne semblait pas aussi alléchante que pour ses camarades. En fait, elle lui faisait même peur. Parce qu'il savait pertinemment que ce serait un point de rupture, le bourgeon annonçant l'avènement d'une ère nouvelle, et il n'était pas sûr de le vouloir. En effet, avec ces changements, venaient aussi le temps des adieux, des séparations. Il savait que ses amis et lui prendraient des chemins différents, ainsi allait la vie, mais pourtant, il n'y était pas encore prêt. Il avait trop besoin d'eux pour leur dire au revoir. Il savait bien que les promesses de ne pas se perdre de vue n'étaient souvent pas tenues. Parce qu'avant de penser à revoir ses amis, chacun allait d'abord penser à son avenir, à se faire sa place dans sa nouvelle école. Et ça aussi, à Alix, ça lui faisait peur, le changement l'avait toujours effrayé, presque autant que l'idée de se retrouver seul à nouveau.

Il regarda encore les propositions d'admission qu'il avait reçut. Il ne savait plus vers laquelle il devait s'orienter. La seule personne à qui il voulait demander conseil dans ses moments là n'était malheureusement plus là pour l'aider. Il savait déjà qu'Élias allait aller en fac de droit. Au début, il n'avait pas compris ce choix. Il pensait que c'était encore l'emprise de son père qui parlait pour lui, mais Élias avait fini par lui expliquer : s'il voulait faire du droit, c'était parce que porter plainte contre son paternel lui avait ouvert les yeux. Il n'était pas le seul dans cette situation, et il voulait pouvoir aider les enfants qui subissaient la même chose que lui. Le bleu ne pouvait pas être plus fier de son petit ami. Il avait parcouru tant de chemin.

Pour sa part, Alix était bien indécis. Dans tous les vœux qu'il avait formulé, aucun ne raisonnait réellement en lui.

Quelques coups furent frappés à la porte de san chambre et son petit frère Léo entra sans attendre de réponse de sa part. Il se laissa tomber sur le lit de son aîné, sans décrocher un mot.

Assis en tailleurs sur sa chaise de bureau, Alix fit pivoter celle-ci pour faire face à Léo. Avec un petit mouvement de tête, il lui jeta un regard interrogatif, comme pour l'inviter à lui parler de ce qui l'amenait.

" Tu veux parler ? Du choix que tu vas prendre ?"

"J'en sais rien. J'suis un peu perdu dans les possibilités. Et si je faisais du droit comme Élias ?"

"Ou tu pourrais choisir un truc qui te plaît vraiment. A toi. "

"J'vois pas quoi..."

Léo soupira, théâtral.

"Ah cette jeunesse décadente. Qui possède tout mais ne sait pas quoi en faire. Ça se voit clairement qu'ils ont pas connu la guerre."

"T'es plus jeune que moi je te rappelle. Et reprendre des paroles sans en citer l'auteur, c'est du plagiat je te ferais remarquer."

Léo soupira dans un rire.

"Je suis pas beaucoup plus jeune. Dans a peine un an, je serais probablement à ta place, à m'arracher les cheveux pour me dégotter un avenir pas trop merdique."

Et soudain, comme ça, sortit de nul part, Alix eut envie de lui avouer son plus lourd secret. Les yeux dans ceux de son frère, Léo comprit que la discussion allait prendre un tournant bien plus sérieux, alors il se redressa, montrant qu'il était prêt à l'entendre.

« Tu te rappelles là fois où tu m'as dit que si j'avais des choses à te révéler, que si je voulais te parler de quoi que ce soit, tu m'écouterais ? Bah je crois que c'est le moment. Tu sais les fois où je suis parti quelques jours tout seul, en fait, j'allais voir quelqu'un. J'aime pas tourner autour du pot, alors je vais pas y aller par quatre chemins : cette personne, c'est ma mère. Ma mère biologique, celle qui a fait le choix de m'abandonner. »

Léo hocha la tête mais contre toute attente, il ne semblait pas vraiment surpris. Alors Alix fronça les sourcils. Ses parents n'avaient pas pu en parler à Léo, si ? C'était à lui que devait revenir le choix d'en parler ou pas. C'était son histoire, ses racines, quelque chose qui lui appartenait. Alix fronça les sourcils. Pour la première fois, il en voulait à ses parents adoptifs. En fait, il était très énervé. Mais sa colère redescendit toute seule quand Léo avoua :

« J'suis désolé. Je sais que... que tu aurais voulu... J'l'ai découvert par erreur en fait. Tu me connais, j'ai ce côté fouineur. Et je voulais que tu m'en parles, mais je savais pas comment te le faire comprendre. Je me disais que c'était à toi de me l'annoncer, mais en même temps j'avais un peu l'impression de te mentir. C'était pas simple. Tu m'en veux pas au moins ? Parce que tout ce que je voulais pouvoir te dire, c'est que pour moi ça ne change absolument rien. Tu restes mon frère, que ce soit par le sang ou non, ça c'est quelque chose qui changera pas. »

« Oh viens-là ! »

Le bleu saisit son frère pour le prendre dans ses bras.

« J'ai eut peur. Pendant longtemps. Mais... mais tu as raison en disant que ça ne changera rien. On est frères, pour le meilleur et pour le pire. N'en doute jamais. Moi j'en ai trop longtemps douté et je me rends compte que c'était super rabaissant, parce que c'était comme si je ne te faisais pas assez confiance alors que bien sûr que ça n'allait rien changer pour toi... »

« Je crois qu'à ta place, j'aurais aussi flippé. Alors merci. Merci d'avoir eut le courage de m'en parler, bro. »

Après ces quelques instants volés, Léo quitta l'étreinte de son frère. Même si sa famille était plutôt démonstrative, Léo avait un peu de mal avec les marques ostentatoires d'affection. Quand la porte se referma derrière son petit frère, Alix se fit la réflexion qu'il avait une famille formidable, et qu'il voulait pouvoir les rendre fiers. Il posa une fois de plus son regard sur l'écran de son ordinateur et cliqua sur la case de l'école de commerce qui l'avait accepté. Ce n'était pas vraiment ce qu'il voulait mais il essayait de se dire le côté créatif dans le marketing lui plairait sûrement. Même si au fond il savait qu'il tentait de s'auto-convaincre. Il savait son jugement biaisé par l'idée qu'il devait faire des études qui lui rapporteraient, des études reconnues. Ses parents n'avaient jamais essayé de le pousser vers quelque filière que ce soit, il s'était mit ça en tête tout seul, comme un grand. Alors il valida l'inscription, avec une petite part de lui qui cherchait à lui souffler que c'était peut-être une bêtise, mais il se persuada que ce n'était que la peur de l'inconnu qui parlait pour lui. Il se rappelait encore de la fois où le père d'Élias était venu faire la morale à ses parents. C'était un peu avant qu'Alix ne découvre la vérité à son sujet. Juste avant qu'Élias ne lui laisse voir les marques sur son corps. L'homme était venu sans la moindre gêne donner une leçon à ses parents sur comment l'élever, leur ventant la discipline militaire qu'ils n'avaient pas su lui inculquer. Alix avait trouvé ça on ne pouvait plus humiliant, et jamais plus il ne voulait que ses parents aient à subir ça a cause de lui. Eux qui lui avaient toujours tout donné. Alors une école de commerce, ce serait très bien. Parfait même.

Alix craignait de devoir abandonner ses amis, mais au final, il savait que prendre ce nouveau départ lui serait bénéfique. Et puis l'école de commerce qu'il avait choisi se trouvait par un heureux hasard à seulement deux pas de la fac de droit que fréquenterait Élias. Ça, au moins, c'était une bonne nouvelle. Alix pouvait se focaliser là dessus, et en y pensant bien, il était même capable de se dire qu'il avait fait le bon choix.

En parlant du blond, il était à un rendez-vous avec la juge des affaires familiales. Un rendez-vous auquel Alix n'avait pas pu l'accompagner, seul l'avocat d'Élias avait eut l'autorisation pour être présent. Au moins, Alix avait pu le rencontrer quand ce dernier aidait Élias à construire son dossier, et ainsi s'assurer que c'était quelqu'un de bien. Le fait que ce dernier ait été conseillé par Nuccya avait un peu inquiété le bleu de prime abord, mais le grand homme hispanique semblait droit dans ses bottes et impliqué dans ce qu'il faisait. Alix avait même appris qu'il avait un petit frère lui aussi en terminale dans leur lycée, Maloe. Élias avait d'emblée semblé savoir de qui il s'agissait tandis qu'Alix eut un peu plus de mal à mettre un visage sur le nom. Le bleu jeta un œil vers l'horloge sur sa table de nuit. 16h15. Élias n'allait pas tarder à rentrer et Alix avait hâte qu'il lui raconte tout en détail.

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Ce chapitre ne me plait pas trop, je le modifierai sûrement mais pour le moment je vais me concentrer sur terminer les 3 chapitres restants :)

Les Derniers Pétales Des FleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant