Crois moi

3.

Au moment où Azalée entre, dans une autre salle d'interrogatoire du commissariat.

-Réponds à ma question Valdez ! me hurle le policier.

Wow je ne sais absolument pas quand la situation a déraillé de la sorte mais je ne comprends absolument rien au pourquoi du comment je finis menotté assis sur une chaise dans un poste de police à Seattle alors que j'habite à Denver.

Je rendais seulement visite à mon frère pour le week-end.

-Je n'ai rien fait dis-je en gigotant sur ma chaise.

La lumière suspendue au plafond me grille la rétine et je dois me tordre le cou pour éviter de finir aveugle bêtement. Le policier au crâne dégarni me fixe en attendant que j'explique un fait ou que je plaide non coupable.

Je ne plaiderai pas coupable pour un acte que je n'ai pas commis. Et dont je ne comprends pas un mot. Je fronce les sourcils. Cela fait déjà un quart d'heure que je poirote et que je ne pige pas un mot de ce que le flic me dit. Je fais des efforts vraiment. Beaucoup d'efforts mais malgré cela, tout m'est incompréhensible.

-Sale ordure putain reprend le policier en plaquant ses deux mains sur la table.

Ses yeux me fixent comme si j'avais tué quelqu'un. Attendez mais de quoi il m'accuse exactement ? De vol ? De meurtre ? De trafic de drogue ? Je secoue la tête.

-Je. N'ai. Rien. Fait.

Je sais pertinemment bien qu'il ne me croit pas, et je n'ai pas la moindre idée de pourquoi d'ailleurs, alors j'appuie mes paroles avec un sourire.

Son poing tape sur la table en métal qui nous sépare. Je ne comprends pas pourquoi ce flic s'acharne sur moi alors qu'il n'a aucuns faits concrets ni de preuves puisqu'il n'en a dégainé aucunes depuis que je suis assis sur cette chaise en ferraille. Je commence à avoir mal au dos.

-Andreas Valdez articule-t-il entre ses dents pourries, arrêtes de mentir sale petite merde.

Ah mais tout devient clair dans ma tête. Il vient de m'appeler par le prénom de mon frère. A qui je ne parle plus depuis deux ans. Et à qui je suis venu rendre visite pour lui donner la lettre de son université, je comptais lui mettre dans la boîte aux lettres et rentrer à Denver. Reprendre ma petite vie tranquille avec notre cartel et basta.

Mais évidemment cette petite merde qui me sert de frère et qui partage mon sang et mes gènes a encore foutu la merde partout.

Je soupire enfin.

Andreas a changé furtivement après je ne sais quoi il y deux ans. Il est parti de Denver sans un mot. Il a même changé de nom de famille et il y a quelques semaines il a déménagé à Seattle. Je suis passé également pour voir une amie de longue date qui a accouché. Bon d'accord sa fille a déjà quatre ans mais vaut mieux tard que jamais je suppose. Mais mon ordure de frère continue de me faire chier partout où je mets les pieds.

-Vous avez mal fait vos recherches dis-je calmement. Je ne suis pas Andreas.

Le policier me dévisage. Depuis le début de mon interrogatoire j'ai enfin son attention. Il ne cille pas pour autant. Seulement il me regarde. M'invitant à continuer dans ma lancée. Je respire et me lance :

-Je suis son frère, enfin biologiquement parlant seulement. Je ne l'ai pas vu depuis bientôt deux ans.

Il fronce les sourcils peu convaincu par mes explications. Mais pourtant elles sont vraies. Je ne mens que si je dois me protéger ou protéger mes alliés. En aucun autre cas il m'est envisageable de mentir droit dans les yeux à quelqu'un. Mes parents m'ont bien éduqué et mentir c'est synonyme de culpabilité chez moi.