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Azalée

Louise m'interpelle encore une fois. J'entends sa voix hurler mon nom par-dessus les klaxon des voitures. Elle ne s'arrêtera pas tant que je ne me serais pas arrêtée en plein milieu de la route pour lui dire d'aller se faire foutre elle et ses idéaux sur ma mère parfaite.

J'accélère, je sais qu'elle me suivra jusqu'à chez moi même si je lui en veux. Mes mains tremblent et je les pressent ensemble contre ma poitrine, la fraicheur du collier qui pend à mon cou me donne un frisson qui me parcourt tout le corps. Je respire à grandes bouffées, j'ai besoin que l'air traverse mes poumons pour qu'ils arrêtent de me brûler autant.

Les rues sont bondées et je bouscule un paquet de monde. Mais je m'excuse à chaque fois, au bout du dix-huitième « Regardes où tu marches connasse ! », je me résigne à toutes sortes de politesse envers les gens qui vivent dans ma ville. Oui c'est une formule polie pour dire que je les emmerde.

Mes pensées se bousculent dans ma tête et la petite voix qui y réside se décuple et résonne.

C'est un appel à l'aide de mon cerveau qui me demande d'arrêter de jouer à la plus maligne et de gentiment ralentir la cadence si je ne veux pas mourir bêtement en plein milieu de la chaussée. Ce que je fais par acte de conscience. Je ne veux pas que mes poumons me lâchent.

Je ralentis mais je m'arrête pas. Je change d'itinéraire à la dernière minute, j'emprunte le sentier qui mène au parc derrière chez nous. J'avise un banc à l'ombre d'un cerisier et je m'y assois.

Mon cœur bat vite. Trop vite. Mes poumons envoient des signaux de malades à mon cerveau pour lui dire qu'ils ont besoin d'air. Je pose une de mes mains sur mon buste pour caler ma respiration sur celle que je dois adopter si je ne veux pas finir à l'hôpital.

Louise s'assoit à côté de moi, et sans réfléchir je me décale.

-Aza... souffle-t-elle.

Oui quand je suis en colère ou contrariée je peux me montrer blessante par mes actes et oui je me comporte comme une enfant de huit ans à me décaler à l'autre bout du banc pour ne pas être trop près de Louise. Je peux me montrer très puérile dans certaines circonstances.

Louise pose ma main libre sur son cœur pour que le mien suive la cadence. Je la remercie silencieusement car je suis encore trop blessée par son geste pour le lui dire en face. Après quelques secondes mon corps refonctionne normalement. Je respire enfin à plein poumons l'air qui passe sans que cela soit douloureux.

Mes yeux tombent dans ceux de Louise et je peux y lire une énorme culpabilité. Ok je veux bien l'entendre mais pas tant qu'elle ne m'aura pas expliquer les nombreuse raisons qui l'ont poussées à appeler celle qui me servait autrefois de mère. Bien que son rôle fût bancal et qu'elle ne le remplissait certainement pas à la perfection. Pourtant c'était tout elle la perfection.

-Aza je suis désolée commence Louise et je l'écoute poursuivre, je ne savais pas qu'elle réagirait comme ça ni qu'elle prendrait la défense d'An- de ce porc avoue-t-elle.

Evidemment qu'elle ne pouvait pas anticiper sa réaction pour la simple et bonne raison qu'elle ne vivait pas avec elle après lui en avoir parler.

-Jamais au grand jamais je t'ai détestée à ce point Louise, si je savais me battre je t'aurais éclater la tête sur le comptoir. Je suis très sérieuse dans mes propos, je ne veux plus rien avoir à faire avec cette femme dis-je en la regardant dans les yeux.

Elle hoche la tête. J'attrape sa main dans la mienne avant de revenir à ma place initiale sur le banc.

-Je ne pensais pas que... wow putain ta mère est une personne horrible me dit-elle comme si elle venait d'avoir un déclic là maintenant.

Crois moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant