7.

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Azalée

Mes yeux s'ouvrent difficilement. J'entends la voix de Lisandro. Elle est lointaine, il m'appelle. Il crie mon nom mais je ne peux mieux l'entendre. Je me sens légère mais j'ai tellement mal au crâne. J'ai l'impression de plonger. De tomber d'une montagne.

Je me réveille en sursaut.

-Espèce de malade tu veux me faire crever ?!??

Cette fois-ci je l'entends très nettement me parler. Ma tête bourdonne. Fort. Je m'agrippe au siège sur lequel je suis assise.

-Bouges pas tu saignes encore.

-J'ai cru remarquer oui, répondis-je en empoignant une dizaine de mouchoirs.

Il se tourne vers moi. Treize fois au total. Sans jamais prononcer un mot. Il doit rouler à deux cents à l'heure car le paysage défile à une vitesse folle sous mes yeux. Au moins mon bilan sera fait. C'est un mal pour un bien. Ou juste un mal je ne sais pas trop quoi en penser.

-On arrive dans deux minutes me dit-il.

Je coule mon regard vers lui. Il est tendu. Ses mains sont crispées sur le volant.

-Je ne vais pas crever Lisandro détends toi.

Il rit jaune. Je crois qu'il a envie de m'abandonner sur le bord de la route, là maintenant.

-Permets moi d'en douter vu ta gueule.

Ah. Sympa.

Il accélère. Se stoppe brutalement devant l'hôpital et je manque de finir encastrer dans le pare-brise. Il se confond en excuses et sort de la voiture en trombes. Ok il ne sait pas gérer les situations de crises. Il se frotte le visage, pendant que je m'extirpe du véhicule.

Il vient vers moi, puis repart. Fais les cent pas dans la rue. Il va me filer la gerbe.
Comme une grande fille je l'attrape doucement par le coude et je le ramène à l'entrée. Mon regard capte enfin le sien et je remarque qu'il tremble.

Des gens passent devant nous mais je garde mes yeux posés sur lui. Quand je vois qu'il me regarde mais qu'il ne me voit plus je l'appelle. Une fois, deux fois et trois fois. Au bout de la sixième fois il secoue la tête.

Il pose sa main dans mon cou. Je le regarde. Il est complètement paniqué. Il semble déconnecté de la réalité. Je lui souris. Il me rend une grimace à la place.

-Respire.

-J'essaie, râle-t-il.

-Qu'est-ce qu'il se passe ? je lui demande enfin.

Il inspire puis expire.

-Tu t'es évanouie et tu me demandes ce qu'il se passe Jardiland ? Je ne sentais plus ton poul sous mes doigts je- putain j'ai cru que t'étais morte sous mes yeux ! hurle-t-il.

Ah oui vu comme ça aussi. Je sais ce que vous pensez : je sous-réagis, je ne sais même pas si ce mot existe par ailleurs mais, non je réagis de façon normale, j'ai une maladie pulmonaire et je vis avec au quotidien. Elle ne m'empêche rien, juste par moments je perds connaissance pour que mon cerveau respire un moment tout seul, c'est tout. Mais depuis un moment je saigne du nez en prime. Je sais que vu de l'extérieur cela peut être effrayant et peut même traumatiser mais ce n'est rien. Je me réveille quelques minutes après en pleine forme.

Mais il ne pouvait pas savoir. D'ailleurs je ne le connais pas depuis longtemps et c'est lui qui m'a trainé jusqu'à l'hôpital, et je lui en suis très reconnaissante. Vraiment. Mais maintenant c'est à moi de gérer sa panique pour que gentiment nous puissions entrer dans l'hôpital et éviter qu'il ne se jette sous la prochaine voiture qui passe.

Crois moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant