6.

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Azalée

La phrase de Lou plane entre nous jusqu'à temps que je réagisse.

-Tu- je.. hein ?

Elle sourit malgré la situation.

-Oui Aza, ce mec fait parti d'un gang à Denver. Ils ont bougés il y a quelques temps. Il le crie sur tous les toits depuis que monsieur est arrivé. Au début personne ne le croyait évidemment. Puis quand un jour en plein milieu du repas il a sorti son flingue et l'a pointé sur le front d'un élève de troisième année je peux te dire que tout le monde l'a cru.

Je rigole de nerfs quand nous partons rejoindre les filles à la cafet. Sur le chemin je questionne Lou à propos de Lisandro. Si sa mère apprenait ça elle l'enverrait vraiment en Pennsylvanie pour le coup. Et puis même pourquoi l'administration n'a rien fait pour le virer s'il a sorti un pistolet en plein milieu d'un lieu public.

-Son chef a le bras long paraît-il, il est passé devant le campus il y a quelques jours pour récupérer son sbire toutes les meufs n'ont fait que parler de lui pendant 3 jours me dit-elle en levant les yeux au ciel.

-Wow j'en ai manqué des trucs ici, dis-je en poussant la porte bleue de la cafétéria.

La file d'attente est longue. On ne voit même pas l'entrée du self. Mon ventre gargouille et je laisse Lou avancer dans la file pour partir regarder le menu. En entrée de l'avocat. Du saumon fumé et des pâtes pour le plat et un tiramisu pour le dessert. Et bien niveau culinaire aussi j'en ai loupé des choses. Quand j'étais encore scolarisée nous mangions des haricots et des courgettes à longueur de journées.

De plus étant interne je mangeais ici trois fois par jours et les repas préparés par le chef laissaient clairement à désirer. Je fais demi-tour pour rejoindre ma meilleure amie dans la file. Elle n'a pas avancé de beaucoup. Dix minutes plus tard quand nous sommes toujours à la même place elle me tend son sac et file aux toilettes.

Je fais donc la queue seule. Je baisse les yeux sur mes chaussures qui tout à coup deviennent hyper intéressantes pour moi. Je déteste me retrouver seule dans un endroit où les autres ne le sont pas. De plus je gère mal mon anxiété et avec mon retour ce matin je crois que j'ai dû frôler la crise cardiaque une dizaine de fois.

Je joue avec les bracelets dorés autour de mon poignet quand quelqu'un se plante à côté de moi. Je sais que ce n'est pas Lou. Premièrement car je l'aurais entendu râler en sortant des toilettes, deuxièmement parce qu'elle ne porte pas ces chaussures aujourd'hui et troisièmement car la personne est un homme. D'un bon mètre quatre-vingt-dix, aux cheveux bruns et aux yeux bleu marine. Je me raidis sans le vouloir. Je sais très bien pourquoi mon corps me protège de cette manière mais je ne me sens pas en danger.

Lisandro fixe l'écran de son téléphone. Il se gratte la nuque puis tape une réponse à son interlocuteur. Quand il sent mon regard posé sur lui il me jette un coup d'œil. Il se tient droit. Mais ses yeux sont espiègles.

-Tu as peur ? demande-t-il en se rapprochant un peu de moi.

Je mentirai si je disais que j'avais peur, ce n'est pas le cas. Mais mon corps me trahit car il recule face à son mouvement. Je vois la lueur dans ses yeux disparaître et son regard s'assombrit. Les commissures de ses lèvres retombent et effacent son sourire.

-Jardiland tu me déçois me dit-il.

Je sais qu'il ne ment pas c'est pour quoi je m'empresse de rétorquer :

-Je n'ai pas peur de toi Lisandro.

Pour vérifier mes dires il se rapproche et cette fois ci je ne bouge pas d'un poil.

Crois moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant