Azalée
20h00 à la résidence.
Cela fait une heure que je suis étendue en étoile sur mon lit. Je croyais être en colère mais pourquoi le serais-je ? Lily est mon amie mais elle a une vie que je ne connais pas et Lisandro je le connais depuis à peine quelques heures. Cela peut paraître sur-réaliste. Depuis quand on se confie à des gens qu'on connaît depuis de fines heures après tout ?
Mais je cogite surtout sur le fait qu'elle ait un enfant, et qu'elle le laisse avec des hommes dont les activités sont plus que douteuses, alors qu'elle est elle-même policière. Je ne fais pas de jugement de valeurs, chacun sa merde chacun son passé je suis bien d'accord là-dessus. Mais wouah ça paraît si improbable.
Et je m'en veux également de leur avoir menti. J'ai l'impression de ne faire que ça. Mais j'ai dit que je voulais revivre. Alors c'est ce que j'essaie de faire. Même si j'ai mal au cœur, même si si je pouvais je me foutrais en l'air à la première occasion je reste de marbre. Je reste stoïque. Comme une grande fille. Parce que je me rappelle la réaction de ma mère quand je lui en ait parlé et j'y songe à chaque fois que je veux aborder le sujet avec les filles. Parce qu'elles méritent des explications j'en suis bien consciente. Mais c'est comme avec papa, je ne veux pas qu'elles me prennent en pitié et qu'elles changent leur comportement envers moi sous prétexte de cela. C'est un traumatisme je le sais j'en suis consciente. Je ne suis pas Hannah Wells et je crois que j'aurais toujours peur des hommes quoi qu'il arrive. Parce que d'accord ils ne sont pas tous comme ça, mais un l'a été avec moi et maintenant ça me hante.
Parce que je me sens sale. Parce que j'ai l'impression que c'est écrit sur mon front et que si un jour tout le monde l'apprend personne ne me croira. C'est comme ça. Je dois juste apprendre à vivre avec. C'est tout. Je n'y peux plus rien à l'heure actuelle et je n'y pouvais déjà rien à l'époque. J'espère juste que ma plainte aboutira quelques parts. J'espère que mes angoisses se calmeront.
Parce que j'ai besoin d'aller mieux. C'est vital.
On toque à ma porte et je grogne pour dire d'entrer. Je relève la tête et vois la tête brune d'Élodie dans l'encadrement de la porte. Elle croise les bras sur sa poitrine. Je sais qu'elle pense que je suis une grosse loutre mélangée à un chat pour être étalée comme cela alors qu'il est à peine 20h00 mais voyez vous j'ai un rythme de sommeil très particulier et très long.
-Debout la belle aux bois dormants me dit-elle en s'avançant et en me jetant un oreiller dans la tête.
Je lui tire la langue et roule de mon lit jusqu'à tomber sur le tapis par terre. Elo me regarde comme si j'étais cinglée, ce qui est un petit peu le cas, mais quand j'ai la flemme je fais tout à moitié.
Elle vient s'assoir sur mon lit.
-Arrête de tirer la langue comme une enfant de deux ans Azalée et va t'habiller.
-Non jveux pas, dis-je la tête dans le tapis moelleux.
Je l'entends se lever.
-Bien. Reste ici à bouder pendant qu'on regarde Gilmore Girls en mangeant des fraises, chacun sa vie.
Je souffle, évidemment qu'elle m'a convaincue en deux secondes de venir dans le salon avec elles. J'enfile un sweat à capuche blanc et m'attache les cheveux en queue de cheval haute. Je la suis en traînant des pieds. Elle me lance un regard noir.
Arrivées dans le salon je me jette sur le canapé. Zo viens seulement de rentrer. Juliette et Léna sont assises devant moi sur un énorme pouf et fixent la télé éteinte. Lou sort de la douche et vient se jeter à côté de moi. Élodie vient s'assoir sur le fauteuil à côté de nous et Zoé arrive dix minutes plus tard et prend place près de Ju.
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Crois moi
RomansaTiraillée depuis bientôt 2 ans elle saute enfin le pas. Arrivée devant le poste de police n'est pas une mince affaire. Ses pieds la mènent là-bas mais son cerveau lui hurle de retourner à la maison et de continuer sa vie comme elle est. Mais voilà...