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Azalée

Aujourd'hui

Après la remise des diplômes les garçons ont proposé que nous allions au bar pour finir la soirée en beauté. Ce qui est évidemment l'idée de tous les étudiants. La queue est interminable est au bout de cinq petites minutes Ezio perd patience et nous invite à passer la soirée chez eux.

Mon cœur se serre un instant.

Je vais remettre les pieds dans la maison dans laquelle j'ai tout vécu. Dans laquelle tout a commencé.

-Aza ça va ?

La voix de Lou me sort de mes pensées, j'hoche la tête et les suit jusqu'aux voitures.

-Lily commence pas à faire ta maman là, tu viens t'amuser avec nous c'est non négociable !

La voix de Lisandro réveille tout le parking dans lequel nous nous trouvons. Je tourne ma tête dans sa direction et je devine non sans-mal la situation : Lily refuse de venir faire la fête avec nous pour rentrer plus tôt et voir sa fille. Ce qui est compréhensible. Mais Lisandro est un peu trop déterminé, alors elle lâche l'affaire et accepte.

Le voyage jusqu'à la maison me paraît interminable. Les arbres défilent sous mes yeux. Et je me sens revivre pour de vrai. Une main se pose sur ma cuisse, et pensant que c'est Lou je la recouvre de la mienne. Ce n'est que quand je sens le froid de sa bague sous mes doigts que je réalise que ce n'est pas ma meilleure amie. Je relève les yeux vers lui. Son regard gris sonde mon visage. Je m'attarde un instant sur ses yeux et je perçois une douleur irréelle au fond d'eux, sans m'en rendre compte mes doigts dessines des formes sur sa main et un sourire se dessine sur son visage.

Je profite juste de l'instant présent.

Je ne connais que trop bien Ezio pour savoir qu'une fois arrivés à destination je n'existerai plus pour lui. Mais je n'y peux rien. C'est comme ça qu'il fonctionne. Et on ne se doit rien.

-Il serait fier de toi, je l'entends murmurer.

Mes yeux quittent l'horizon pour venir se poser de nouveau sur lui. Je fronce légèrement les sourcils afin de le pousser à expliciter ses dires.

Il me regarde encore quelques secondes avant de détourner les yeux vers le ciel. Ce dernier est noir et seule la lune l'éclaire ce soir. Les étoiles semblent mortes, aucune d'entre elles ne brille assez pour que nous puissions la voir distinctement. Il pose son index sur la vitre et tapote doucement. Et je comprends alors qu'il parle de mon père. Que mon père serait fier de moi. Mon cœur se serre en pensant à lui. Je crois que mon deuil n'est pas totalement fait. Je suis sous traitement médical depuis sa mort, afin de ne pas replonger dans mon mal-être et ma dépression. Mais après tout si je le pleure autant c'est qu'il a réussi à faire son travail de son vivant. Qu'il a réussi à me donner tout l'amour qu'il avait et qu'il était temps pour lui de s'envoler. Mais j'aurai aimé qu'il reste encore quelques années à mes côtés. Me voir diplômée, et mariée même qui sait ?

Je sais aussi que Lou aurait aimé qu'il soit là, ce soir. Il était comme un père pour elle. Ma sœur d'un autre sang. D'une autre mère. S'il avait été là il aurait souris en entendant nos noms dans le micro depuis son siège dans la foule, il aurait applaudit comme tous les autres parents. Ensuite il nous aurait laissées seules avec nos amis histoire qu'on réalise que oui, c'est bon, nous sommes diplômées. Puis il serait venu et nous aurait serré dans ses bras. En nous disant « Je suis fier de vous mes petites filles ». Et Lou aurait pleuré à chaudes larmes contre son épaule et moi je me serai contentée de le regarder dans les yeux avec un immense sourire sur le visage. Mais aujourd'hui seule la mère de Louise était présente. Au fond de la salle, son sourire était lointain mais sa fierté était présente et se ressentait même de la scène où nous nous tenions.

Crois moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant