Crois moi

33.

Azalée

Mes yeux s'ouvrent dans la pénombre de la pièce.
Mon ventre me fait mal.
J'ai froid.
J'ai l'impression que je suis morte.
Ma tête ne fait que de tourner.
J'ai vomis toute la nuit.
Je suis à bout.

Mais je sens le souffle chaud d'Ezio dans mon cou et je ne peux m'empêcher de sourire. Je me lève enfin du lit et retourne dans le salon. Il est 14h passées et mon ventre crie famine.

J'ai faim.

Je croise Lisandro dans la cuisine. Les traits de son visage sont marqués.

Il me sourit à peine, comme s'il était ailleurs.

La mort de Livio nous abat tous.

C'est plus compliqué que je ne le pensais.

Pour nous tous.

De passer devant les photos de lui affichées partout dans la maison, de résister à l'envie de l'appeler. De ne plus jamais entendre le son de sa voix. C'est tellement douloureux. J'ai mal au cœur.

Mais je pense à Zoé que je dépasse en allant dans l'entrée, elle est recroquevillée en pleurs dans le canapé depuis des jours. Elle refuse de bouger.

Ma prunelle.

De nous toutes Zoé est la plus fragile mentalement. Atteinte de troubles du comportement alimentaire et de dépression depuis maintenant cinq ans c'est la fille la plus forte que je connaisse. Mais je sais que cette nouvelle épreuve la tue.

Qu'elle essaiera de se faire du mal.

Comme toi.

Et j'ai peur de plus être assez courageuse pour pouvoir l'aider. Voir mon amie comme ça m'arrache le cœur.

Mais il faut qu'on avance.

******

-Je t'aimerai toute ma vie.

Les mots de Zoé résonnent dans le cimetière.

Les larmes coulent sur nos visages.

J'ai revu son corps mort. Inerte. Blanc. Ça m'a arraché le cœur.

Je me revois à l'enterrement de mon père quelques mois plus tôt. Avec lui. Livio.

Tout était majestueux il avait tout pris en charge. Il s'était occupé de tout.

La colère noie mon sang.

Je veux qu'on retrouve ce salopard et qu'on le tue. C'est tout.

Être une ordure humaine n'est plus tolérable. Je n'en peux plus. Mon corps ne tient plus debout, je me shoot au café. Je ne mange plus. J'essaie simplement de dormir.

J'ai coupé les ponts avec tout le monde.

Je ne parle plus à Louise. Ni à Lily. Ni aux filles. Et encore moins aux garçons. La seule personne à qui j'adresse plus d'une phrase par jour c'est Ezio. Quand je ne pleure pas dans ses bras ou quand je ne dors pas.

Je ne parle plus à ma meilleure amie.

Pourtant nous sommes toutes les deux là, sur les marches du cimetière. Sans un mot. Juste de la douleur.

Elle brise le silence en soupirant.

-Je rentre.

Je ne réponds pas.

-Je t'aime Aza. Reviens moi.

Je ne réponds pas non plus.

Je me sens horrible.