Deux ans plus tôt
AzaléeMes yeux s'ouvrent avec peine. J'ai mal au cœur quand mon cerveau se réveille et me rappelle les événements de la soirée précédente. J'ai mal dormi dans mon propre lit, signe que rien ne va plus. Les cauchemars se sont répétés et la seule personne que j'ai voulu appelé c'était lui.
Ezio. Putain. De. Valdez.
Mais comme une grande fille je me suis rendormie avant que je n'atteigne mon téléphone pour composer son numéro. Parce qu'il aurait su directement que rien n'allait. Nous ne nous appelions qu'en cas d'extrême urgence. Et même si je vous l'accorde que c'en était une je me suis ravisée. Mon cœur tambourinait tellement fort que j'avais peur de réveiller les filles en respirant.
Hier soir quand Livio nous a déposé chez moi j'ai senti le monde qui s'écroulait sur mes épaules. J'ai cru que j'allais perdre pieds et sombrer.
Arriver en pleurs devant mon chez moi a grandement inquiété mon père. La panique dans ses yeux m'a fait réalisé qu'il fallait que je lui en parle, pour ne plus me sentir coupable de ne rien lui dire, pour ne plus me sentir coupable d'être sa fille. Pour ne plus me sentir coupable du tout. Mais j'ai eu du mal, malgré ça j'ai du lui expliquer pourquoi les filles étaient là et pourquoi Zoé avait les mains couvertes de sang. Pourquoi mon cœur battait si vite et pourquoi Ezio n'était pas là alors qu'il était, aux yeux de mon père, mon copain et pourquoi Livio était là à sa place. J'ai pris mon mal en patience pendant le repas, pendant que nous faisions tous comme si rien ne s'était passé, comme si le monde tournait encore autour de nous et que rien n'avait changé. Ce n'est que quand mon regard a croisé celui de Zo que je me suis décidée à en parler à mon père.Ma voix s'est brisée quand je l'ai appelé par son prénom. Il a relevé les yeux de son assiette, scrutant mon visage à la recherche du monde indice.
Voilà pourquoi je n'aime pas qu'Ezio me sonde comme il le fait tout le temps. Parce que je sais qu'il arrivera à lire en moi directement alors que moi j'en suis incapable.
-Oui corazón ? a-t-il dit en posant ses couverts sur la table de la cuisine.
Louise m'a tenu la main sous la table et j'ai débité mon récit à une vitesse folle. J'ai sauté le pas. J'en ai parlé. J'ai expliqué tout de long en large en travers. J'y ai mis mon âme pour qu'on comprenne tout bien comme il fallait malgré mes reniflements et mes sanglots. J'ai tout fait pour que mon récit soit clair net et précis. J'ai expliqué qu'au début tout allait bien, qu'on avait commencé à sortir ensemble avec Andreas parce qu'on ressentait quelque chose de fort, enfin c'est ce que je croyais. Mais au fil du temps, ai-je dit, tout s'est dégradé, effondré et le rêve et devenu cauchemar. J'ai cru mourir ce soir là, à l'anniversaire de Juliette quand je suis rentrée dans notre appartement et qu'il m'a abusé sexuellement, que mon coeur m'a hurlé de réagir mais que mon cerveau a complètement déconnecté. Mais c'est ok, c'est ce que j'ai finis par apprendre par la suite quand j'en ai parlé avec Lily plus profondément et de manière plus intime qu'au poste de police, que ma réaction était normale et que rien ni personne ne pourrait me persuader du contraire. J'ai expliqué aussi quand mon crâne a fracassé le mur de notre chambre parce qu'il s'était rendu compte que j'étais éveillée, ainsi que les trois jours que j'ai passé sur le perron de notre appartement en attendant que quelqu'un vienne m'aider. Là, mes yeux ont plongés dans ceux de Lou pour qu'elle comprenne que sans elle j'étais une femme morte. Elle a pressé ma main et m'a prise dans ses bras. Puis mes yeux ont percuté les yeux verts de mon père, similaires aux miens, et j'y ai lu toutes sortes de sentiments et d'émotions. De la peur, de la colère, de la haine, mais surtout de l'amour. J'y ai trouvé tout l'amour que ma mère n'a pas su m'apporter pendant que j'étais au plus bas. Et mes larmes ont coulées d'elles mêmes. Elles ont dévalées les joues meurtries et sont allées s'écraser sur mes genoux nus.
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Crois moi
RomanceTiraillée depuis bientôt 2 ans elle saute enfin le pas. Arrivée devant le poste de police n'est pas une mince affaire. Ses pieds la mènent là-bas mais son cerveau lui hurle de retourner à la maison et de continuer sa vie comme elle est. Mais voilà...