Charmant désir

51 : Mots de sang ou d'amour

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C H A P I T R E
51

MOTS DE SANG OU D'AMOUR 

T H A Ï S I

Italie
02:45

Et lorsque je tombe. Je ne sens rien. Je ne perds pas connaissance. Alors je regarde en face de moi, Jin a envoyé un coup dans le visage de Riccardo, et il lui a fait jeté l'arme à quelques mètres. Puis je baisse le regard sur mon corps, en touchant mon ventre. Avec stress. Mes mains tremblent à la recherche de sang. Mais il n'y a rien. Alors je me sens soulagée. Je me sens libérée. Sauf que lorsque je relève le visage, au sol, près de moi, il y a une chevelure blonde. Un corps qui gise là. Et le carrelage blanc est recouvert d'une flaque de sang.

—MAMMA ! Hurle à plein poumons Carla derrière moi, en se jetant sur le sol pour poser les mains sur le corps de Giulia.

Et je réalise sûrement au même moment qu'elle s'est mise devant moi. Et a reçu la balle dans le ventre. Mes yeux sont exorbités. Les battements de mon cœur s'accélèrent vite en essayant de remettre tous les éléments dans l'ordre, mais mon esprit est partout et nul part en même temps.

Mon Dieu.

Ce n'est pas possible.

Carla hurle en posant ses mains sur la plaie de sa mère. La bouche de celle-ci est grand ouverte. Ses yeux aussi. Et ses cheveux blonds presque blancs sont éclaboussés de sang.

Je fronce les sourcils.. puis me recule par instinct. Instinct de survie, ou de vie ?

Je ne réalise pas ce que je vois. Je regarde la scène, toujours pétrifiée, une main contre le sol, et l'autre contre Eden. Contre mon fils qui a échappé à ça. Qui a échappé à tout ce sang. À tous ces pleurs qui auraient été les miens. Et pourtant, je m'en veux. Parce-que mon subconscient me hurle déjà que tout cela est de ma simple et unique faute. Qu'on me dise que c'est faux, qu'on me dise que pour une fois, le mal ne me suit pas de partout, que je ne le traine pas derrière moi, comme une vieille corvée.

J'ai l'horrible impression que tout ce que je vis est au ralentis, et je ne sais pas pourquoi. Je vois Jin courir vers sa mère et se baisser à sa hauteur pour tenter d'écouter son rythme cardiaque.

—Putain! Jure t-il en essayant toujours, et sa voix résonne dans mes oreilles.

Les larmes de Carla dévalent sur son visage, tandis que les miennes sont peu nombreuses et lentes. Parce-que je ne réalise pas ce qu'il se passe pourtant en face de moi.

Et que je suis effrayée par la situation.

Elle se vide de son sang, et ses doigts bougent encore un peu. Ils bougent encore mais personne ne peut rien faire. Elle meurt. Elle meurt à petit feu. Elle meurt lentement et avec douleur, mais personne n'est Dieu ici.