Chapitre 4

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Harper

- Bon, à quoi tu jouais ? me demanda Nygel en me rapportant les assiettes.

Elle s'était incrustée chez moi avec une bouteille de vin et son regard brun gelé.

- De quoi tu parles ? demandai-je en faisant semblant d'ignorer l'origine de la question.

- Tout à l'heure. À la caisse.

- Oui et bah quoi ?

- Je te dis de te méfier, que c'est un homme dangereux avec des amis tout aussi dangereux avant de partir. Et bim, quand je reviens vous vous tenez la main. Sérieux c'était quoi ça ?

- Rien, c'était un jeu.

- Un jeu ? répéta-t-elle offusquée. C'est quoi la prochaine étape ? Il te demande en mariage et tu dis oui, pour rigoler.

- Tu t'énerves pour rien. Il me draguait et j'ai fait semblant d'entrer dans son jeu.

- T'es au courant que ce genre de type c'est des ordures ?

- Tu le connais même pas arrête.

- Parce que tu prends sa défense maintenant ? Non mais je rêve, maugréa-t-elle en posant violemment son verre sur la table.

- Ny...

- Quoi, Ny ? Me dit pas de me taire parce que tu sais que j'ai raison.

- Je sais que t'as raison, comme d'habitude, grognai-je en balançant le torchon sur la table.

- Prends pas cet air-là, je te préviens juste que ce type et toi c'est impossible. Je veux préserver ton petit cœur d'artichaut.

Elle fit le tour de l'îlot central de la cuisine et vint s'y adosser.

- Je sais, sauf que c'est ce que tu dis à chaque fois que je parle à quelqu'un.

- Faux. J'étais à fond avec Jordy.

- Il me faisait pas me sentir belle. Il me faisait rien ressentir en fait. Il était trop comme moi.

- Qui se ressemble s'assemble.

- Mais les opposés s'attirent.

- Écoute, je veux juste que tu fasses attention ok ? chuchota-t-elle d'une voix douce en prenant mon visage en coupe.

- T'inquiète pas, je suis majeure et vaccinée, je peux m'occuper de mes fesses.

- Tu sais qu'il aimerait s'en occuper et que la seule raison pour laquelle il t'a dragué c'est celle-là.

- Je sais, il pensait que j'étais une fille facile alors il a tenté sa chance.

- Qu'est-ce que tu lui as répondu ?

- Je lui ai dit que s'il voulait vraiment mon numéro, il devait revenir dans une semaine en costard avec un bouquet de treize roses d'Halfeti.

Elle gloussa de rire en me soufflant que j'étais un génie.

- En une semaine, il a le temps de trouver quelqu'un d'autre pour s'occuper de son érection, pouffai-je avant de me rendre compte de ma gaffe.

- Son érection ? demanda-t-elle en s'arrêtant brusquement de rire. Qu'est-ce que tu racontes ?

- Quand je le guidais à travers les rayons pour lui montrer où il pourrait trouver son livre, il était dans la lune et il m'est rentré dedans.

- Et il bandait ?

- Comme un taureau. C'était... soufflai-je en réfléchissant au mot parfait pour décrire la situation.

- Intimidant ?

- Impressionnant, gloussai-je en rougissant.

- C'est-à-dire ? Je suis intéressée maintenant. Raconte-moi.

Elle m'attrapa la main et nous guida vers le canapé du salon. J'habitai dans une petite maison, la cuisine était liée au salon alors le chemin n'était pas long à faire. J'attrapai au passage mon verre de vin parce que je sentais que j'allais en avoir grandement besoin.

- Dis-moi tout.

- Je saurais pas le décrire mais c'était oppressant. Comme dans une pièce où il y a trop de monde tu sais, quand tu te sens étouffée, que t'as l'impression que tu vas faire un malaise.

- On appelle ça une crise d'angoisse.

- Non, gloussai-je. Il y avait une sorte d'alchimie étrange entre nous. C'était... envoûtant.

- Tu penses qu'il la ressentait aussi ou c'était juste toi ?

- Je sais pas, il a dû ressentir quelque chose pour me demander mon numéro comme ça.

- Il l'a demandé comment ?

- J'étais dans la réserve pour aller chercher sa commande et il est venu me voir parce que je prenais beaucoup de temps à revenir. En retournant à la caisse, je lui ai demandé s'il avait besoin de quelque chose d'autre, il m'a répondu je cite : « Votre numéro et votre cœur » avec un grand sourire de playboy.

Elle me dévisagea quelques secondes avant d'ouvrir la bouche.

- C'est la première fois que j'entends quelqu'un décrire un flirt comme ça.

- Comme quoi ?

- Comme si t'étais déjà amoureuse.

- Dis pas n'importe quoi, on ne reverra jamais. Et même si ça arrivait, il se lassera. Comme tous les autres, conclus-je en finissant mon verre cul sec.

- Je suis à la fois subjuguée et en colère. Subjuguée que le premier mec avec qui tu t'imagines soit un homme peu fiable en plus d'être un biker et en colère parce que tu sais que c'est une mauvaise idée mais tu t'imagines déjà le revoir.

- Je m'imagine rien du tout.

- Tu mens. Depuis qu'on a commencé a parlé de lui, tu m'as pas regardée une fois dans les yeux, parce que tu sais que j'ai raison sur son compte. Je ne veux pas que tu souffres, c'est tout.

- J'ai besoin d'avoir des expériences. Que ce soit avec lui ou un autre.

- Je sais et je suis ok avec ça. Mais je reste convaincue que le revoir est une mauvaise idée. Tu peux avoir de bonnes expériences sans finir avec le cœur explosé.

- Il viendra pas j'en suis sûre, soupirai-je en m'affaissant dans le canapé.

- Il reviendra. Il bandait rien qu'en t'ayant aperçue. Il reviendra, c'est sûr, parce que tu lui fais ressentir des choses sans même lui parler et il voudra comprendre pourquoi, alors il t'utilisera et quand l'effet se sera dissipé, il te lâchera et je devrais te ramasser à la petite cuillère parce que t'es déjà amoureuse, conclut-elle en me pointant de son doigt manucuré pour accentuer ses paroles.

Était-il si dangereux ? 

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LaPenseuseDuNeant

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L-A.

Mechanical Wolves : La rose.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant