Chapitre 7

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Harper

- J'avais 16 ans quand ma mère a perdu l'usage de ses jambes suite à notre accident. Il faisait nuit et on avait décidé de prendre les routes de forêt pour rentrer tranquillement, déclarai-je en sentant ma gorge se nouer. Soudain, repris-je. Une moto est sortie de nulle part, elle fonçait vers nous les phares à fond, elle roulait vite, vraiment vite, beaucoup trop vite pour que ma mère réussisse à l'éviter lorsqu'elle se déporta sur notre voie. Dans le but de l'esquiver, elle avait donné en grand coup de volant qui ne fit que nous envoyer nous encastrer dans les arbres. Ma mère était inconsciente à côté de moi et elle ne se réveillait pas même quand je faisais tout pour. Dix minutes plus tard, ils étaient là, les sirènes qui créaient des échos dans toute la forêt, les pompiers arrivaient grâce à je ne sais quel miracle. Ils ont extrait ma mère de la carcasse. Pendant qu'ils la maintenaient en vie, un autre groupe d'intervention essayait de réanimer l'homme que nous venions de percuter. Le moniteur bipait sans fin, il n'avait pas de pou, ils lui infligeaient des décharges mais rien ne marchait.

Je sentis l'une de ses énormes paluches se poser sur ma nuque et me masser avec douceur pour que j'arrive à terminer mon récit atroce.

- 00h39, c'est l'heure où l'homme a été déclaré mort, murmurai-je. Mon père nous a rejoint à l'hôpital. J'étais sans nouvelles de ma mère depuis mon arrivée. Un chirurgien couvert de sang est entré dans la salle où nous attendions, il nous annonça que l'état de ma mère était critique mais que son pronostic vital n'était plus engagé. Il nous révéla que la ceinture lui avait brisé le bassin et que le choc avait déclenché une hémorragie importante. « Elle ne pourra plus jamais remarcher. » Il avait prononcé cette phrase avec tellement de lassitude, murmurai-je le cœur pincé. Il venait de mettre un terme brutal a notre vie et ne semblait même pas atteint par la douleur qu'il nous causait.

Je soupirai et dégluti difficilement.

- Quelques jours plus tard, les rapports du légiste et de la police criminelle avaient été délivrés, l'homme roulait à plus de 150 km/h, complètement ivre. Une nuit avait suffi pour que toute la vie que je m'étais imaginée s'effondre. Depuis cet événement, je suis pas remontée dans une voiture. Je préfère milles fois marcher trente kilomètres de nuit que de remonter dans une voiture. Rien que le bruit peut me provoquer une crise de panique.

- Je comprends mieux maintenant.

- Je peux pas remonter dans une voiture, c'est trop dur, je revois le sang, le corps de ma mère immobile. C'est trop dure. Je veux pas que quelqu'un d'autre meurt à cause de moi. C'est lâche mais c'est comme ça.

- T'as rien d'une lâche.

Mes larmes coulaient sur mes joues, les images défilaient devant mes yeux à chaque fois que j'en parlais. Sans m'en rendre compte, je nous avais mené jusqu'au parc de la ville. Nous étions assis sur un banc en bois sous le plus vieux chêne du parc. J'étais vidé de toute mon énergie.

- C'est pas de ta faute. Tu l'as dit toi-même, il était ivre et en excès de vitesse. Ça pouvait arriver à n'importe qui. T'as mère et toi, vous étiez au mauvais endroit, au mauvais moment, vous êtes les victimes dans cette histoire, il n'aurait jamais dû prendre la route dans cet état. Il avait signé son arrêt de mort en décidant de conduire malgré son état. Vous êtes des dommages collatéraux. Il se serait tué dans tous les cas.

Le silence tomba sur nous comme une bouffée d'oxygène, on ne parlait plus, on respirait seulement. Je fixai l'horizon pour éviter de fondre en larmes, encore une fois. Ses doigts glissaient sur ma peau et apaisaient inconsciemment les cascades salées sur le point de dévaler mes joues.

L'air frais me faisait un bien fou, j'avais à chaque fois que je parlais de l'accident, l'impression que mon sang se transformait en feu liquide, que je suffoquai.

J'évitai de le regarder, j'avais honte d'être si faible devant un inconnu pour une histoire qui c'était passé il y a 6 ans.

Les minutes défilaient.

Les minutes les plus apaisantes de ma vie, j'avais enfin l'esprit tranquille.

Mon regard glissa lentement le long de ses jambes étendues devant lui, son pantalon de costume était parfaitement ajusté, moulant juste ce qu'il fallait.

Il se racla la gorge pour attirer mon attention.

Mon regard croisa le sien et c'était assez pour me faire détourner la tête. Je sentais mes joues s'empourprer.

Il t'a vue le reluquer, bravo chérie.

Je n'osai plus bouger.

Qu'allions nous faire maintenant ?

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LaPenseuseDuNeant

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L-A.

Mechanical Wolves : La rose.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant