Chapitre 7

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Kara.

Il me prend le bras et m’amène jusqu'à ma cellule. Je me débats pour qu'il me lâche. 

Ses pas sont rapides et déterminés. Je n'ai pas assez de force pour l'affronter. J'ai beau freiner avec mes pieds, c'est comme si je marchais dans la même direction que lui.

Nous nous retrouvons tous les deux dans la même pièce.

- Lâche-moi ! Criais-je.

C’est ce qu’il fait. Il reste devant la porte en me regardant et il n’affiche aucune émotion. Mais il est là, debout devant moi, immobile.

Je me tiens face à lui, j’essaye de le comprendre. Comment tout a pu basculer par sa faute ? Mais je crois qu’il n’y a bel et bien rien à comprendre. À moins de lui demander. 

Toutes les fois où j'ai entendu du bruit derrière moi quand j'allais au lycée, chez moi ou ailleurs, c'était lui ? Il me suivait ?

- Pourquoi as tu fait ça ? Dis-je en pleurant.

Il continue de me regarder mais son expression de visage change, il a l'air… désolé.

- Je ne peux pas répondre.

Il se fout de ma gueule, ce n’est pas possible. Je m’avance et me pointe devant lui. Il me paraît plus grand que je n’avais pensé et ses traits de visage sont plus précis maintenant, il est beau, très beau. Il ne devrait pas être beau comme ça, ça devrait être interdit pour lui.

- S’il te plait. L’implorais-je. Après avoir fait ça, tu peux au moins répondre à cette question.

Il baisse la tête mais il la remonte aussi vite. Son expression est dure et impénétrable. Il a eu un moment de vulnérabilité pendant que sa tête s’était baisée mais il s’est directement repris en main.

- Non.

Sec et directe. Je romps le contact visuel en détournant le regard et je recule. Il vaut mieux que je m’écarte. Il faut que je m’éloigne de lui. C’est la cause de mon bouleversement, de mon avenir détruit. Si je m'éloigne, tout reviendra comme avant, non ? Je retrouverai ma vie d’avant, mes amis, mon père, mon école, mon village…

Mais il reste à la même place. Ne bougeant pas d’un cil, les yeux ouverts, il me regarde toujours. 

Ce que je vois à présent me paraît totalement faux, totalement superficiel. Il était trop gentil, et les gentils dans les cartels n'existaient pas, ils ne peuvent pas être aimables. Je suis trop bête. Comment ai-je pu croire que quelqu’un dans ce milieu-là pourrait être sympa avec moi, une simple prisonnière ? Je continue de reculer en baissant les yeux, sans le regarder. De l’eau chaude, mes larmes, dévalent les pentes de mes joues. 

Depuis que je suis ici, je pleure trop. Ces larmes quittent mon corps à cause de son acte. Il a été bon avec moi. Il m’a soigné, rassuré, consolé pendant ses deux semaines. Il était juste hypocrite.

Je me laisse glisser contre le mur. Mes jambes pliées et mes bras les encerclés. Je pose ma tête sur mes genoux.

- Pars. Je sanglote encore et encore.

Il ne bouge pas comme s'il était ancré dans ce sol. 

- Pars. Répétais-je. 

Il ne part toujours pas. Il reste là, planté dans le sol. Je sens son regard sur moi, il ne me quitte pas des yeux.

Nous restons longtemps dans ces positions. Lui me regarde et moi, je pleure.

Il avance d’un pas et par réflexe, je relève la tête.

MensongeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant