L'œil du diable

Chapitre 4 : partie 4

_ Je ne pense pas...

Non, il ne voulait pas qu'elle l'accompagne, son manque d'enthousiasme était visible, il n'essayait même pas de le cacher. Il allait une nouvelle fois répéter que ce n'était pas une bonne idée mais la jeune fille ne voulait rien entendre.

_ Je ne t'ai pas suivi jusqu'ici pour attendre sagement qu'on me retire ça.

Méléna commençait à perdre patience, Lyam soupira, il se redressa et regarda la jeune fille droite dans les yeux.

_ Le problème c'est que tu n'en fais qu'à ta tête et que tu n'écoutes rien. On ne va pas s'amuser, j'ai une mission à accomplir et je n'ai aucune envie que tu viennes m'empêcher de la réaliser correctement.

La jeune fille resta muette, c'était la deuxième fois qu'il lui faisait remarquer son manque de sérieux, bien sûr il n'avait pas tort. Pourtant entendre ces mots de sa bouche sonnait comme faut. Elle n'aimait pas recevoir des ordres, ce qu'il faisait bien sûr tout le temps.

_ C'est arrivé une seule fois, ne me juge pas aussi facilement.

Le jeune homme porta ses yeux vers le ciel, afin lui faire comprendre qu'il en faudrait plus pour l'amadouer.

_ Je ne te juge pas, c'est un simple constat.

Il l'agaçait à vouloir toujours tout diriger, il n'allait quand même décider de ses moindres fait et geste. Il n'allait pas céder facilement mais elle non plus. Méléna resta le regarder, impassible, elle ne pouvait plus détacher son regard des yeux noirs de Lyam, leur côtés sombre était perturbant. Méléna était décidée, elle ne baisserait pas les yeux tant qu'il n'aurait pas accepté de l'emmener avec lui. Deux ou trois minutes c'était à peine écouler quand Lyam soupira une nouvelle fois et tourna la tête.

_ Tu ne me laisse pas le choix ?

_ Non.

De toute façon même s'il refusait, il ne pourrait pas l'empêcher de le suivre. Lyam passa la main dans ses cheveux.

_ D'accord, mais je ne veux pas que tu me pose de problème, déclara-t-il sérieusement. Sinon tu peux faire une croix sur ta prochaine sortie.

Elle voulut rire mais n'en fit rien, il la taquinait, après tout dès qu'ils seront rentré, Rafi aura sans doute trouver comment retirer l'œil du diable de son front.

_ Tu leurs ressemble beaucoup, tu passeras inaperçus.

Tout en prononçant ces mot, Lyam lança une cape en direction de Méléna, elle avait une magnifique couleur bordeaux. Lyam enfila la sienne et attendit que Méléna fasse de même.

_ Ça te va mieux.

Méléna se tourna subitement vers Lyam, avait-il vraiment prononcer cette phrase ? Mais déjà il se dirigeait vers la porte. Méléna senti ses joues virer au pourpre, elle cacha son visage dans sa capuche pour qu'il ne le remarque pas.

Méléna retient son souffle, sa main se détacha de celle de Lyam. Le ciel était découvert, laissant paraître une immense étendue bleue, dans laquelle flottait des îles. La jeune fille se fit bousculer par l'épaisse foule qui déboulait de la porte de passage. Les rues étroites étaient pavées et les murs clairs des maisons étaient parfois recouverts de plantes grimpantes aux fleurs roses ou mauves. La ville était majestueuse. Depuis l'endroit où elle se trouvait, Méléna pouvait apercevoir les habitations situées au sommet de l'île.

_ Incroyable...

_ Attention !

Lyam l'attira vers lui juste à temps, les pieds d'une femme qui se déplaçait en volant passèrent à quelques centimètres de sa tête. Méléna la suivit des yeux, la jeune femme volait de façon maladroite. Mais elle volait ! Elle n'était pas la seule, plusieurs habitants utilisaient se mode de déplacement pour survoler la foule qui se déplaçait trop lentement. La jeune fille restait admirative devant le pouvoir extraordinaire des yeux bleus. Les yeux tournés vers le ciel, Méléna contempla à nouveau les différentes îles célestes. Ce paysage était exactement le même que celui représenter dans un des livres d'Orius. Loin du dessin en noir et blanc, la réalité se trouvait être encore plus belle.

_ Tu viens ?

Lyam mit fin à l'enchantement, il essayait déjà de se dégager de la foule pour attendre une rue adjacente. Elle n'était pas très large, mais restait très fréquentée. Méléna avait un peu de mal à suivre le jeune homme, il avançait habillement entre les villageois. De son côté la jeune fille se prenait des coups de coudes lorsque que le passage devenait difficile et qu'un petit bouchon se formait. Lyam s'arrêta et attendit qu'elle le rejoigne.

_ Donne-moi ta main, ce n'est pas le moment de te perdre.

Il lui tendit sa main, Méléna resta perplexe mais elle finit par glisser ses doigts au creux de sa main. Sa paume était douce et agréable à toucher. Lyam avait parfois des réactions étranges, il pouvait être désagréable et devenir très gentil en un rien de temps. Tant dis qu'ils courraient, la jeune fille ne pouvait s'empêcher de sourire, elle commençait à bien l'apprécier. Sa poigne était puissante, il ne risquerait pas de la lâcher. Pourquoi pensait à tout cela ? Elle secoua la tête pour sortir le visage du jeune homme de ses pensées.

Ensemble, ils arpentèrent différentes rues de la ville. Quand les rues commencèrent à être plus calme, Lyam abandonna la main de Méléna. Elle eut un petit pincement au cœur, elle n'avait pourtant aucune raison d'être déçu.

_ On est encore loin ? demanda-t-elle afin de se changer les idées.

_ Normalement nous seront bientôt arrivé, mais je ne sais pas si elles se trouvent réellement là-bas.

La ville était vaste, si Lidwine ne se trouvait pas là où Lyam se rendrait, il faudrait alors fouiller chaque recoin de la ville. Peut-être que Lyam abandonnerait ces recherches et ils rentreraient bredouille.

_ Où allons-nous ?

_ La mère d'un des enfants que nous avons recueillis vit dans la ville, c'est elle qui nous informe de la présence d'enfants. Lidwine c'est peut-être réfugié chez elle, du moins je l'espère.

Ils avaient des contacts, des parents voulaient sauver des enfants comme les leurs. Ils n'étaient donc pas tous cruels, cette idée soulagea Méléna. L'image des enfants mutilés lui revint alors aussitôt en mémoire, elle devait penser à autre chose. C'était l'occasion de questionner Lyam sur les pouvoirs des habitants des trois mondes.