huitieme lettre 𖠳

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Dis-moi qu'un jour, les rêves seront réalisables. Qu'ils ne seront plus des pensées me divisant de la réalité, mais des vérités.

Ainsi je saurai qu'il me sera possible de vivre dans un paysage sorti tout droit de l'imagination de Hayao Miyazaki.


Là-bas, tout le monde y serait respectueux.

Je n'aurai jamais à avoir de sentiments amoureux envers quiconque.

J'aimerais mon corps et mon visage, je ne considérerais plus mon handicap comme un désavantage.

Je serais fier de moi.

Et je ne me sentirai plus jamais, seul, avec des noiraudes comme créatures de compagnie.






҉ 












Le visage de Madame Park s'illumina en même temps qu'elle m'ouvrit le grillage. J'enlevai mes écouteurs et Better in the Dark de Jordana m'abandonna.

Il a fallu que je sois installé face à elle pour me détacher de mes pensées engourdies par le froid matinal.


— Tu peux garder ton manteau, Taehyung. On est en avril, les chauffages ont cessé de fonctionner et on ne sait plus comment se vêtir avec ce temps, ses doigts emmitouflés sous les manches de sa veste se refermèrent sur son carnet. Comment te sens-tu depuis la dernière entrevue ?


Elle se contenta de mon sourire à la place d'une réelle réponse.


— Vous voulez des anecdotes au sujet de ma première soirée d'adolescent ? C'était stressant et quelquefois un peu drôle ou... bizarre. Mais je m'en suis sorti vivant.


Ma gorge se noua d'un seul coup. Comme si je venais de réellement attraper froid. Comme si je devais avoir peur de ce que ma conscience me conseillait de dire.


— Le thème de la soirée était déguisé, commençai-je. Alors, j'ai vu une opportunité de me maquiller les yeux tout en passant inaperçu.


Son regard restait braqué sur les miens sans qu'aucun mot ne sorte.

Elle attendait que je parle et je me disais que je n'avais jamais dû venir à notre rendez-vous. Que je n'en pouvais plus de rediscuter des mêmes sujets.
De mes histoires qui se répétaient, encore, encore, encore, encore et encore.


— Je ne devrais pas m'y attarder, il y a plus grave. Ce n'est pas important.


— Si tu as commencé à en parler, c'est que c'est important.


J'étais épuisé. Encore plus à cause du froid et du gris.


— Tout ce que je fais paraît mal aux yeux des autres. Peut-être qu'il faudrait que je me pose des questions ? Même si je le fais tout le temps.


— Qu'as-tu fait de mal ?


Une lourdeur me comprimait l'estomac et je me sentais plus frileux.


— Je ne peux pas me permettre de tomber amoureux, avouai-je presque comme un aveu. Je ne me serai jamais pensé capable. C'est le genre de choses qui arrive aux autres et ça me fait peur. J'aimerais que ces sentiments partent aussi vite qu'ils sont arrivés. Ce n'est pas... bien et je n'en tirerai jamais rien de positif.


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⏰ Dernière mise à jour : Aug 08 ⏰

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