𖧷 ʙᴏɴʙᴏɴꜱ 𖧷

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Dans les vestiaires, c'était l'apothéose.

Tout le monde hurlait, diffusait du déodorant asphyxiant dans tous les sens, se bagarraient et s'insultaient entre amis, riaient trop fort et me foutaient la trouille. Être à l'intérieur d'un vestiaire collectif était l'une des choses qui me faisaient détester l'EPS. Pour beaucoup de raisons.

Après m'être éloigné le plus possible du groupe qui projetait leur déodorant de la mort dans les airs, je buvais l'eau de ma bouteille et mangeais des madeleines en me baladant sur Pinterest. Mon accueil ne me montrait rien d'autre que des recettes de petit pots pour bébé et des perruques ; des sujets que je ne cherchais jamais dans ma barre de recherches et qui ne m'intéressaient pas. Je voyais ça comme un signe de prendre mon sac sur mon épaule et de partir d'ici.

En mettant mes écouteurs, je regardais les autres garçons qui se changeaient. Ils semblaient tous confiants et sûrs d'eux, et ils n'hésitaient jamais à se mettre nu devant les autres sans en avoir peur. Ils avaient une grande taille, un peu ou beaucoup de muscles et une certaine pilosité. Je ne pouvais pas m'empêcher de les envier beaucoup trop souvent.

Je mis mon sac sur l'épaule et me dirigeais vers la porte. Entre temps, je contrais les bousculades, les jets de déodorants mortels et les hurlements en me bouchant les oreilles. Je posais ma main sur la poignée de la porte et j'entendais mon prénom derrière moi.

Jungkook courait torse-nu avec un t-shirt sur ses cheveux et je me demandais ce que ce vestiaire avait dans l'air pour les rendre tous zinzin à chaque fois. Peut-être que c'était dû au déodorant au Musc de Lucas et sa bande.



— J'allais oublier. Je suis un homme de parole alors je me dois de te transmettre mon paquet de Carambar.



Je quittai des yeux l'anneau percé sur son téton gauche et pris des mains le sachet de bonbons. Je l'ouvris, piochai cinq friandises et les lui tendis avant qu'il rit en me disant qu'il les donnerait à ses potes. Je ne pensais pas qu'il allait réellement me donner son paquet de bonbons. Ça me faisait plaisir.




— Après la récré, on a philo ?

Je fis un oui de la tête.

Les sourcils froncés, il me scrutait de haut en bas.

— Tu ne te changes pas ?



J'agitais mon index de droite à gauche et il grattait son nez. Je le saluai de la main et il fit de même puis je m'en allais du vestiaire apocalyptique.



Dehors, je retrouvais l'air frais. Un air sans odeur de déodorant, de chaussettes et de transpiration.

Je cliquai sur « Louise » de TV Girl avant de fermer mes yeux quelques secondes et de m'arrêter au passage piéton en face du lycée.

Je sentais autour de moi les autres crier, s'agiter.

Je sentais la fumée sucrée et écœurante de leurs cigarettes électroniques. Je pensais à Monsieur Quechua qui n'avait que fait de souffler et de me stresser à chaque fois qu'il était passé me voir pour me noter. Je pensais au 7,5/20 à côté de mon nom et prénom sur la feuille de notation que j'avais vu en passant près de sa table au moment où j'étais en train d'aider à ranger les poteaux de badminton dans la réserve.

Rose sont mes lettresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant